Bonsoir à toutes et à tous, et merci à chacun (e) de vous de vous exprimer sur ce forum qui est devenu un de mes meilleurs amis. Il faut reconnaître qu'ici au moins je n'ennuie personne, je n'effraie personne avec mon chagrin, et je n'embarrasse pas ceux qui ne savent pas s'y prendre (lui demander comment il va ? Ne pas lui demander ? Sourire, ne pas lui sourire ? Evoquer, ne pas évoquer son malheur ?...). Au club TD - traverser le deuil (TD/t'aider ... Tiens c'est marrant... enfin, marrant... non bien sûr, disons plutôt approprié) au moins, on ne fait pas de manières. Mais je m'égare...
Je vous écris ce soir pour vous parler de quelque chose qui tout au long du jour s'impose comme le symbole du manque, de la perte, du silence qui nous fait si mal, quelque chose qui ajoute à mon tourment : mon téléphone. Ce petit objet noir et luisant ne me quittait jamais. Je veillais à ne jamais l'oublier, au niveau de charge de la batterie, à ce que je puisse percevoir la vibration en réunion : Surtout ne pas rater une communication avec elle. Comme beaucoup d'entre vous, nous étions très proches, nous appelions pour un oui ou un non : pour dire que tout allait bien, ou que le chien avait fait des bêtises, de ne pas oublier le pain... Lorsque l'un de nous était en voyage (uniquement pour le job, car jamais nous ne serions allés en vacance séparément. Quelle absurdité), il était un fil ténu, et rassurant. Son numéro qui apparaissait sur l'écran, que je savais composer les yeux fermés, le timbre de sa voix si tendre, si chaud; cette voix qui lui ressemblait tellement : posée, calme et claire avec un accent indéfinissable, cette voix qui me faisait deviner son sourire.
Aujourd'hui, ce téléphone est devenu l'objet le plus triste qui soit. Je le fixe parfois, oublié sur mon bureau, désespérément inerte, mort lui aussi. Je voudrais tellement qu'il sonne encore, lire son numéro, décrocher, entendre sa voix... Rien qu'une minute, trente secondes... Non, quinze secondes. Pour entendre sa voix quinze secondes, je donnerai tout ce qui me reste à vivre.
Thomas