Auteur Sujet: ET MAINTENANT  (Lu 132485 fois)

0 Membres et 2 Invités sur ce sujet

sofiana

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #75 le: 08 novembre 2012 à 19:41:12 »
Bonsoir à tous,
Et maintenant...ces quelques mots nous appellent à tous quand nous avons vécu un évènement dramatique comme le suicide d'un proche...Je lis vos témoignages:mari, enfant, frère ou soeur... il y a un avant, un pendant et un après, une fracture dans la vie de ceux qui restent...mon frère a voulu cesser de souffrir au mois de juillet 2012 et on comprend comment en l'espace de quelques secondes, nos existences basculent...chacun ses mots, chacun ses armes mais pour tous le même sentiment de n'avoir pas suffi.D'où la culpabilité...Mais j'ai tant vu mon frère mort dans sa tête tout en étant vivant parmi nous que je peux tout au moins le comprendre.La violence de son geste était proportionnelle à sa douleur de vivre.Ceux qui font le choix de partir ne le font pas à cause de...mais pour tout arrêter.Je connais la souffrance de la dépression et je sais comme ne pas en sortir est horrible.Revoir le jour après le noir de l'âme est merveilleux mais rester longtemps dans cette maladie car c'est une réelle pathologie est affreux. Gardons les souvenirs des jours heureux partagés avec eux, sachons revoir les joies et les jolies d'autrefois , nourrissons pour eux le présent dont ils ne voulaient plus. Nous les avons aimés, nous les avons portés, nous les avons soutenus , nous ne pouvions faire plus que cela. Je pense à toutes les étoiles du ciel qui n'attendaient que lui puisque les fleurs sur terre ne lui suffisaient plus... J'ai aussi une pensée pour vous tous qui traversez cette épreuve, ayez foi en l'avenir , au temps qui adoucit les souffrances et les peines... Courage

marie-o

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #76 le: 08 novembre 2012 à 21:29:32 »
Bonsoir à toutes et tous
Je pense avoir commencé à prendre mes distances avec la culpabilité et c'est l'attitude de ma famille (ma mère et mes soeurs principalement) et mon travail avec ma psy qui m'ont fait prendre conscience à quel point mon histoire familiale m'a induite là dedans, il me faut changer, tuer ce démon qui est la culpabilité de n'être pas la " bonne petite fille", de n'être pas la" bonne épouse", de ne pas être la bonne soeur"combien de fois ai-je entendu ma mère dire "je plains ton mari plus tard" et même s'étonner que c'est moi qui est eu le "gendre préféré" le "bon mari" et non mes soeurs et même maintenant je ne réagis pas bien je ne fais pas bien. mais c'est leur problème ça leur appartient; je sais qui j'ai été, ce que j'ai pensé, ce que j'ai fait ce que je suis ce que je pense ce que je fais et je vais continuer mon chemin, je ne sais où il va me mener , mais je sais où je ne veux pas aller.

Je viens de faire une formation  avec des collègues , et , lors de cette formation,  j'ai été amenée à présenter le travail et les outils que j'avais mis en place que je menais auprès des enfants depuis 6 ans dont un an avec 1 collègue, et , je ne m'y attendais pas du tout. Et le retour que j'ai eu par ma direction , c'est que la formatrice n'avait pas encore rencontré un projet aussi réfléchi où tous les points avaient été soulevés de respect, d'écoute, d'accompagnement,etc... et elle est partie de cela pour que nous montions un groupe pour étendre ce projet à l'ensemble de l'équipe ce que je souhaitai depuis longtemps faire un travail d'équipe dans le partage et l'échange.
Je n'ai pas recherché cette valorisation, mais finalement que dans mon établissement , mon investissement mon approche des situations mon analyse soient reconnues, cela me conforte dans mes choix et mes valeurs, cela me redonne une confiance que le geste de mon mari m'avait oté dans ma vie personnelle.

A l'heure actuelle, je suis dans le chagrin , dans le manque de lui de notre vie passée , la solitude commence à me peser, et , c'est un passage nécessaire et bénéfique, car j'étais comme arrêtée sur le 1er février, je n'arrivai pas à me remémorer les bons moments, alors petit pas par petit pas? mais que c'est ... les mots , je ne les trouve pas, ils sont coincés dans ma gorge comme le cri du 1er février, je suis comme étranglée j'ai mal à la gorge, c'est mon sentiment , mon ressenti physique, comme si mon mari m'avait" passé la corde au cou"

Bonne nuit à tous et toutes
Orchis

Hors ligne BLUEVELVET

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 291
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #77 le: 09 novembre 2012 à 09:16:40 »
Bonjour à toutes et tous,

Mariej et Meduse, le suicide d'un enfant n'a rien de comparable avec celui d'un conjoint, j'en suis persuadée et vous aussi vous avez mené des combats contre ce mal qui ronge, vous avez vécu ses journées où on ne sait pas comment elle va finir.

Sofiana, vous dites, j'ai tant vu mon frère mort dans sa tête, comme je connais bien cela avec cette impuissance à y mettre une infime lueur d'espoir.

Orchis, ce qui m'a énormément aidé durant ces années avec mon mari, c'est que je sais qui je suis, je faisais les choses pour moi et n'attendais pas une reconnaissance (qui de toute façon ne venait pas). C'est une force sinon la maladie m'aurait pris dans ses filets aussi.

Concernant la culpabilité, il m'est revenu en mémoire un noir mois de juillet d'il y a une dizaine d'années. Tous les jours durant trois semaines de long mon mari, en colère, me disait :"c'est fini, on va divorcer, j'ai contacté l'avocat, tu verras". Mon aîné avait tenté de parler avec lui à ce moment mais ce fut peine perdue.

Et, du jour au lendemain, plus rien. L'expérience m'ayant appris que s'il fallait reparler de cet épisode il fallait que ce soit mon mari qui entame la conversation, j'attendais donc qu'il en parle. Une bonne année plus tard, un soir où la maladie lui laissait un peu de répit, il en a reparlé, il m'a dit : je ne sais pas pourquoi je te disais cela, je ne veux pas divorcer, je suis bien. On dirait que j'ai des poussées d'hormones. Des examens médicaux ont été faits et se sont avérés normaux.

La question est : qui est coupable ? certainement pas mon mari, ni mes enfants, ni moi. La seule coupable, c'est la maladie, qui gâche tout. J'avais l'impression de vivre aux côtés d'un étranger très souvent. Nous sommes victimes tous et je suis convaincue que la culpabilité qui ronge ceux qui restent c'est la maladie qui continue son oeuvre. Elle a déjà tant détruit.

Désolée de raconter mes histoires mais c'est je crois un cas concret qui montre qu'il n'y a pas de coupable hormis la maladie.

Mon vécu a engrangé pas mal de situations, c'est ce qui fait que je n'ai pas de culpabilité aujourd'hui.

Même si ce n'est pas ce que nous aurions souhaité pour lui, mon mari (papa) est beaucoup mieux là où il est que sur terre où il vivait une non-vie. Même après un évènement heureux, il disait : bon maintenant je peux me foutre en l'air. Mes enfants partagent cet avis car ils ont aussi vécu les ravages même si leur papa (l'autre) leur manque terriblement.

Voilà si ce témoignage peut vous aider sur votre chemin.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
« Modifié: 20 mai 2013 à 08:51:59 par BLUEVELVET »
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

marie-o

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #78 le: 10 novembre 2012 à 09:53:21 »
Bonjour, Bluevelvet, et toutes et tous,

j'ai bien pris conscience que c'est la maladie psychique de mon mari qui est responsable de son geste

Mais la culpabilité que j'ai ressenti et que je ressentirai peut être de nouveau est un sentiment qui m'appartient et qui est lié à mon histoire, à l'éducation que j'ai reçue; à ce que m'ont transmis mes parents, ma culture. Je travaille sur cette culpabilité. j'ai eu beau savoir que je ne suis pas coupable, la culpabilité a surgi d'une manière violente et soudaine  , j'ai du partir de ce sentiment de culpabilité , pour le comprendre,pour m'en libérer, j'ai sans doute encore du travail à ce sujet ? car les racines de la culpabité sont bien ancrées en moi , régulièrement , je la revois pointer son nez sous d'autres formes, je ne me comporte pas comme il faut, l'attitude leurs propos des autres notamment de ma famille me renvoie cela, je me suis toujours beaucoup remise en question , je réfléchis au pourquoi au comment de ce que je fais et de mes choix. Je sais que pour avancer sur ce chemin difficile, je vais de voir m'ancrer solidement sur mes valeurs profondes et prendre ma liberté par rapport à la culpabilité.

J'ai trouvé cette phrase:
le destin du fruit est de s'offrir, or le destin des racines est de prendre,
 je réalise que j'ai perdu une de mes racines qui me nourrissait (mon mari et notre amour), je dois trouver en moi les ressouces nécessaires pour faire mon deuil et qu'un jour mon mari trouve une place juste dans mon coeur
Et j'ai une racine pourrie  (culpabilité) dont je dois me débarrasser pour pouvoir redonner de beaux fruits...

Mon mari est entré brutalement dans cette maladie , il y avait sans doute des signes précurseurs, mais je pense qu'il est entré en période maniaque en novembre de l'année dernière, il a sombré dans une dépression brutale en janvier et a été victime d'un raptus le 1er fevrier, il voulait se soigner, il avait mis en oeuvre ce qu'il fallait , un jour il était tellement mal , il a voulu aller aux urgences, je lui ai dit aux urgences oui, mais psychiatriques ,il a fait marche arrière, je sais que pour des soins en psychiatrie soient au maximum efficaces, il faut que la personne soit demandeuse à 100 pour 100 , je lui avais dit" si tu te fais soigner tu verras notre vie sera encore plus belle"

Nos histoires sont différentes, nous avons des personnalités différentes, nos relations avec nos disparus sont différentes, donc il est logique de réagir différemment, l'intérêt de ce site ,( c'est ce que j'entends et que je comprends), est que nous pouvons échanger partager nous nous sentons accepter tels que nous sommes avec notre travail de deuil que nous menons du mieux que nous pouvons . Le partage de nos expériences de nos réflexions m'aide beaucoup à avancer.

Bonne journée a vous tous
Orchis

Hors ligne BLUEVELVET

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 291
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #79 le: 11 novembre 2012 à 08:02:53 »
Bonjour à toutes et tous,

Orchis, je suis tout à fait d'accord avec vous même si nous sommes devant le même fait : le suicide de notre mari, nos chemins sont différents car nous nous sommes construites différemment.

Ce site est en lieu d'échange dans le respect de la douleur de l'autre et je vous remercie encore toutes et tous de ces échanges car ils nous permettent en premier lieu de voir que l'on n'est pas seul à souffrir, ressentir, vivre ce que nous vivons et aussi ils apportent une vision différente de choses qui nous permet d'avancer sur ce chemin.

Il y a une semaine un de mes enfants n'allait pas bien, j'ai demandé à son papa de l'aider. Mon enfant m'a dit que son papa lui a rendu visite une nuit de cette semaine, qu'il s'est assis sur le bord de son lit, qu'il était bien et qu'il lui a dit qu'il fallait qu'il vive. Mon enfant m'a dit que cétait un bel échange. Je reconnais bien dans cette situation le papa poule qu'était mon mari, je trouve cela très beau et cela me conforte dans l'idée qu'il est mieux maintenant.

Voilà le ET MAINTENANT de ce jour

Douce journée

BLUEVELVET
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

pouche

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #80 le: 11 novembre 2012 à 09:01:41 »
Bonjour à tous,
Je suis de nouveau pétrie de culpabilité dans cette période encore plus difficile puisqu'il y a un an mon mari avait disparu depuis le 8 novembre,nous ne savions pas où le chercher,et la police l'a retrouvé le 14 nov. dans un bois il avait mis fin à ses jours 3 jours après l'enterrement de sa mère et d'une dispute entre nous deux. Depuis il me manque horriblement, il manque à ses trois enfants et il me laisse bien, que ses lettres d'adieu nous parlent d'amour,dans une culpabilité qui me fait souffrir terriblement et me fait me détester au plus haut point.Nos enfants de 18 à 6 ans ont beau me dire que eux savent que je n'y suis pour rien,qu'on ne pouvait pas prévoir ce geste, que c'est uniquement un choix de leur papa je m'en veux tellement d'avoir été très en colère contre mon mari alors qu'il souffrait de la mort de sa mère.
Comme il est difficile de survivre à ce départ, moi aussi je lui demande de l'aide et s'il juge que je n'en suis pas digne qu'il vienne apaiser le chagrin des enfants car c'était lui aussi un bon papa qui ne supportait pas de voir souffrir ses petits.
Agréable journée à tous.
Pouche

Hors ligne BLUEVELVET

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 291
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #81 le: 11 novembre 2012 à 09:18:28 »
Pouche,

Ne soyez pas si dure avec vous même, il faut se faire douceur après tant de violence.

Nous aimons nos disparus et ils nous aiment également, les sentiments ne sont pas changés. Chacun à notre manière avec des hauts et des bas nous faisons notre dur chemin et je crois que nos disparus à leur manière aussi font leur chemin.

Ils sont là, ils veillent sur nous, ils sont sans doute aussi tristes quand nous n'allons pas bien et contents pour nous quand une éclaircie réchauffe nos coeurs.

Je vous adresse plein de douceur et d'empathie

BLUEVELVET
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

marie-o

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #82 le: 11 novembre 2012 à 21:41:00 »
Bonsoir Pouche,

Beaucoup de personnes autour  de nous vivent des choses impossibles, qui semblent insurmontables, douloureuses , il n'y a qu'à lire ce site, ce n'est pas pour autant qu'elles se suicident
Je pense que les personnes qui mettent fin à leurs jours ont une fragilité psychique qui leur est propre.
J'ai ressenti beaucoup de culpabilité moi aussi , mais cette culpabilité m'était propre, elle fait partie de mon histoire de mon éducation , il n'y a rien d'anormal à ressentir de la culpabilité, c'est un sentiment qui apparaît souvent dans les situations de deuil , de tous les deuils
il est tellement difficile de voir les choses quand nous sommes au coeur de la tourmente, et , si nous avions perçu le problème aurions nous pu changer quelque chose , rien n'est moins sur....
Je vous souhaite beaucoup de courage pour affronter ce sentiment de culpabilité, pour l'analyser pour le surmonter, je sais combien il fait mal
, je pense à ce sentiment de détestation que vous éprouvez à votre égard, d'où vient il? Ne l'avez vous jamais éprouvé avant le geste de votre mari?
Quand je vous lis , je pense à cette période où j'avais honte et où je me sentais coupable d'éprouver de la colère et de la haine contre mon mari Quand j'ai réalisé que c'était normal que j'éprouve de la haine et de la colère contre la personne qui était le meurtrier de l'homme que j'aimais et du père de mes enfants , bien que ce soit la même personne, j'ai avancé d'un grand pas.
J'ai été en colère contre mon mari les 2 semaines avant son suicide, bien qu'il sombrait dans la dépression. Et , j'ai bien pris conscience que c'est cette période dépressive qui l'a amené à ce geste ultime et non ma colère

Bon courage
Amicalement
Orchis

pouche

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #83 le: 12 novembre 2012 à 15:36:54 »
Bonjour,
Merci de vos réponses et soutien. Je ne ressens aucune colère contre mon mari,je n'ai que culpabilité et souffrance pour lui,je me dis que sans les mots parfois durs que j'ai prononcé durant cette dispute il serait encore là et je me hais de les avoir dit sous le coup de la colère. Pourtant même la psy. qui a lu sa lettre d'adieu m'affirme que ça n'a rien à voir,mais je souffre qu'il soit parti avec l'idée que peut-être je n'avais plus de sentiment pour lui. La simple idée que peut-être cela l'a poussé a mourir me fait me détester terriblement,j'ai parfois honte devant mes enfants d'être peut-être la cause qu'il n'ait plus de père, je souffre pour eux,pour lui. J'arrive à en oublié tout le bien que je faisais aussi pour lui. Je ne suis pas en colère contre lui,contre le meurtrier de mon amour comme vous Orchis,car j'ai tellement le sentiment d'être ce meurtrier.Je ne sais que faire pour apaiser ce sentiment. A côté de cela je me bats pour mes enfants,je veux leur fait une belle vie et adoucie cette tragédie mais intérieurement je suis en conflit perpétuel avec cette culpabilité.
Bonne journée à vous tous

Pouche

Hors ligne BLUEVELVET

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 291
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #84 le: 12 novembre 2012 à 19:37:19 »
Bonsoir Pouche et vous toutes et tous,

Si cela peut vous aider : ceux qui mettent fin à leur jour nous laissent avec des énigmes insolubles et tout particulièrement restera toujours énigme la "cause" de leur geste, tout ce que l'on peut imaginer n'est que supposition car nous ne sommes pas dans leur tête, c'est très difficile à admettre. Ils ont une telle souffrance en eux que l'on ne peut en imaginer l'intensité. Ce sont des êtres avec une immense souffrance que l'on ne peut soulager.

Vous avez vécu des belles choses avec votre mari, c'est cela votre moteur, c'est avec cela qu'il faut avancer et pour vos enfants aussi. Tous les couples se disputent même avec des mots que l'on regrette après mais toutes les disputes n'aboutissent pas à un suicide.

Vous n'êtes pas le meurtrier de votre amour. C'est votre amour qui s'est tué pourquoi ? nul ne le saura jamais.

Je pense bien à vous et vous adresse toute ma douceur

BLUEVELVET



On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

marie-o

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #85 le: 12 novembre 2012 à 21:48:47 »
Bonsoir Pouche et tous et toutes,

Je n'éprouve plus de culpabilité ni de haine ni de colère contre mon mari.

Mais de comprendre ce qui motivait ces sentiments m'ont aidé à les dépasser.

Bluevelvet , à mon sens, explique très bien les choses.

Si j'ose un conseil, continue d'exprimer ici tes ressentis et cherche encore plus loin avec l'aide ta psy le pourquoi de ces ressentis.
quand mon ainé exprime de la culpabilité , il a vu son père, il l'a quitté à 6 h55 moi le trouvant à 7 heures 35, il se reproche de n'avoir pas pris le temps de l'écouter, il se culpabilise de lui avoir dit je suis pressé, etc... Il n'y est pour rien . Mon cadet la veille à envoyé son père  bouler, car il voulait voir ses copains .à 21 ans , il n'y arien de plus  normal... Il culpabilise Quand je lis le fil de cette jeune fille Choumi, qui s'est disputé avec son père, et son père s'est suicidé peu de temps après , il est très clair qu'ils ne sont pas coupables, tout comme toi. Mais ce sentiment de culpabilité est là , il existe , retourne le dans tous les sens pour l'expulser? je sais combien c'est difficile, mais je sens en toi les capacités à le faire, le deuil par suicide est un deuil particulier et il nous demande de puiser dans nos ressources les plus profondes et il nous prend une énergie inmesurable, alors prend soin de toi , accorde toi des petits moments de douceur.
Amicalement
Orchis
« Modifié: 12 novembre 2012 à 22:23:45 par orchis »

Hors ligne BLUEVELVET

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 291
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #86 le: 14 novembre 2012 à 06:02:27 »
Bonjour à vous toutes et tous,

Pouche, avez-vous trouvé un petit apaisement dans vos questionnements ?

Je suis passée au cimetière, de nouveau c'était un moment très doux, très tendre.

En ce moment, je termine les retombées des démarches administratives. Je prendrai rendez-vous avec le centre des impôts pour le début de l'année car j'ai peur de faire des bêtises dans les déclarations.

J'ai pris rendez-vous à la banque pour souscrire une assurance vie (ce sera hors succession pour les enfants) et une garantie obsèques comme cela nos enfants n'auront pas ce souci là quand je serai très très vieille et que mon tour viendra de les quitter (le plus tard possible).

C'est aussi un des aspects de ce chemin où l'on acte qu'il n'y a plus qu'un seul parent pour nos enfants.

Douce journée

BLUEVELVET
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

mariej

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #87 le: 14 novembre 2012 à 14:49:32 »
Bonjour à vous toutes et tous,

Pour revenir à la culpabilité, durant les mois qui ont suivi le suicide de mon fils, j'ai ressenti beaucoup de culpabilité car mon fils a essayé de me joindre au téléphone 2 h avant de passer à l'acte, j'étais déjà en ligne et je n'ai pas vu qu'il avait appellé et donc je ne l'ai pas rappellé; je me sentais très mal avec ça, je croyais que j'aurais pû l'empêcher de faire son geste si je l'avais eu au téléphone, mais en fait je n'aurais rien empêché du tout car j'étais loin de soupçonner qu'il était si mal, il ne le disait pas.

Quelqu'un m'a raconté qu'un couple d'amis proches de lui avait perdu son fils par suicide aussi, 1h avant il avait appellé sa maman pour lui dire qu'il arrivait déjeuner comme prévu, ses parents l'ont attendu, sont allés chez lui et l'ont trouvé pendu (comme mon fils)...

Ce jeune-là quand il a appellé sa maman savait qu'il lui disait au-revoir, ou plutôt adieu, ou tout du moins, il avait envie d'entendre la voix de sa maman une dernière fois, on ne sait pas, mais sa maman ne pouvait pas l'empêcher car elle ignorait aussi la suite tragique....

Ce fait m'a consolée, et m'a fait comprendre que bien que je sois une maman proche de mes enfants, je ne peux pas tout savoir, ni maîtriser leur vie, que je n'y pouvais rien, il avait sûrement pris sa décision, là aussi je suppose, je ne sais rien....

Ce qui est vrai c'est que le deuil après suicide est difficile car il nous laisse avec les questions de celui qui est parti, qui n'a pas pu les résoudre lui-même, ce n'est pas nous qui allons y arriver, mais on essaie et on ne trouve que des bribes de réponses. Pour avoir la paix, je pense qu'il faut arrêter de se torturer puisque nous n'y pouvons  rien, nous ne sommes pas tout puissants sur nos proches et heureusement!!!

Bonne fin de journée à toutes et tous

pouche

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #88 le: 14 novembre 2012 à 15:19:58 »
Bonjour à tous,
Merci Orchis,merci bluevelvet de votre soutien.Un an jour pour jour les policiers allaient d'ici quelques heures m'annoncer qu'ils avaient retrouvé le corps de mon mari. Cette nuit j'ai été réveillé par cette scène que je vivais de nouveau dans mon sommeil. Là c'est le chaos,le cri de ma fille de 15 ans qui hurle pourquoi il a fait ça,mon fils ainé qui est pétrifié de douleur et mon petit bonhomme de 5 ans qui semble vouloir se faire tout petit pour ne pas compliquer les choses.Dans ma tête tout se bouscule il est parti à 13h00 a déposé notre petit garçon à l'école et est parti dans ce bois mettre fin à ses jours pourquoi.....Et depuis c'est presque sans cesse Et si ,et si et si ...et cela fini toujours par si j'avais plus ceci ou plus cela,moins ceci ou moins cela......Je ne peux me résoudre à admettre qu'il est fait ce choix d'abandonner sa famille,qu'il nous aimait trop pour cela et donc mon raisonnement se termine sans arrêt par effectivement son amour pour nous était grand,si grand que ma dispute l'a terriblement affectée et il s'est supprimé à cause de moi. Je suis alors hyperactive pour ne pas sombrer,ne pas laisser la place aux idées sombres et dangereuses. Peut-être qu'avec le temps je vais trouver un apaisement.
Bonne journée à tous.
Pouche

Mammj

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #89 le: 14 novembre 2012 à 17:17:50 »
Bonjour à toutes et tous,

Après vous avoir lues, je constate que la culpabilité est un sentiment incontournable après le suicide d'un proche, qu'il soit exprimé
latent ou géré, voire résolu qui sait avec le temps....

Sur mon fil principal, j'ai mis un extrait d'un article où il est expliqué que la culpabilité paradoxalement serait structurante pour l'endeuillé... Je demanderai à ma psy ce qu'elle en pense.

En attendant, pour beaucoup d'entre nous, pour ceux qui restent et notamment les enfants, l'incompréhension règne et que dire du chagrin qui pour ma part m'épuise depuis 16 mois, que je dois gérer au mieux les rares moments où je vois ma petite-fille de peur que  le père ne l'éloigne de moi.

Sur le lien que j'ai indiqué, on peut lire la totalité de l'article, il y est noté que plutôt que d'être auditionnés de devoir répondre à des questions,  il serait préférable qu'on soit à notre écoute, qu'une aide nous soit proposée !  Or, il nous appartient de  la chercher....
Pourquoi en effet, ne pas nous donner des adresses dans toutes ces instances par lesquelles il nous faut passer au lieu de nous laisser non seulement meurtris mais complètement démunis face à  un tel drame ? Ce n'est pourtant pas compliqué !

Ayant perdu ma seule fille, moi aussi je dois penser à régler certaines choses de manière à ne pas être un souci pour ses deux enfants le moment où je partirai....

De tout coeur avec vous et pensées chaleureuses.
Mammj



« Modifié: 14 novembre 2012 à 17:21:44 par Mammj »