Bonjour phil33,
Mon compagnon est également décédé en soins palliatifs (le 30 janvier dernier, il avait 52 ans, 5 mois après qu'un cancer du poumon se soit déclaré). En te lisant, je réalise tout à coup que l'unité de soins palliatifs de ma ville propose peut-être des groupes de parole, peut-être même qu'on m'en a parlé, je ne sais pas, je ne sais plus... j'ai été tellement anéantie après, et tellement concentrée sur mon Amour durant ces quelques journées dans ce service. C'est une période qui reste encore délicate à évoquer pour moi en fait. Une telle impuissance face à l'inéluctable.
Le fait est, tu l'as certainement lu sur ce forum, que nous avons tous besoin de laisser s'échapper la parole trop contenue et notre ressenti (besoin même de le ressasser par moment) et que les groupes de parole semblent un bon complément à ce forum. Après recherche, j'ai enfin trouvé un groupe dans ma ville que je vais intégrer en octobre. Mais, tu as raison, les séances sont espacées (1 fois par mois pour le groupe que je vais intégrer).
Concernant le forum, je n'en ai pas testé d'autres et c'est le hasard qui m'a conduit à celui-ci mais, bien qu'inscrite depuis seulement fin juillet, je t'avoue qu'il m'a déjà beaucoup apporté. On y sent comme une communauté bienveillante (virtuelle pour l'instant). Je me sens soutenue et, à ma modeste mesure, quand je le peux, j'essaie aussi de soutenir. Je crois qu'on peut y déverser sa douleur, sa peine, sa rage, ses inquiétudes et partager des "tuyaux" en tout genre (sur l'appétit disparu et les stratégies pour manger tout de même, sur les problèmes de sommeil ...). On se sent soutenu et on arrive aussi à y sourire parfois et cela fait du bien aussi. Et puis, on sent qu'on ne gêne pas, que l'on est pas jugé... ce n'est pas négligeable.
Nous avons tous besoin de mains tendues. Nous ne savons pas toujours demander auprès de notre entourage qui, parce qu'il ne vit pas notre drame de l'intérieur, n'est pas toujours à même de répondre à nos attentes (nous étions peut-être "pareil" avant que ce tsunami ne s'abatte sur nous ...).
Oui, le manque est intense et tu verras que chacun cherche (et trouve parfois) des stratégies propres pour compenser un peu, souffrir un peu moins, un jour, deux jours ...
Je retiens principalement des conversations sur le forum et de mes lectures que :
- nous n'avons pas le choix, la VIE est, pour un temps que nous ignorons, notre chemin. Nous nous devons, ne serait-ce que par respect pour notre Amour trop vite disparu, prendre soin de nous du mieux que nous pouvons, en étant bienveillant avec nous même (parce qu'il y a des jours, il ne faut pas se leurrer, ou prendre soin de nous est le cadet de nos préoccupations ...). Il m'arrive souvent de me demander comment Philippe verrait ma vie sans lui. Je le sens très "présent" à mes côtés (c'est du domaine du ressenti, difficile à expliquer, comme une douce présence qui m'accompagne sur mon chemin. Rien à voir avec une religion en ce qui me concerne),
- le chemin de deuil ne s'arrête jamais. Nous sommes en cicatrisation. La plaie béante, doucement, va se refermer et laisser une cicatrice indélébile. Il y aura un "avant" et un "après" le décès mais l'être avec lequel nous partagions ce si beau sentiment qu'est l'amour ne sera jamais oublié (ce qui est rassurant tout de même). La douleur, comme la mer, sera parfois haute, parfois basse, parfois à l'étal. Nous pouvons espérer un apaisement pour l'avenir mais nous ne pourrons faire l'impasse sur les étapes du deuil. Mais tout ceci t'a sans doute été dit déjà (et, tout comme moi, ne t'empêche pas d'être malheureux pour l'instant...)
Continuons tous à nous soutenir dans l'adversité en tout cas et des pensées chaleureuses pour toi qui nous rejoins.
Bises
Viviane