Bonjour Kate.
Mon compagnon est parti le 5 juillet, j'ai repris le 20 août, en traînant les pieds.
Après quelques semaines, je suis convaincue que c'était une bonne chose. Quand on réussit à faire abstraction des attitudes redoutées des collègues : ceux qui disent bonjour d'un air gêné et se détournent, ceux qui ont un geste, ceux qui embrassent, ceux qui viennent dans votre bureau alors qu'on ne voudrait voir personne (et paradoxalement, pas ceux qu'on aurait imaginés, d'autres... qui savent ce que vous vivez parce qu'ils ont vécu la même chose et témoignent, empathiquement, pour vous...), on trouve un léger soulagement à avoir l'esprit occupé par "autre chose" durant quelques heures. J'arrive même à "ne plus y penser"... mais je cours chez moi le soir car je sais qu'il est là, tout mon appartement est imprégné de sa présence.
J'ai besoin aussi de ces plages d'isolement, pour me sentir avec lui, lui parler, dans tous les gestes que je fais chez moi.
N'empêche que, effet des anti dépresseurs peut-être, je me sens comme "anesthésiée", et j'accomplis comme un zombie tout l'emploi du temps quotidien. Comme un automate se lever, préparer le petit-déjeuner, s'habiller, partir travailler... "faire comme si", toute la journée, reprendre les mêmes gestes automatiques le soir, et se réfugier seule sous la couette en se disant qu'une autre journée a passé...
C'est peut-être la répétition automatique de tous ces gestes, de toutes ces "occupations", travail compris, qui restructure notre psychisme un minimum, à défaut d'alléger la souffrance. ça me semble important pour avancer, sans en faire trop non plus, pour ne pas se perdre de vue ni repousser le chagrin et la difficulté du deuil "à faire", en se noyant dans une hyperactivité qui ne masque la réalité qu'un temps...
Il faut arriver juste à trouver cet équilibre entre occupations obligatoires, et occupations loisirs, si tant est qu'on en ait encore le goût.
Je t'envoie de douces pensées.