Bonjour à vous.
L'apaisement. Comment "grignoter" du terrain sur le chaos qu'induit en nous la mort prématurée d'un être aimé? La cinquième année en cours pour moi depuis le décès de ma fille, je le rappelle pour celles et ceux qui "prendrait le train en marche". Le déroulé de nos deuils se partage au fil de nos échanges, un peu plus de 2 années pour moi sur ce forum, qui m'ont permis, pas à pas, d'avancer grâce à nos partages et aux soutiens que nous pouvons nous amener au gré de ce qui est un chemin avec bien des aspects de solitude. Processus de deuil est aussi une quête personnelle, émaillée de digressions, de heurts, de désespoir parfois, mais, aussi un profond travail psychique qui modifie radicalement notre équilibre, voire notre rapport à la vie.
Voici quelques temps, j'ai développé un "argumentaire" qui avait pour sujet le lien entre toute mort prématurée et le contexte dans lequel elle s'est produite. La mise en relief de ce lien, qui par ailleurs n'exclut pas d'autres facteurs que je développe partiellement dans le bouquin que j'ai écrit l'an dernier, a pour sens de tenir ce fil : l'apaisement.
M'étant heurté dans les premières années à des termes comme "reconstruction" qui ne collaient absolument pas à ce que je ressentais, c'est au terme de "transformation" que je me suis accroché...Parfois de façon métaphorique, entre chrysalide et envol, comme ces "deux L d'un Papa-deuil", sous-titre du livre-lettre à ma fille, mais aussi de façon pratique.
Comme beaucoup d'entre nous, je me suis heurté à de nombreuses impasses, qui, au final, ont été des pancartes m'indiquant le chemin que je devais suivre, sorte de guide par défaut, puisque aucune indication n'existe autre que notre propre ressenti.
Mais, ce que je veux mettre aujourd'hui en relief, c'est que, paradoxalement, ces impasses ne sont pas non plus stériles : elles forgent en nous une force, que j'appelle force de coalescence, ce "croître avec" qui pousse, qui nous pousse à ne jamais renoncer, pas plus qu'il nous est possible d'oublier.
Chaque impasse, murée d'une façon ou d'une autre (il en existe des milliers, de ces murs, incompréhension, fuite, mise à l'index, évitement, déni, le malheur qui s'attrape, reproche dans le pire des cas, etc...) est porteuse d'enseignements. Car, à chaque fois, elle nous propose un carrefour : celui du repliement sur soi ou celui d'une recherche, d'une "quête" en quelque sorte, du champ des possibles.
J'ai choisi la protection des arbres, par ex. Comment agir au mieux pour ce faire : acheter un bout de terrain épuisé par l'agriculture intensive et y planter des arbres? Ou bien agir aux côtés de bénévoles associatifs qui se consacrent à cette cause, par ex? D'autres le font mieux que moi, et tant mieux, d'ailleurs, alors, c'est vers le soutien aux peuples racines que je me suis orienté.
Et, c'est cette quête de "l'utile" qui, à mon avis, aide à l'apaisement. Ou notre expérience du deuil nous conduit-elle? Etre utile est, pour moi, une question récurrente, intense en tout cas sans non plus être essentielle, mais que la lutte à mener est rude, épuisante, voire démoralisante parfois. Mais, pourtant, à force d'impasses, des portes surgissent quand nous y sommes prêts, presque curieusement, pour reprendre ce terme issu d'un autre fil de ce forum....
Bien à vous.
Pascal.