Merci d'avoir donné ton expérience d'enfant ayant perdu une sœur. C'est très important en effet.
Si mon mari et moi avons décidé de nous battre pour vivre après le décès de notre fille, c'est parce que notre fils de 5 ans et demi à l'époque était là, On ne pouvait pas le laisser seul, on ne pouvait pas l'abandonner, on devait continuer à lui offrir une vie la plus "normale" possible. Quand on fait des enfants, on se doit de les guider, de les entourer d'amour tout au long de leur vie, on ne peut pas les laisser tomber. Je suis désolée de constater que tes propres parents n'en ont pas eu la force. Mais malheureusement, ce n'est pas donné à tout le monde de se sortir de son chagrin pour affronter de nouveau la vie.
Je suis heureuse que mon mari et moi fonctionnons de la même façon. Yoan a toujours son papa et sa maman. Et depuis il a eu un petit frère et un autre bébé arrivera au printemps prochain. Lui qui était un si merveilleux grand frère avec sa petite sœur, il était hors de question qu'il devienne un enfant unique. Pour notre bien à tous. D'ailleurs, dès le jour où Noémie est partie, il nous a demandé de refaire un bébé...
Je parle avec lui de sa sœur aussi librement que de son petit frère. Il n'y a aucun tabou chez nous, il peut tout me dire, et moi je peux pleurer devant lui parce que Noémie me manque. On ne se cache rien. Et même si on est en train de manger et qu'il nous pose une question sur son décès, on lui répond aussi naturellement que possible, on ne lui dit pas "Ce n'est pas le moment.". La première année nous sommes allés ensemble au CMP pour qu'il soit pris en charge par une psychologue. J'avais peur de passer à côté de quelque chose d'important, je ne voulais pas que mon fils ait des séquelles toute sa vie à cause de la mort de Noémie. Mais on m'a rassurée sur ce point, apparemment nous prenions les bonnes décisions. Ils ont d'eux-même arrêté les séances au bout d'un an.
Aujourd'hui je sens que Yoan est apaisé. Cela fait 3 ans et 4 mois que sa sœur est décédée, et pour ce Noël, lui qui a eu si mal l'année dernière, il l'attend avec impatience comme n'importe quel enfant.