Bonjour à toutes et tous frères et soeurs de douleurs,
IL y a un moment que je n'ai pas écrit, depuis le lendemain de l'anniversaire de la mort de mon mari. Et il s'est passé tant de choses depuis. J'ai hésité et puis je me suis dit que je voulais partager cela avec vous.
Noël a été très difficile, heureusement j'avais mes petits, on a pu passer quelques très bons moments tous ensemble (rare vu l'âge et les études de mes enfatns), Noël dans ma belle famille a été annulé en raison du Covid et je peux vous dire que ça a été un grand soulagement pour moi. J'ai un peu trop bu à cette période je dois le dire, rien de dramatique mais clairement j'étais dans une fuite. Passé Noël je me suis sentie revivre, la météo était de la partie, les enfants, les amis en visite. Et puis une rencontre.
L'été dernier lorsque j'étais au fond du seau (mais moi au fond du seau, je reste tjrs combattive et surtout je me force à voir du monde, bouger), j'ai croisé un homme chez des amis communs, avec qui je m'étais très bien entendue, nous avions beaucoup de choses en commun. Cette rencontre m'avait juste laissé penser que la vie pourrait m'offrir des rencontres intéressantes un jour. A partir d'octobre on a échangé à distance (il vit à 4h de chez moi), et nos échanges se sont accélérés en décembre, je pense à la période où je vous ai écrit la dernière fois. Il est venu, sur un coup de tête, passer quelques jours chez moi avant le 31 décembre, avec ses 2 fils (qui ont l'âge de mon dernier). ON a passé de très bonnes journées, en famille, en amis, tout était simple naturel et très agréable. Pas de jeu de séduction, on était en pyjama au coin du feu avec nos tisanes, nos enfants, tout simplement. On a quand même passé bcp de temps tous les deux aussi. Le 31 il devait repartir ramener ses fils et passer le réveillon avec des amis, et là j'ai bien senti que je n'avais pas envie qu'il parte, et qu'il n'avait pas envie de partir. En route nous avons échangé, il m'a dit à quel point il avait envie de me revoir et... il est revenu, seul le 1er.
ça a été une explosion de tendresse, de sexe soyons claires qd même, de rire, de complicité.
Depuis nous nous voyons le plus souvent possible et c'est merveilleux.
Tout est facile entre nous, tout est évident et en même temps nous parlons beaucoup de tout, y compris de mon deuil, de mon mari.
Il me rend vraiment heureuse. Mon niveau de peine et de deuil ne s'est pas abasissé, en revanche mon bonheur est remonté à un niveau que je pensais qu'il n'atteindrait plus jamais. Avec lui je me sens plus légère, plus gai, plus forte aussi.
Nous savons que la vie peut nous jouer des tours, l'amour aussi, mais après tout nous voulons aussi saisir le bonheur quand il est là et ne nous mettons pas de frein.
Nous n'avons pas 20 ans, nous avons nos histoires, nos familles, nos vies d'ailleurs, et ce n'est pas plus mal car pour le coup je ne suis pas prête à partager mon quotidien, ni à recomposer une famille. Mais nous partageons de très bons moments, seuls mais aussi avec les enfants petit à petit.
Je n'ai eu aucun mal à e laisser totalement aller avec lui et dans ses bras (mais sans doute parce que nous nous connaissions déjà pas mal et venions de vivre plusieurs jours ensemble). J'ai eu un peu plus de mal à assumer de me promener avec lui, à sortir avec lui. Du mal aussi à assumer ses gestes de tendresse en public au début. Et puis... et puis je me suis détendue. Surtout quand j'ai vu le bonheur que ressentait mon entourage pour moi, y compris mes enfants qui ont été merveilleux. Les petits dans les actes et la manière dont ils l'ont accueilli. Les grands dans leurs mots, qui m'ont dit à quel point ça leur faisait plaisir.
Au début aussi j'étais assez chamboulée par le fait d'être en deuil et amoureuse. Mais finalement c'est lui qui m'a aidée à bien l'accepter je crois. J'ai pleuré dans ses bras plus d'une fois et je sais que je le ferai encore souvent.
J'ai quelques bouffées de tristesse immense parfois en pensant à mon mari, surtout en pensant au fait que je suis en train de vivre un nouveau bonheur, et que lui ne vit plus rien. Et puis, et je pense que seuls vous pouvez le comprendre, je suis très triste à l'idée qu'il ne connaisse pas cet homme (oui c'est là qu'on est folles quand même) ni cette partie de ma vie, lui sans qui je n'ai quasi jamais vécu.
Mais je ne ressens aucune culpabilité, aucune gêne. Depuis le premier jour, je veux vivre, et je pense que tout mon combat m'a amenée à cette rencontre aussi. Et quoi que cela donne dans l'avenir, je prends le bon.
Je ne pensais pas rencontrer un homme aussi vite, ni surtout que ce serait de suite une relation sérieuse.
De toute manière je ne pensais pas non plus me retrouver dans la situation de présenter un homme à mes enfants, de passer des we avec ses enfants etc. Mais nous avançons sereinement dans le respect de tous (nous avons bcp 'enfants à nous deux).
Cela n'efface pas l'immensité de ma peine, de mon manque, ma vie n'est pas devenue plus simple ou totalement légère tout d'un coup, mais moi je le suis un peu plus, j'ai souvent un vrai sourire désormais, et tout mon entourage le voit. Je fais des projets, je peux imaginer des vacances (même si les organiser m'est toujours lourd), je sens l'avenir s'éclaircir et s'éclairer. Et puis je vis des moments de pur bonheur avec lui.
Voilà. Je voulais tout de même partager cela avec vous, et avec celles et ceux qui pourraient me lire à l'avenir.
1 an et 4 mois aujourd'hui, la vie nous a joué un très sale tour mais elle peut aussi encore nous réserver de belles surprises.
Bon courage à toutes et tous,
Je ne viens pas souvent mais je pense à vous, et je viens lire de temps en temps,
Thérèse