Voilà un moment que je n'ai pas écrit : période chargée en émotions, en changements à mettre en place avec toutes les angoisses qui vont avec, mettre un pas devant l'autre encore et toujours avec toute l'énergie que ça demande, gérer les enfants, leurs états d'âme, leurs petits bobos et leurs émotions en plus des miennes, celle des membres de ma famille et de la sienne aussi, avec qui la distance se crée car ils ne me comprennent décidément plus... J'ai "changé"... la patience, la tolérance, l'écoute dont je faisais preuve ont laissé place à une sensibilité exacerbée, une angoisse sournoise qui me tient et me fait parfois trembler devant un petit tas de sable moi qui n'avais jamais eu peur de franchir des montagnes, un besoin d'être écoutée, comprise... ma douleur "dérange" ma famille qui cultive cette pudeur sans intérêt , quand j'en parle, je m'entends reprocher "d'étaler ma souffrance"... il y a des jours j'aimerais couper les ponts avec tout le monde, je suis tellement déçue des réactions des membres de ma famille... certains de mes amis et certains de ses amis à lui aussi me surprennent au contraire par la chaleur et la douceur de leurs mots et de leurs gestes, ils rechargent mes batteries.
Cette période de "fêtes" de fin d'année est derrière, toutes ces premières fois sans lui... j'ai tenu comme j'ai pu, mais j'ai tenu... Je n'avais qu'une hâte cette année : voir disparaître les sapins de Noël et vite en finir avec cette période de vœux. Avec la fin du mois de janvier, je crois que j'aurai la sensation d'être enfin allégée de ces formalités qui me pèsent particulièrement cette année... Sensation de décalage avec ce monde, je comprends mieux ce qu'il a pu ressentir quand il a évoqué à quel point c'était dur de porter ce masque, ce sourire de façade, cette sensation de "survivre" plus que de "vivre"... Il souffrait d'une souffrance que j'arrive aujourd'hui à toucher du doigt au regard de la souffrance dans laquelle je baigne depuis qu'il est parti... Comme j'aurais aimé pouvoir t'aider d'avantage mon Cœur, c'est tellement dur ces moments où on se sent seul face à sa douleur intérieure...
J'essaie de réapprendre à vivre, ça demande tellement d'efforts, tellement d'énergie et ça génère tellement d'angoisse... cette vie qui est devant moi n'est pas celle que je projetais, elle me paraît tellement périlleuse, hostile et difficile depuis que tu n'es plus à mes côtés.
* Demain : remise des clés du logement social qui nous a été attribué. Notre petit bonhomme est tout content à l'idée de pouvoir inaugurer cette baignoire avec sa sœur, moi je suis tétanisée à l'idée de devoir meubler cette maison si vide, repartir de zéro dans un lieu qu'une partie de moi n'a pas envie d'investir parce que cette nouvelle vie va devoir s'écrire sans Toi. Du coup, je n'ai même pas achever les formalités administratives que je devais concrétiser pour la remise des clés... soit je trouve le courage de le faire demain matin à la première heure, soit je vais passer pour une irresponsable et la remise des clés devra être repoussée...
* Vendredi : nouvel entretien d'embauche... Est-ce que je vais réussir à donner l'illusion cette fois-ci comme je l'ai fait en décembre ? Peut-être qu'une fois habillée, coiffée et maquillée, j'arriverai à donner le change, dégager suffisamment d'assurance pour être "embauchable"... J'ai envie de retravailler, je crois que j'en ai besoin autant que j'ai peur de ne pas être à la hauteur. Retourner sur mon poste n'est même pas envisageable : un employeur qui a montré toute sa fourberie et sa bassesse ces derniers mois... pas de soutien de ce côté-là, autant repartir à zéro, en terrain neutre, avec des gens qui ne me regarderont pas avec pitié ou jugement, qui ne connaîtront pas mon histoire, pour qui je ne serai que "moi" et pas cet élément survivant et meurtri du "nous" qu'ils n'auront pas connu...
Il est tard, mieux vaut m'arrêter là... Les heures de sommeil manquent au compteur, je vous lis souvent en allant me coucher sans voir le temps passer et la fatigue s'accumule. Mon corps donne des signes de faiblesse. Je suis montée sur une balance après Noël : 44 Kg après le petit déjeuner alors qu'on m'avait dit quelques semaines avant que j'avais "repris des joues" depuis la cérémonie... Je n'ose même pas imaginer jusqu'où je suis descendue en septembre... Je ne suis plus qu'un tas d'os, je me sens tellement usée, fragile, l'ombre de celle que j'ai été...
Je répondrai aux messages que vous m'avez adressés, sur mon fil, les vôtres ou en MP : MERCI Mike, Mircea, Biche, BEBE, Bmylove, Emi, qiguan et vous tous que je lis en silence... de m'accompagner dans ces petits pas, certainement souvent sans le savoir... Je vous souhaite une année pleine de douceur, une année de reconstruction, d'avancée vers la lumière et l'apaisement
