Nous en passons tous par là : pour moi, l'an dernier, je n'ai pas pu profiter du jardin, de la piscine. Je suis restée caleufeutrée dans la maison, tous volets fermés, pendant le printemps et le mois de juillet. Le soleil me faisait si mal. Les autres en vacances, la vie heureuse finie, etc...
Et puis, fin août, j'ai eu l'occasion d'aller randonner là où justement nous n'étions jamais allés tous les deux : ça me fut plus facile que de fréquenter des lieux que nous avions aimés ensemble. Oh, ce ne fut pas pour autant simple et j'ai souvent pleuré en marchant, en découvrant des endroits qu'il aurait sûrement adorés.
J'étais là et Lui était privé des beautés que je découvrais. Ce fut très dur mais également bénéfique et ça m'a peu à peu amenée à m'ouvrir à d'autres paysages, même si je devais prendre sur moi pour me forcer à avancer.
Et j'ai continué cette année à suivre la même démarche : je me suis obligée à faire des choses dont je sentais qu'elles m'étaient nécessaires, si difficiles soient-elles.
Aujourd'hui, je peux rester sereinement dans le jardin, m'en occuper, me baigner, en profiter sans avoir cet horrible sentiment de culpabilité, de solitude, de regret etc. Ce n'est certes pas un sentiment linéaire, il y a parfois des bouffées de tristesse, mais vraiment je suis beaucoup plus calme, paisible et je n'en demande pas plus. C'est déjà merveilleux de ne plus être autant tourmentée. Le calme de l'âme est en soi un bonheur.
Je sais que je ne suis pas à l'abri de retours de chagrin, et ce, pendant longtemps. Mais je vais tellement mieux, je me retrouve, enfin reconstituée après la pulvérisation qu'a entraînée le décès de mon amour. C'est comme un puzzle dont les pièces se remettent en place, lentement, par petits morceaux.
Ce que je peux affirmer, c'est que je suis à la fois la même et plus la même ; j'ose dire que je me suis bonifiée dans la douleur extrême. Je voudrais tellement que mon amour puisse voir la personne que je suis devenue et parfois, je suis triste qu'il ait fallu cette souffrance pour que je grandisse, que je cesse d'être dans la dépendance affective au point où j'en étais. Des richesses sortent de nos épreuves. Un proverbe arabe (me confiait une amie de deuil) dit que "c'est sur les tas de fumier que naissent les plus belles roses". Lageta, Jean-Luc, Qiguan, et toutes les autres personnes dans la peine, gardez confiance. C'est vrai que c'est dur, long, cruel. Il faut le temps, et quand on souffre, le temps ne paraît pas passer assez vite, tant on veut sortir à tout prix de cet état de douleur. Mais le temps fera son oeuvre, je vous l'assure. Zabou vous le dit si bien aussi.
Un coucou particulier à toi Zabou : tes mots bien souvent pourraient être les miens. Je t'embrasse.
Amicalement à tous.