Nous avons appris à nous connaitre, à vivre ensemble, à nous comprendre à nous apprivoiser et enfin à accepter l'autre tel qu'il était sans vouloir le changer.
J'ai découvert l'amour inconditionnel à tes côtés.
J'ai grandi à tes côtés, tu as grandi à mes côtés, maintenant je vais continuer à grandir sans notre interaction.
Tu avais confiance en moi, moi en toi, tu m'as appris à avoir confiance en moi.
Tu n'avais pas peur de la mort, tu voulais que l'on en parle, tu ne comprenais pas qu'elle soit un sujet tabou dans notre société alors qu'elle faisait partie de la vie.
Tu me disais toujours que si l'un de nous mourait, celui qui resterait en vie devrait être vivant, que nos enfants auraient besoin de leur unique parent vivant. Depuis le jour de ta mort je me raccroche à cette phrase, elle raisonne en moi.
Parfois j'accepte ma douleur, mon chagrin, ma colère ou toute autre émotion présente en moi, et une fois les larmes versées, une fois la colère hurlée... je me sens plus calme, plus sereine, dans ces moments plus apaisés j'arrive à vivre de doux moments, je sais qu'ils m'aideront à faire face aux suivants, ceux qui semblent ne pas pouvoir être décrits par les mots, tellement cette douleur semble indicible.
Parfois cette douleur est si violente, que le rationnel ne peut rien faire.
Je sais que tu as confiance en moi, en nos enfants.
Tu me rassurais, des fois tu riais lorsque je te posais une question en me répondant mais enfin, tu le sais, tu n'as même pas besoin de me poser la question, moi je le faisais parce que j'adorais que tu me rassures.
Aujourd'hui lorsque je me pose ces questions, lorsque je me dis que tu ne peux plus y répondre, je me dis mais enfin, au fond de toi tu le sais, maintenant ma cocotte, tu vas devoir te rassurer toute seule.
Lorsque j'avais des doutes sur ce que nous devions faire pour accompagner au mieux nos enfants, tu avais l'art de trouver les mots justes pour que cela paraisse simple.
Nous passions des soirées entières à refaire le monde, j'adorais ces moments.
J'adorais nos moments complices, j'adorais les moments d'insouciance que l'on pouvait avoir, j'adorais ceux que pouvaient vivre nos enfants. Cette épreuve les a vraiment fait grandir, mais à quel prix!
Cette insouciance je l'ai perdue, la retrouverais-je un jour ?
Je ne savais pas ce que signifiait le mot adulte. Est-ce cela être adulte ?
Je vais continuer mon cheminement mais sans ta présence physique, sans ton odeur, sans tes mots, sans tes bras.
Dans les moments difficiles, tu étais toujours là pour moi, aujourd'hui je vis les moments les plus difficiles de ma vie, et je ne peux pas me rassurer sur ton épaule.
Parfois j'aimerai une accalmie dans cette souffrance, un moment de répits, mais c'est impossible.
Je sais que je dois en passer par là, que je n'ai pas le choix.
Nous regardions nos enfants grandir, je vais continuer à le faire mais sans toi.
Aujourd'hui leurs yeux émerveillés et leur rire me nourrissent, me ravissent, me réchauffent le coeur.
Tu m'as tant apporté, tant donné, que pour cela je me dois de vivre, ne serait-ce que pour continuer ton oeuvre.
Je te rejoindrais c'est sûr mais plus tard, j'ai encore beaucoup de choses à vivre, à découvrir, à partager.
Tu étais si doux, si tendre, si patient, si passionné, si créatif et j'en oublie.
Tu croquais la vie, tu ne voulais jamais passer à côté d'un moment de bonheur.
Tous les jours, il te fallait trouver des petits plaisirs, des petits bonheurs, tu refusais de ne pas profiter d'une seule journée.
Tu parlais de segments, tu disais qu'il était important de vivre chaque segment (et ne pas faire 18 choses en même temps) sinon pour toi, on ne profitait de rien, je n'arrivais pas à intégrer réellement ce concept, il a fallu ta mort pour que je le comprenne! Oui aujourd'hui j'essaie de vivre chaque segment, d'en profiter, lorsque j'y arrive, il m'est possible de passer de tendres instants, lorsque je fais un gâteau pour mes enfants, je fais uniquement un gâteau et là je retrouve le plaisir de cuisiner, le plaisir de leur faire quelque chose, d'entendre leur 'humm ça sent bon' lorsqu'ils rentrent de l'école.
Lorsque j'arrive à accueillir ma peine, c'est que je suis dans ce segment là. J'ai compris que ce chagrin faisait partie de moi aujourd'hui, et il m'arrive même de croire que je l'ai apprivoisé, (même si je sais que lorsqu'il est trop violent tout cela vole en éclat).
Je t'admirais, je continuerais à le faire. Tu étais mon mari, mon amant, le père de mes enfants, mon confident, mon meilleur ami, la seule personne devant qui j'osais me dévoiler, tu étais tout pour moi. J'ai perdu tant de chose avec ta mort.
Merci, merci pour tout, merci d'avoir partagé ma route. Merci de m'avoir aimée telle que j'étais, de m'avoir respectée dans ce que j'étais. Je ne veux pas que ma peine me fasse oublier tout le bonheur que cela a été de vivre à tes côtés.
Tu me manques, je t'aime.
Ta fleur