Seulement 1 mois et bientôt une semaine, et je n'aspire qu'au recueillement, qu'au silence. Plonger ma tête dans ton pull en laine, ce gros pull que tu aimais tant et que tu portais les jours d'avant, y respirer encore ton odeur, laisser ton coussin dans un coin de notre lit, refuser de le laver, j'ai versé dessus tant de larmes qu'il n'y reste presque plus rien de toi. Regarder tes photos, espérer des messages et des témoignagnes qui se font hélas de plus en rares, lire et relire le livre de Fauré, ne plus arriver à m'eloigner de toi sans éprouver une angoisse insupportable, entretenir machinalement les fleurs de ta tombe et refuser de croire que c'est bien là que désormais pour toujours tu reposeras. Il fait si gris, il fait si froid. Je n'ai même pas le réconfort de me réchauffer un peu du soleil quand la douleur me glaçe. Mon coeur est un boxeur qui frappe de l'intérieur. Je devrais déjà avoir surmonté le déni, et j'en suis toujours là, à étouffer ma rage, à trainer comme une paria, à demander "pourquoi?" Je persiste à employer la deuxième personne du singulier, parce que je ne peux rompre le dialogue que nous avions commencé il y a une quinzaine d'années... 1 mois et bientôt une semaine, et je dois déja faire face aux "fais l'effort de sortir de chez toi, si tu ne vas pas vers les autres, les autres ne viendront pas vers toi, force toi, sois forte, tu n'as pas le choix". Le pire : supporter ceux qui n'ont rien à dire, qui s'échinent à taire ou étouffer le principal sujet de ma souffrance, et se donnent après la bonne conscience d'avoir fait le bien, quand moi je sors de ces entretiens, encore plus mal en point. Vidée, prête à étouffer, incomprise, seule dans "cette petite folie".