Hello Eva.
Tu as raison de me poser cette question. Pour moi, il n'est pas évident d'y répondre, mais je vais essayer.
La systémie n'est qu'un outil, rien d'autre, un outil parmi d'autres, et certainement pas une panacée, pas plus qu'autre chose, pas plus que la psychanalyse, par ex. Mais tous deux sont des outils à visée clinique. Ta question ouvre ce champ complexe : quel lien entre un outil clinique et le deuil? Je ne puis qu'y répondre à titre personnel.
Il y a 2 étages qu'il ne faut impérativement pas confondre : le soin à soi et le soin à autrui. Mais il ne faut pas non plus ignorer qu'ils s'inter-agissent. Ne serait-ce qu'au titre d'une part de l'utilité sociale que nous évoquons parfois dans nos partages, et d'autre part dans le simple constat que pour soi, plus on a d'outils dans la poche pour lutter contre la souffrance générée par grand deuil, mieux c'est. Et là, ce n'est que mon avis. Mais, je pense que nous sommes d'accord sur ce fait : la systémie, pas plus que la psychanalyse ne sont pas particulièrement dévolues au deuil, ni spécialisées pour ce faire. Ce sont juste des outils utilisables pour nous aider nous-mêmes ou aider autrui en détresse, en désespérance, ou en simple difficulté soit suite à un trauma, soit suite à une façon d'être qui lui pose des problèmes graves dans sa vie sociale ou affective (ou en pose!).
Ce qui m'a profondément agacé dans mes recherches de points d'appui dans l'après décès de Javotte, c'est le ressenti suivant : il fallait exclure le cerveau pour n'écouter que le coeur, et accéder ainsi à un état de "résilience", en quelque sorte, dans une sorte d'apologie de cette seule formule du "langage du coeur". Et le cerveau, alors, ne cessais-je de penser? Il nous sert à quoi? "On" le jette à la poubelle? Elaborer est un outil, potentiel de résilience, que je sache! Franchement, j'étais parfois furieux de tels propos, souvent rencontrés, presque malheureusement...Malheureusement, car s'il y a quelque chose d'extrêmement abîmé dans les suites du trauma, c'est notre capacité à penser. à penser le trauma. à comprendre quoique ce soit d'autre que la douleur que nous devons alors "gérer". La "ruinification" comme je l'appelle dans mon bouquin.
C'est donc vers cette capacité de penser que je consacre mes forces, à la fois en me l'appliquant, et en la partageant, voire en proposant de la divulguer. La systémie a d'autres angles d'approche du symptôme que la psychanalyse. Pas antagonistes, mais complémentaires, à mon avis. Mais pour construire un avis, un équilibre entre les différents courants de pensée, qu'ils soient psy ou philo, faut-il encore en connaître les différences, les aspects, etc...Ce que j'essaie de transmettre, une possibilité de charger une focale "grand angle" plutôt que de réduire notre focale perso à "petit angle". Et puis d'en faire sa propre mayonnaise, de cette focale "grand angle".
Bon, je ne puis faire mieux pour l'instant, sans m'enliser dans du trop compliqué...merci Eva, de me permettre de réfléchir mieux cette question, par contre, ça c'est sacrément utile, car la résilience, c'est en croisant d'autres personnes qu'elle grandit! Alors, oui , vraiment merci de ta questions et d'autres si tu en as, et ça, ce "Merci", il vient du coeur!
Bizs à toi.
Pascal.
PS : je peux développer ici les 4 points que j'envisageais de proposer. Cela peut être un bon exercice pour moi...A voir et plus accessible pour vous...