Ma petite Puce.
Aujourd'hui je n'y arrives pas, plus.
Je suis présent au boulot, car que faire d'autre ? Rester chez nous , pardon, chez moi, sans rien faire ?
Je suis présent au boulot, et en même temps absent. On me parle, ca m'indiffère, quand ça ne m’énerve pas. Je me fout de tout.
Je n'arrive pas à encaisser ton absence. Ton absence absolue, puisque je n'ai pas de signes de toi.
N'y en a t'il aucun ? Ce qui voudrait dire qu'il n'y a rien après la mort, rien du tout. Le néant. Le néant pour toi ?
Si c'est le cas, je serais ravi d’accéder au néant...ne plus rien ressentir, ne plus être. On s'en fout.
Ou bien m'envoie tu des signes ? Et moi, gros benêt mal dégrossi, ours trop terre à terre, je ne vois pas.
Je ne te ressens pas à mes cotés. Je ne sens pas ton parfum. Je ne sens pas ta présence, tes bras. Je n'entend pas ton rire, je ne t'entends pas me parler. Je rêve si peu de toi, et une fois réveillé je ne me rappelle de rien....si c'est comme ca que tu me contacte, il va falloir changer de maniérè de faire...si tu le peux, car moi je dois etre hermétique.
Mes semaines sont longues, vides, creuses, inutiles. Oui, je vais au boulot, pour toucher un maigre salaire qui me permet de payer les factures, de remplir le frigo, et de faire vivre mon corps. Les soirées sont longues, inintéressantes, absurdes, désespérantes.
Les week ends sont encore pire. Encore plus longs, encore plus vides. Je ne vois mon ami Bertrand que rarement, et de plus en plus rarement, car je n'arrive même plus à m'interesser à ce qu'il me raconte. Bien sur il cherche à me changer les idées, mais si je veux parler de toi ou de ma solitude, il n'esquive pas. C'est moi qui n'y arrive plus.
Il y a ton absence Claire. Nos sujets de discussions, nos souvenirs, je n'ai plus personne pour les partager.
Il y a ma solitude.
Je ne trouve aucune activité susceptible de me "combler". Pour le moment je "tue le temps" (bon dieu quelle expression à la con...tuer, c'est provoquer la mort....et s'il y a bien quelque chose de terrible car définitif c'est bien la mort) avec des occupations d'une futilité et d'un ininterret grandissant. On m'a conseillé de m'orienter vers le caritatif....je n'y arrive pas, je ne me sens pas la force, je ne me sens pas de me tourner vers des inconnus. On m'a conseillé le sport....sauf qu'a moins de devenir un athlete de haut niveau, ca n'occupe pas un week end entier....et hormis etre bénéfique à la santé, ca ne m'apporte pas grand chose de concret. Etre en bonne santé, mais seul, sans toi ni quiconque
? Quel interet ? Quelle connerie !!!
Il m'arrive de me dire que je pourrais rencontrer quelqu'un (enfin, quelqu'une), mais je me dis que ce serait te trahir. Comment le prendrais tu ma Belle ? Serais tu jalouse ? Contente pour moi ? Circonspecte ? Indifférente ?
Comment y arriverais-je, si je pense à toi sans cesse ? Si je compare la nouvelle personne à toi ? Comment seulement "concrétiser" une rencontre en une relation amoureuse, ou même amicale ? Je suis totalement paralysé à l'idée de rencontrer des gens, sans arrière pensée, alors une rencontre pour briser ma solitude, je vois pas.
M'en voudrais tu ? Comment pourrais je faire pour concilier ton souvenir, l'Amour que j'ai pour toi, et prendre soin de quelqu'un d'autre ?
Comment rencontrer quelqu'un en restant délibérément enfermé chez moi tant j'ai peur de sortir, tant je crains de ne pas réussir à m’intéresser aux autres ? Comment arriver à intéresser quelqu'un ? Hormis bien sur une taxidermiste qui reverrait d'empailler un ours ?
Et pourquoi te raconter tout çà si tu n'est plus là....Oh, probablement parce que j'aimais échanger avec toi. Ecouter tes points de vue, les confronter aux miens, tenter de faire une synthèse.
Je crois que je ne suis pas pret à m'ouvrir aux autres, malgré cette solitude absolue que je ressens.
Alors parfois je me dis que ce serait idéal de pouvoir m'endormir un soir, et de ne plus jamais me réveiller....
Oui, je sais, je me prendrais une sacré claque de ta part si je te disais çà. Sauf que je ne sens pas sur ma joue la douleur cuisante de ta claque. Je payerais très cher pour ressentir cela.
Il parait que nos chers disparus ne sont pas là pour nous aider, mais nous aimer. Des livres, des médiums, racontent que ceux qui nous aident (celui, il est seul je crois), c'est nos/notre guide.....
Et puis je n'aurais pas envie de te demander de l'aide, je voulais juste parler avec toi...
Ah, et aussi te toucher les mains, te caresser les cheveux, te voir sourire....
Ton ours perdu.