je comprends ce que vous dites Faik et Eva Luna
Moi ça s'est imposé à moi, quand mon père était en train de mourir 48 h avant son décès j'ai enfin ouvert les yeux (quelle abrutie!) sur le fait qu'il mourrait et que c'était imminent, tout ce que j'avais redouté toute ma vie car on avait 40 ans de différence et je savais qu'il ne serait pas éternel, était en train d'arriver, et j'avais un sentiment d'être derrière une vitre et de voir un film dans laquelle j'étais spectatrice impuissante et c'est bien de ça dont il s'agit, mon esprit s'est alors mis en pilote automatique, je le faisais sans m'en être rendue compte durant les 3 mois de sa chute vers la mort, le sentiment que vivant des moments hors du temps, il fallait que je profite des moments avec lui à l'hôpital, moments souvent douloureux mais aussi des moments poignants mais beaux comme la fois où je l'ai nourri à l'hôpital et qu'il ouvrait la bouche comme un bébé, j'étais devenue sa mère, un moment de très forte connexion de tragique amour a eu lieu, et je me suis dit je dois rajouter de la vie à ses jours à défaut de n'avoir pas le pouvoir de rajouter des jours à sa vie. cela a guidé tous mes moments avec lui durant 3 mois, moments très ambivalents, de petites étincelles de joie et de grosse souffrance, mais j'étais où je devais être et j'en ai été heureuse, mon plus grand regret et culpabilité? il est mort 20 mn après mon départ le dernier soir durant 3 mois j'étais en connexion complète avec lui quand il est descendu à l'échographie je savais que je ne le reverrai pas vivant j'ai traversé moi qui suis très cartésienne des moments presque anormaux où je sentais dans mon corps tous les jours ce qui se passait pour lui chaque jour, si c'était une journée où je le trouverai bien ou délirant... je ne me l'explique pas
pourquoi n'ai je pas eu cet ultime geste d'amour de n'être pas restée avec lui jusqu'à son dernier souffle? c'est ma croix katrin