Je trouve que Numis a tout compris lorsqu’il écrit qu’il faut se préparer au changement. Si tu penses ne pas avoir retrouvé ton niveau d’avant Tony, tu peux te battre contre ça en ayant l’attente que cela redevienne comme avant. Mais rien n’est comme avant. Peut être devrais tu utiliser l’énergie de ce qui se présente et qui t’amène vers une possibilité de changement.
Saches qu'aucune de tes phrases ne me blessent. J'espère que c'est réciproque.
Oui, tu as bien raison, "rien n'est comme avant".
C'est bien là le paradoxe, et la nécessaire adaptation à la situation, en fait, la nécessaire adaptation à ce qu'on est devenu mais aussi une nécessaire adaptation au monde qui nous entoure dont on ne peut faire abstraction.
J'en parle souvent négativement mais il y a en effet du positif qui ressort de ce marasme. Plus d'empathie, plus de recul, pour certains, plus de force de caractère (forcément après les grands coups sur la gueule) etc...
Imaginez un peu la force mentale que l'on peut atteindre si un jour on arrive à sortir de la douleur pour aller vers la sérénité ?
Le tout est de savoir comment utiliser ce positif mais aussi de trouver ou qu'on nous donne les moyens de l'utiliser.
Concrètement, notre société se fout des questions existentielles, de tout ce qui est spirituel (en dehors d'une prise en compte des grandes religions existantes histoire de faire plaisir au curé, au rabbin et à l'imam), de l'introspection, etc...
Alors soit, on peut utiliser cette énergie. Mais bien vite, beaucoup d'entre nous doivent la tourner vers le quotidien et ne peuvent plus se permettre trop de recul, malheureusement. Il faut qu'ils affrontent le quotidien, s'ils ont des enfants à assumer ou quelque chose qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas lâcher (un travail intéressant, un projet) le recul par rapport au quotidien devient un luxe qu'ils ne peuvent que se permettre modérément.
Il y a plusieurs combats : celui pour ne pas sombrer d'abord, puis celui pour trouver la voie.
Toi, tu as pleinement choisi la voie de la quiétude et d'un accord avec l'invisible, en fonction de convictions personnelles existantes préalablement. Cela s'apparente presque à un mode de pensée religieux, à ce que certains qualifieront de "croyances" voire à de la folie douce pour les plus pragmatiques (sans vouloir te vexer car de mon point de vue ils ont tords d'être aussi aveugles aux choses de l'invisible). C'est bien le fléau de notre société d'ailleurs : on naît, on vit, on meurt et plus rien, alors, lors de notre passage éclair sur terre il faut rechercher le bien-être (voire le plaisir) dont la définition généralisée de la chose consiste à profiter. S'éclater, s'en mettre plein les fouilles, acheter le plus de conneries possible, jusqu'à cultiver ses vices s'ils nous apportent du plaisir. Certaines personnes plus spirituelles rechercheront l'amour, l'amitié, des choses constructives, mais avouons quand même que, globalement, les valeurs dominantes tournent autour de l'argent, du pouvoir et du sexe.
Sauf à "redevenir comme avant" ou à pouvoir prendre beaucoup de recul comme toi, il me semble difficile dans ce contexte de trouver une voie satisfaisante pour beaucoup d'entre nous qui vont devoir composer avec le spirituel, avec le vécu et avec le quotidien. D'autant qu'il faut aussi faire avec les résurgences de souffrance et de mélancolie dues au manque physique de l'être aimé que beaucoup d'entre nous affrontons au prix d'une très grande souffrance.
C'est en cela que je vois la recherche d'une nouvelle voie comme un combat, même le fait d'utiliser l'énergie qui apparaît négative comme un atout, car concrètement le monde (matérialiste) n'est pas favorable à cela, d'une part, (dans d'autres temps on se serait retiré quelques années au couvent ou au monastère, les Chinois se retiraient deux ans dans une cabane après la mort de leurs parents, aujourd'hui tu peux aller à l'hôpital psychiatrique... bref...).
D'autre part, il y a combat car il faut aussi lutter contre soi, contre ses émotions, sa souffrance, et que, pour les transformer en choses positives, pour beaucoup d'entre nous, je pense que ça ne se fait pas sans une certaine violence.
La tendance naturelle de l'être humain, s'il n'a pas pu caresser certaines valeurs plus spirituelles, risque de se tourner vers l'auto-destruction sous une forme plus ou moins visibles (dépression sévère, alcoolisme etc).
Raisonnement pragmatique : mon amour est mort, on me dit que je ne la reverrai jamais mais qu'il faut être fort car on peut retrouver une vie, qu'il paraît. Sur le moment, je souffre, sur la longueur, je souffre, alors pourquoi me faire chier plus longtemps à attendre ? Comme je ne veux pas faire de mal à mon entourage en m'écrasant contre un mur à 180 kilomètres heures, je vais opter pour l'auto-destruction passive en restant dans mon lit bourré de médicaments, ou pour l'auto-destruction active en me mettant à picoler dans les bars à faire n'importe quoi histoire de bien prouver que je suis arrivé au bout du bout de cette vie. Et pourquoi ne pas choisir cette voie si l'on est purement pragmatique ?
Raisonnement spirituel : mon amour est mort, ce n'est qu'une disparition physique, chacun ses convictions quant aux "choses qui nous dépassent" comme je les qualifie (réincarnation, énergie, paradis, etc etc), mais sachant qu'il y a donc ces "choses qui nous dépassent", tout ne s'arrête pas là. On est là, on vit, alors on doit avoir une autre voie que celle du lit ou des bars.
En effet, on peut considérer comme toi SophieM que tu as eu de la chance de vivre une période de bonheur et que c'est ce qui prime sur la mort et la disparition physique, certains croyants parleront d'épreuve que Dieu leur envoie (perso j'y crois moyen, un peu sadique le Dieu dis donc), ou quoiqu'il en soit prendre du recul, de la hauteur d'âme, et, tout en souffrant (ou non), trouver la force pour continuer un chemin qui n'est peut-être pas si inintéressant que ça, même s'il est parsemé de douleur. Pour beaucoup, on ne peut pas en faire abstraction : la douleur, elle est là, elle sera là, comme une blessure physique, et elle handicape, mais on peut juste essayer de continuer à avancer à condition de trouver une voie satisfaisante.