Auteur Sujet: Parent divorcé et désenfanté  (Lu 170508 fois)

0 Membres et 3 Invités sur ce sujet

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #780 le: 17 septembre 2020 à 12:37:57 »
Bon, bah, raté. Désolé. Ce n'était pas mal intentionné de ma part. :-X
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #781 le: 17 septembre 2020 à 16:01:16 »
Disposant d'un peu de temps, je m'y attèle.

La pratique systémique en clinique a fait ses débuts en Italie, fin des années 60, courant 70,  puis s'est diffusée progressivement en France courant des années 80, plus ou moins expérimentale à cette époque.
Les clinicien(ne)s des premières années optèrent pour s'intéresser à la dynamique familiale plus qu'au seul patient, pratique bien plus courante à l'époque en psychiatrie.
Leurs premiers pas furent de percevoir des fonctions, rôles et contre-rôles, actifs dans les dynamiques familiales, familles réunies et patients reçus ensembles. L'émergence du concept de "patient désigné", porteur(se) du symptôme familial en a découlé, je ne sais à quel rythme, probablement pas un "eurêka" soudain, plutôt résultat d'une observation clinique de plus en plus fine des différents "codes" familiaux, implicites et explicites, à leur circulation, leurs mystères.
Un axiome systémique est de considérer que la communication est symétrique ou dissymétrique, l'une forme ou l'autre, pas de médiane. Un peu comme le carré de l'hypoténuse, on accepte ou pas cet axiome, base en termes de pure communication, sachant que le processus de communication visible , et là, c'est une métaphore personnelle, n'est que la face émergée de l'iceberg.
A cette époque, les séances étaient filmées, ce qui, à ma connaissance est moins pratiqué à l'heure actuelle, en tout cas, jamais sans l'accord des personnes concernées.
Cette base de départ différencie profondément le concept de symptôme propre à la psychanalyse...En systémie, le symptôme est quelque chose de "normal" qui se répète, puisque dans un système dysfonctionnel, il est "normal" qu'un symptôme apparaisse, symptôme à double, voire triple étage, puisque l'une de ses fonctions est "d'étayer" le reste du groupe familial, par trop vulnérable à un processus de changement. Il donne du temps au vivant pour s'adapter, mais à quel prix, jamais ne l'oublier...Tout cela étant très théorique, il est tout aussi utile de rappeler que la systémie n'est qu'un outil qui ne saurait résumer la complexité des émotions, des liens, des façons d'être d'une famille, ni une panacée universelle. Je le conçois simplement, comme je l'ai dit à Eva, proposer une formule "grand angle" avec ses avantages et inconvénients, comme toute pratique.
Voilà un premier pas de fait.
Bien à vous.
Pascal.
« Modifié: 17 septembre 2020 à 16:06:47 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne Eva Luna

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3254
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #782 le: 17 septembre 2020 à 23:30:08 »
Il y aurait un Grand Deuilleur désigné?
Autodésigné?
systémodésigné?

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #783 le: 18 septembre 2020 à 04:45:44 »
Le processus de désignation, la, le voire les patient(e)(s) désigné(e)(s) a posé évidemment de nombreuses questions et en pose toujours d'ailleurs. Guy Ausloos a proposé à partir d'une observation clinique, dans "la compétence des familles, temps, chaos, processus", un maillage sur ce processus de désignation qui s'installe.
Son observation portait sur un processus de sélection, cristallisation, amplification puis pathologisation d'un comportement infantile qui de base était tout à fait normal...une fixation qui se construit, en quelque sorte. et bien sûr, absolument pas consciente, ni volontaire : ce sont des processus inconscients qui "gouvernent le bateau".
Alors le deuil? Tout changement implique un deuil. Mais de petit deuil à Grand Deuil, un abîme les séparent et ces clefs là, je ne les ai pas... Néanmoins, les premiers systémiciens utilisèrent dans les premiers temps ce processus de désignation comme outil clinique "en prescrivant le symptôme".  Nous sommes bien d'accord,  l'auto-désignation n'est pas un processus volontaire. Un enfant, quel qu'il soit, ne va pas décider, un jour, de se dire, "tiens demain, je deviens schizophrène, psychotique ou maltraité". Soyons sérieux. La psychanalyse parle de "pacte dénégatif", la systémie de "mythes familiaux", suivant différentes approches, par ex,...  "Un train peut en cacher un autre" est une métaphore que j'aime bien. Il y a le premier train qui passe, que nous voyons et les autres derrière, que nous ne voyons pas, mais peuvent être plein à craquer de voyageurs pas toujours facilement fréquentables.
Pour répondre à ta dernière question, Eva, systémo-désigné, c'est une question que je me pose sans cesse depuis le décès de ma fille sous cette forme : le destin... Qu'est ce qui désigne/décide/détermine/oblige/inflige et j'en passe, mort prématurée? Un "destin" existe-t-il? une "désignation" à laquelle nous ne pouvons échapper? Un "projet universel" qui nous/me dépasse totalement? Je peux comprendre certains aspects des constructions pathologiques, mais ça, non, je ne le comprends pas. Pour ça que je mets cet abîme entre "petit deuil" et Grand Deuil.
Certes, je me suis construit mes clefs pour accomplir ce qui n'avait pu l'être en ayant recours aux pratiques shamaniques. ça a marché. Mais la systémie qui nous propose de concevoir que nous sommes toujours sous-ensemble d'un ensemble plus vaste que nous-mêmes ne répond pas à ma question autrement qu'en ouvrant d'autres questions sur le fonctionnement de ce système qui nous dépasse totalement...La physique quantique ouvre des portes sur certaines de nos certitudes qui se révèlent totalement erronées...mais, pour moi, ne résolvent pas cette question du destin, pas encore, tout au moins, de mon vivant.

Bizs.

Pascal.
« Modifié: 18 septembre 2020 à 06:56:45 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #784 le: 18 septembre 2020 à 07:09:38 »
Je poursuis, "content" de pouvoir exprimer ainsi ces questionnements, même avec une distanciation qui reste très relative...Je partage l'intuition exprimée par Martine Gercault d'un "grand architecte" à l'oeuvre dans ce qui échappe à notre compréhension. Athée, le recours à une seule croyance divine, quelle qu'elle soit, ne me convient pas, pour autant. Alors, possible que l'énigmatique insoluble soit force de réflexions, élaborations, interrogations nécessaires à notre condition d'êtres humains...pour avancer, avancer et avancer encore dans notre évolution...dans l'évolution de notre espèce dont nous sommes membres? Là encore, la systémie pose le débat en termes de fonction..ce qui a au moins l'intérêt de modifier un tant soit peu notre rapport intime à la culpabilité/responsabilité en créant ainsi l'existence d'un espace de tension dans lequel nous sommes inscrits...inexorablement, le temps d'une vie? Une homéostasie de fait? Je ne puis m'empêcher d'ajouter : un peu lourd des fois, tout de même, Mr Dieu, mais bon, pas le choix, je crains, non pas d'autres choix que de s'y "coltiner", du moins tant qu'on est vivant. ça, je peux l'entendre, ce chant du vide et la co-existence qu'il engendre.
En fait, ce que je crois, c'est à la coalescence (du latin coalescere, "croître avec") pour reprendre un terme utilisé par Yann Diener dans son article "Des noms écorchés", Charlie de cette semaine. un "croître avec" qui nous contraint à exercer ou non notre liberté de choix, très relative mais existante, dans un Grand Univers dont nous sommes un élément vivant, pensant, agissant...d'une façon ou d'une autre, entre petits deuils et Grands Deuils, qui pour d'autres raisons que j'ignore, viennent parfois si brutalement écrouler notre personne en en secouant l'ensemble des fondations.
Pascal.
« Modifié: 18 septembre 2020 à 08:04:35 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne Eva Luna

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 3254
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #785 le: 18 septembre 2020 à 13:10:20 »
"Tout changement implique un deuil. "

Tout changement implique une perte et un réaménagement...
Le deuil, c'est perdre par la mort...
et c'est un mot abusivement utilisé comme synonyme de perte et qui en affaiblit le sens .

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #786 le: 18 septembre 2020 à 17:09:03 »
Oui, effectivement, tu as raison Eva. Le terme de perte est plus juste, et de plus suggère qu'il y a gain au changement. OK, bien vu, heureusement que tu es là pour repérer cette erreur de langage!  Réserver le terme de deuil à sa réalité est tout aussi juste, en abuser affaiblit son sens...je suis pleinement d'accord avec ton point de vue, ça le banalise, même, je trouve, et une mort n'est jamais, jamais banale (sauf pour Desproges, mais bon...C'est Desproges, icône admirable de l'humour sarcastique à souhait et jamais jamais banal non plus!Sic).
Il est même envisageable que de remettre les termes à leur bonne place soit un signe. celui de se dire que Grand Deuil nous a tellement impacté en totalité qu'il "mord" sur le processus de perte, qui du coup reprend effectivement sa bonne place et son propre sens, et réciproquement.
« Modifié: 18 septembre 2020 à 17:28:08 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #787 le: 19 septembre 2020 à 05:02:48 »
Bonjour.
Donc, d'un point de vue systémique, la vie est une succession de crises, crises qui supposent que l'équilibre du groupe familial doit s'adapter à du changement au fil du temps...Ce serait simple si nous étions dans des processus conscients, et d'ailleurs partie des crises sont abordées consciemment sans donner lieu à de problèmes particuliers autres qu'une adaptation du quotidien...Bien heureusement un enfant qui va pour la première fois en maternelle, par ex, une drôle d'étape, ne provoque pas un tremblement de terre!
Il y a, comme le souligne Eva, bien une perte d'un certain équilibre qui doit se réaménager autrement, avec un gain, même si un peu d'anxiété circule. Là, nous sommes dans du compliqué, parfois, peut être, mais pas dans de l'hypercomplexe.
Néanmoins l'hypercomplexe est omniprésent, en filigrane, peut-on dire.
Qu'est-ce qui distingue le compliqué de l'hypercomplexe? D'un point de vue systémique, c'est assez simple, puisque dès qu'une interaction du vivant avec l'objet est considérée, apparaît l'hypercomplexe.
Par ex : si on démonte une moto, nous pouvons compter les pièces. C'est un nombre fini. Il y a X pièces. Nous pouvons aussi considérer la moto comme un nombre fini de sous-ensembles : la partie motrice, la partie électrique, la partie transmission, etc...mais nous sommes à nouveau sur un nombre fini. Il y a X sous-ensembles qui la composent.  Si cette moto tombe en panne par ex, nous pouvons changer la pièce défectueuse, et ça repart. Mais si cette panne est récurrente, se pose la question de la faillibilité mécanique, certes, mais aussi de l'usage qui en est fait. Le (la) motard utilise cette moto de quelle façon? Conduit-il par exemple en saturant chaque palier d'accélération? Et si oui, pour quelle raison? Et là, les causes peuvent être multiples, voire infinies....Nous ne sommes plus dans un nombre fini, mais s'ouvre le domaine de l'hyper-complexe...l'inter-action d'un sous-ensemble avec un plus vaste ensemble que lui-même dont nul ne connaît les limites, effet/cause s'inter-agissent en ouvrant la porte de l'hyper-complexe.
Longtemps, la psychiatrie a considéré les pathologies comme une pièce cassée qu'on pouvait réparer. Il suffisait de trouver la bonne pièce à changer, en quelque sorte (la bonne pilule!!! ;)). Mais ce n'était pas considérer l'incidence des facteurs inter-actifs. Les Italiens identifièrent dans le champ des maladies mentales un processus de rôles et contre-rôles qui impliquaient non seulement le patient considéré, mais l'environnement dans lequel il(elle) évoluait...Si la personne malade allait mieux, c'est le reste de la famille qui se mettait à aller mal. c'est un peu schématique, mais, un jour, une personne toxicomane en consultation eu ce propos ; "je suis la pierre angulaire de ma famille". Intéressant, vous ne trouvez pas, comme perspective?
Et, si nous, Grands Endeuillé(e)s, nous retrouvions à être l'une des pierres angulaires d'un système en faillite? Tout y est : isolement, gêne, incapacité empathique..Et j'en passe, nous savons toutes et tous ce à quoi nous nous sommes confronté(e)s dans l'après trauma, tant sur le plan familial que social.

Bizs.

Pascal.
« Modifié: 19 septembre 2020 à 08:21:53 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #788 le: 19 septembre 2020 à 06:56:43 »
Tu comprends, je pense, Eva, pourquoi je ne puis délier aucune mort prématurée du contexte dans lequel elle s'est produite...Emmanuelle a été fauchée par un type qui s'est rendu meurtrier, involontaire, je présume, mais meurtrier par un comportement qui l'a amené à cette totale ignorance (je l'espère!) du danger qu'il pouvait représenter pour autrui par sa façon d'être. Pourquoi? Qu'est-ce qui peut amener un être à agir ainsi?
Javotte est morte en consacrant son énergie à aller aider des personnes contraintes de iovre dans des déchets et dans un bidonville infâme. Pourquoi cela existe, des lieux pareils?
Raphael s'est suicidé. Pourquoi notre  organisation sociale génère-t-elle un acte aussi fatale des hypersensibles? Raphael se préoccupait du sort des Bonobos...L'image de cette pelleteuse et du comabt que menait ce Bobobo pour défendre les siens est encore gravée dans ma mémoire.
Non, je ne puis délier une mort prématurée du contexte dans lequel elle s'est produite, même si, je parle pour moi, ma propre histoire de parent comporte des vecteurs qui ont aussi participé à choix de vie opéré par Javotte.
Alors, pas plus que je ne puis accepter la mort de ma fille, je ne puis non plus accepter de rester dans la résignation.
Faut-il, dans notre malheur, trouver les chemins pour exprimer ce fait. car pour moi, c'est un fait. La mort est un fait. Pas besoin de l'analyser, elle est. Et nous nous béquillons avec, mais aussi vecteurs de ce qu'elle implique : l'impossibilité de baisser les bras. Coalescence du monde humain est aussi une lutte acharnée qui a ses crises. Et, dans notre ici et maintenant contemporain, qui peut contester que la crise que nous traversons n'est pas  simplement passagère? Un état du monde navrant.
Bon j'arrête là, j'en ai assez dit, pas la peine d'en rajouter. J'ai choisi, et c'est un choix, de ne plus militer. Suis-je pour autant muselé ? Non. Alors je m'exprime ici, où je sais que notre appartenance forte est aussi vectrice de protection de notre fragile équilibre de parent-deuil.
Re-bizs.

Pascal.
« Modifié: 19 septembre 2020 à 07:05:24 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #789 le: 19 septembre 2020 à 16:28:27 »
Voilà, je pense être arrivé au terme de mon "argumentaire". Mon "troisième acte", comme je l'ai nommé. Quel sera le quatrième? Je n'en sais encore rien...probablement plus local et en direct...A voir. Je ne vois pas grand intérêt à poursuivre cet argumentaire en l'étayant d'autres concepts contextuels ou systémiques. En tout cas, cela m'a aidé à énoncer clairement ce que je conçois clairement, à le poser à plat, le solidifier grâce à, entre autre, cette remarque juste d'Eva sur le rapport perte/deuil. "ça mijotait" depuis longtemps mais pas d'une façon aussi construite, aussi liée. Un pas de plus pour moi, donc, et j'espère qu'il en est de même pour vous, suivant vos propres ressources, vos propres forces.
Recevez ma solidarité, mon respect  ainsi que ma loyauté à ce qui nous lie, l'effroyable décès d'un enfant et ce qu'il engendre de souffrance, de colère, de rage, d'impuissance. Seul, son retour nous "guérirait", mais nul ne peut nous les rendre. Nul ne peut non plus guérir de l'arrachement d'un membre. Tout au plus se construire une/des prothèses.
Alors, recevez aussi mes exhortations au courage pour arpenter ce chemin du "croître avec". De tout mon coeur.

Pascal.
« Modifié: 19 septembre 2020 à 16:44:41 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #790 le: 02 octobre 2020 à 04:34:02 »
Bonjour.
Il semble bien que mon "quatrième acte" s'ouvre sur cette question  posée par le processus de coalescence. Le "comment croître avec"? Sachant que c'est un processus qui combine le maîtrisable et le non-maîtrisable, que l'apaisement est en corrélation directe avec les tensions auxquelles nous ne pouvons échapper, le chemin est étroit, et encore faut-il qu'il se révèle. C'est le plus souvent en me confrontant à des impasses qu'il s'éclaire, l'impossible devenant guide du possible. L'une des difficultés majeures, à mon avis, est de ne pas s'épuiser à aller "se battre contre des moulins à vent" à la Don Quichotte, mais bel et bien d'avancer à la Sancho Pansa, sur son âne....Sinon le risque est grand de finir comme le vicomte pourfendu d'Italo Calvino, à ce que nos antagonismes intérieurs, au lieu de s'appuyer mutuellement, ne cessent de se quereller, de se courir après  et de nous provoquer encore plus d'ennuis et de souffrance que nécessaire.
D'ailleurs, il y a un âne en pâture dans un pré que je vois souvent, il s'appelle Hyppolite, doit avoir dans les 25 ans et est vraiment un animal magnifique, tout gris, comme le Grison de Sancho! Dernièrement, il souffrait de fourbures, mais semble aller mieux maintenant, son propriétaire s'en occupe avec grande attention et affection. Peut être que le chemin de coalescence se construit en regardant les belles choses et en évitant les mauvaises? Pas facile tous les jours tout de même...d'avoir un regard à la Juan Gris! Soyons cubistes, parfois, avec prudence..."Exposer, c'est s'exposer", disait le grand Pablo!
Bizs à vous.
Pascal.
PS:  A défaut de peindre de suite, j'aime bien écrire et tenir mon fil...J'ai développé précédemment un argumentaire sur la systémie comme outil de réflexion à notre disposition. Il me semble utile de poser un contre-point. La systémie n'est qu'un outil, pas une panacée. Il est même contre-indiqué, en certaines situations de l'utiliser. Par ex, si vous êtes dans une pièce où un môme risque de se défenestrer, exemple un peu extrême, certes, mais il s'agit d'écouter notre arc réflexe, d'agir sans hésiter,  et de le "chopper" par le col pour l'empêcher de sauter, quitte à  réfléchir après au pourquoi, ça d'accord, mais après!!!. L'approche dite "linéaire, directe, est parfois la bonne, sans le moindre conteste.
Négliger la bonne vieille méthode transmise par nos enseignants au collèges, thèse, anti-thèse, synthèse, serait certainement  une erreur, je crois. ça marche pas mal non plus, sans se préoccuper de systémie quand on a besoin de monter d'un étage notre escalier à la Linda Pastan....Je pose ma thèse, trouve l'anti-thèse, en fait synthèse, qui elle-même devient thèse, dont je cherche l'anti-thèse, et fais nouvelle synthèse,  ainsi de suite...Je crois que dans notre cheminement de parent-deuil, il serait stupide d'ignorer la multitude d'outils à notre disposition sans en exclure aucun, une précision nécessaire à ajouter, je crois, pour pondérer l'argumentaire.
« Modifié: 02 octobre 2020 à 06:14:51 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #791 le: 03 octobre 2020 à 04:08:52 »
Bonjour!
Rien de bien folichon à vous raconter ce petit matin....Il pleut, il vente, et bientôt c'est Toussaint.
Et à mes pieds sont mes chiens,
tous trempés, tous mouillés, mais si attentionnés...
Toujours là à frétiller du derrière pour vous faire la fête,
bien rare quand ils font la tête...Mais sont-ce mes chiens? Suis-je leur maître?
J'en sais rien, mais ce qui compte, c'est qu'on s'entend rudement bien!
Non, rien de bien folichon à vous raconter ce matin,
hormis mes voeux, que vous aussi, malgré la pluie, le vent et l'approche de Toussaint,
vous puissiez aussi aller quand même bien!

Pascal.
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #792 le: 04 octobre 2020 à 04:45:57 »
Pour info aux personnes qui m'ont adressé un chèque (ou liquide) en retour à mon envoi ou acquissition directe de mon bouquin, j'ai reversé la totalité à "Survival International" qui défend des convictions au plus proches des miennes sur le sujet de la déforestation, entre autres.
Merci donc de ces sommes, dont le reversement à cette asso  participe à maintenir haute la trace laissée par ma fille.

Pascal.

Viola Desmond :
"Quand on veut faire une bonne chose, ça risque de prendre des efforts et on court le risque de perdre. ça peut être une grande lutte".

« Survival lutte aux côtés des peuples autochtones à travers le monde »

- Davi Kopenawa, chamane yanomami
« Modifié: 04 octobre 2020 à 06:27:53 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #793 le: 07 octobre 2020 à 05:45:22 »
Jolie citation pour ouvrir la journée.
« L’homme n’a pas tissé la toile de la vie, il n’est qu’un fil de cette toile.
Quoi qu’il fasse à la toile, il le fait à lui-même. »
CHEF SEATTLE
Cela m'ouvre cette réflexion...Si nous, les vivants sommes fils de cette toile, les morts, nos défuntes et défunts sont dans l'entre-maillage. L'un ne peut être sans l'autre.
« Modifié: 07 octobre 2020 à 06:11:46 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.

Hors ligne résilience et silence

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 753
  • One eye dog's man
Re : Parent divorcé et désenfanté
« Réponse #794 le: 10 octobre 2020 à 06:13:19 »
Bonjour à vous.
L'apaisement. Comment "grignoter" du terrain sur le chaos qu'induit en nous la mort prématurée d'un être aimé? La cinquième année en cours  pour moi depuis le décès de ma fille, je le rappelle pour celles et ceux qui "prendrait le train en marche". Le déroulé de nos deuils se partage au fil de nos échanges, un peu plus de  2 années pour moi sur ce forum, qui m'ont permis, pas à pas, d'avancer grâce à nos partages et aux soutiens que nous pouvons nous amener au gré de ce qui est un chemin avec bien des aspects de solitude. Processus de deuil est aussi une quête personnelle, émaillée de digressions, de heurts, de désespoir parfois, mais, aussi un profond travail psychique qui modifie radicalement notre équilibre, voire notre rapport à la vie.
Voici quelques temps, j'ai développé un "argumentaire" qui avait pour sujet le lien entre toute mort prématurée et le contexte dans lequel elle s'est produite. La mise en relief de ce lien, qui par ailleurs n'exclut pas d'autres facteurs que je développe partiellement dans le bouquin que j'ai écrit l'an dernier,  a pour sens de tenir ce fil : l'apaisement.
M'étant heurté dans les premières années à des termes comme "reconstruction" qui ne collaient absolument pas à ce que je ressentais, c'est au terme de "transformation" que je me suis accroché...Parfois de façon métaphorique, entre chrysalide et envol, comme ces "deux L d'un Papa-deuil", sous-titre du livre-lettre à ma fille, mais aussi de façon pratique.
Comme beaucoup d'entre nous, je me suis heurté à de nombreuses impasses, qui, au final, ont été des pancartes m'indiquant le chemin que je devais suivre, sorte de guide par défaut, puisque aucune indication n'existe autre que notre propre ressenti.
Mais, ce que je veux mettre aujourd'hui en relief, c'est que, paradoxalement, ces impasses ne sont pas non plus stériles : elles forgent en nous une force, que j'appelle force de coalescence, ce "croître avec" qui pousse, qui nous pousse à ne jamais renoncer, pas plus qu'il nous est possible d'oublier.
Chaque impasse, murée d'une façon ou d'une autre (il en existe des milliers, de ces murs, incompréhension, fuite, mise à l'index, évitement, déni, le malheur qui s'attrape,  reproche dans le pire des cas, etc...) est porteuse d'enseignements. Car, à chaque fois, elle nous propose un carrefour : celui du repliement sur soi ou celui d'une recherche, d'une "quête" en quelque sorte, du champ des possibles.
J'ai choisi la protection des arbres, par ex. Comment agir au mieux pour ce faire : acheter un bout de terrain épuisé par l'agriculture intensive et y planter des arbres? Ou bien agir aux côtés de bénévoles associatifs qui se consacrent à cette cause, par ex? D'autres le font mieux que moi, et tant mieux, d'ailleurs, alors, c'est vers le soutien aux peuples racines que je me suis orienté.
Et, c'est cette quête de "l'utile" qui, à mon avis,  aide à l'apaisement. Ou notre expérience du deuil nous conduit-elle? Etre utile est, pour moi, une question récurrente, intense en tout cas sans non plus être essentielle, mais que la lutte à mener est rude, épuisante, voire démoralisante parfois. Mais, pourtant, à force d'impasses, des portes surgissent quand nous y sommes prêts, presque curieusement, pour reprendre ce terme issu d'un autre fil de ce forum....

Bien à vous.

Pascal.

« Modifié: 12 octobre 2020 à 05:34:18 par résilience et silence »
C'est dans les situations les plus difficiles et les plus désespérées que les individus trouvent le courage de se battre pour leur conviction. Tecumseh.