Bonjour,
Je sais que nous sommes beaucoup dans cette douleur, mais j'éprouve par moment le besoin de la partager.
J'ai 24 ans et ma petite amie est décédée le 15 janvier, suite à une prise de médicaments (où elle a voulu s'assommer, tout laissant penser que ce n'était pas un suicide, mais je ne vais pas entrer dans les détails ici).
C'était une relation à distance, qui durait depuis 2 ans, 2 ans où on s'est aimés, 2 ans où on était hyper connectés, 2 ans où elle venait chez moi ou l'inverse et où nous vivions des moments heureux, nous étions comme 2 âmes sœurs tellement notre complicité était puissante et belle à voir.
Pendant ces 2 ans, nous avons été en contacts nuits et jours et jours et nuits, par message, en s'envoyant des photos, en jouant ensembles, en parlant ensembles.
Ma journée c'était elle, personne n'a jamais pris autant de place dans ma vie. J'allais faire des courses, je lui envoyais une photo de ce que j'avais acheté, elle partait en cours, elle m'envoyait une photo et des mots doux.
J'ai vécu avec elle chaque secondes de son existence pendant ses 2 ans, elle était accroc à moi, j'étais son monde parce que son quotidien n'était pas facile, j'étais son sanctuaire et elle était le mien.
Elle a eu une enfance très difficile, et encore aujourd'hui c'était dur, elle est devenue anorexique, elle a développé une phobie scolaire, elle souffrait de la relation à distance mais à coté de ça elle était tellement bien quand on se voyait.
A un tel point que ses parents eux même, m'ont remerciés d'avoir su la rendre tant heureuse pendant 2 ans, comme si eux acceptaient leur échec, voulant que je vive car elle vit encore à travers moi, à travers notre relation, à travers nos souvenirs.
Elle avait beaucoup d'argent de coté, et elle attendait la fin de ses études pour s'installer avec moi, tout était prévu, nous étions remplis de projets, et malgré notre quotidiens difficiles, nous nous projetions dans l'avenir comme peuvent le faire 2 jeunes qui s'aiment.
La mort me l'a arrachée, depuis 12 jours maintenant je suis sans vie, mon entourage souffre de ne pouvoir rien faire.
Je n'ai trouvé aucun réconfort, parce que c'est elle qui me manque, c'est à elle que j'ai envie de parler, à elle que j'ai envie de me confier. J'ai l'impression de ne pas faire un deuil, mais 10 car je perds ,
Une amie
Une partenaire de vie
Quelqu'un qui me renvoyait une belle image de moi même
Quelqu'un qui a su m'aimer pour mes qualités mais surtout pour mes défauts
Quelqu'un avec qui je me projetais et qui me donnait envie de me projeter
Quelqu'un à qui je me confiais
Quelqu'un que je voulais protéger à tout prix
Quelqu'un à qui je voulais faire goûter les bons cotés de la vie.
[...]
Nous avons vécu 2 ans intenses, qui ont paru en sembler 10 tellement nous vivions l'un pour l'autre et que c'était tout ce qui comptait.
Son absence est insoutenable, j'en viens à penser que j'aurais pu perdre ma mère ou qui que ce soit d'autre que ça aurait été moins douloureux, parce que ma mère que j'aime de tout mon coeur ne peut pas m'aider à traverser le deuil de ma petite amie, alors que le contraire est possible.
Avec elle, nous nous échappions tous les jours, dans des mondes virtuels le temps de pouvoir se voir en vrai, et j'ai perdu tous ces échappatoires, je suis écrasé par mon quotidien, un quotidien qui est lourd et rempli d'échecs, à celui ci vient s'ajouter le fait que j'ai échoué à la protéger, la protéger contre son père mythomane, sa mère mal dans sa peau, ses souffrances intérieures.
J'ai pourtant tout essayé, j'ai mis en place ses rendez vous pour qu'elle consulte un psychologue, je lui ai fait croire en l'avenir, je l'ai éloignée de son quotidien morose, je l'ai écouté, secondé, aimé comme je pouvais, mais j'ai l'impression que j'aurais pu faire tellement +.
Je suis canardé de : si j'avais su, si j'avais pu, si j'étais + si j'étais moins... ça me hante, le soir avant son décès, nous nous sommes quittés en "bon" terme mais je ne lui ai pas rendu un aussi beau bonne nuit que celui qu'elle m'avait offert.
Je suis rempli de questionnement, peut-être que si j'avais été + "amoureux" ce soir là, elle n'aurait pas essayé d'échapper à son quotidien pendant quelques heures.
Le soir même, elle se projetait dans le lendemain, me demandant à quelle heure je me levais pour se lever en même temps que moi, elle me parlait de ce qu'elle devait dire à sa mère, en d'autres mots elle ne devait pas mourir, c'était brutal, les mots de son grand père résonnent encore dans ma tête : "Il est arrivé un malheur, C. est décédée"
J'ai pris l'avion dès que j'ai pu, et j'ai été soutenir sa mère et ses grands parents, ça a été une semaine horrible, où nous avons tous beaucoup soufferts, et quand enfin j'ai pu aller voir son corps et me recueillir il était glacial, je l'ai embrassé sur le front, j'ai tenu sa petite main froide qu'elle aimait tant que je lui réchauffe, je me suis excusé de ne pas avoir su la protéger comme j'aurais tant voulu le faire, je lui ai dit que je l'aimais.
Aujourd'hui, il ne me reste que ma spiritualité, j'en viens à m’intéresser à l'ésotérisme pour nourrir l'espoir de la retrouver un jour, d'une quelconque façon, j'ai souvent songé au suicide, à quoi bon continuer à vivre sans l'être aimé, sans avenir, sans projet. Elle était si gentille, si attentionnée, c'était quelqu'un d'exceptionnel, si il y a un paradis, elle ne peut être que là.
Merci de m'avoir lu,
Une âme perdue.