Bmylove (c'est beauuu…)
Un long msg..pas facile de résumer … Voilà juste une tentative...sans imposer quoi que ce soit …!
En réponse à ta question posée je ne sais plus où (pardonne-moi…je ne la retrouve plus.., je suis ex-té-nuée)
"
Si quelqu'un avait eu des relations conflictuelles qui ont abouti à un suicide"
Et non, cela n’a pas abouti à un suicide..mais il y a d’autres maladies qui sont une dégradation mentale puis physique de la personne qui aboutit à leur mort…
OUI nous avons eu des relations conflictuelles…j’ai 66 ans et il avait 80 ans, c un remariage (depuis 12 ans). Mon mari était très peu loquace sur ses émotions et j’ai essayé maintes fois de le faire s’exprimer sur ses ressentis…impossible. Quelques bribes parfois…
Il me disait «
j’ai du coffre »..et ta phrase à propos de ton mari «
C'était une machine à encaisser les coups. Sans broncher. Jusqu'au coup fatal. »…je vais dire pour mon mari « il disait, qu’il avait du « coffre » pour encaisser… jusqu’au moment où il a commencé à déprimer…et sa santé s’est dégradée »
Non, je ne pense pas que nos maris étaient des « machines à encaisser » ou avec « du coffre »…je pense qu'ils se le faisaient croire à eux-mêmes.et nous le faisaient croire……
Pour mon mari, il a vécu très jeune la guerre 40-45, le rationnement, les bombes, les alertes + éducation de l’époque « l’homme est fort et ne pleure pas ». Dooonc traumatismes très lourds, qu'il a dû occulter, et puis il n’a pas appris à exprimer ses émotions. Pour Bruno, ce serait dû à son éducation ? Famille où l’on ne s’exprimait pas d’où les enfants « apprennent » tacitement qu’on ne parle pas de soi etc ( ?). Donc il n’a pas pu parler de la mort de ses parents et encore moins de sa culpabilité à ce propos-là ni t’exprimer la/les raisons pour lesquelles il allait mal. Idem pour mon mari…
Résultat, nous avions de grosses disputes et je criais aussi, car il me poussait à bout de par ses silences lorsque je lui demandais de « découdre » le conflit en voyant nos propres torts à chacun, et les blessures qu’il m’infligeait ( et que je lui infligeais aussi…) avec des réponses sur des tons secs et méprisants, ou il tirait la tête, même au resto il ne faisait aucun efforts, il ne parlait pas aux voisins de notre immeuble etc. ET le plus dur, il avait des colères fulgurantes, soudaines que tout le voisinage entendait…Il me faisait très peur…
Pourtant il riait de mes blagues, il m’a appris beaucoup de choses (très érudit + il réparait tout et m’a tout appris..). Un homme généreux, bon, aimant et doux …Sauf quand…qqch le « piquait »..BOUM. Je lui disais « la guêpe t’a piqué ? »…
J’ai voulu divorcer …alors il pleurait et disait la même chose qu’il ne pouvait pas vivre sans moi (ses amis me l’ont répété)…oui mais… il me faisait souffrir et continuait ses colères fulgurantes, il ne l’a admis que quelques rares fois. Les dégâts étaient là en moi cependant, j’aimais mon mari mais je le « craignais »…
Tu dis bien
que ton mari a eu des soucis au travail……et .".
De doux et bienveillant, il devenait hostile, parfois humiliant » Idem pour mon mari et de plus en plus fréquemment, les dernières années
«
Soit j'ai ouvert les yeux, soit il a basculé » Idem pour mon mari ?
«
toujours est-il que je n'ai plus pu contenir ses angoisses » Idem. Je me suis rendue compte que celui qui avait « du coffre » était foooort angoissé….mais il ne l’admettait pas.. que faire alors ? Si je lui demandais « tu es inquiet pour qqch ? ».. « NON »…je « sentais » bien qu’il mentait mais …
…..Nous ne sommes pas des psy ! et c’est la seule chose qui m’aide, ..un peu… à sortir de la culpabilité. Je me reproche de ne pas avoir « vu », compris qu’il déprimait mais je ne suis pas un DEVIN non plus ! Si l'autre ne parle PAS, on peut (nous donc) voir le visage fermé, yeux tristes, marche nonchalente, etc. et « sentir » que qqch cloche mais le « silence » de l’autre, ses traumatismes enfouis, nous ne pouvons PAS les deviner comme étant la cause de leur dépression… ! impossible. En plus, ton mari ne disait pas tout à la psy …et mon mari a vu 5 fois son psy …bien…(1) il ne m’en parlait pas et (2) rien n’a changé… (
)
Je te cite « .
Il a perdu les pédales en qq mois. Il me sommait de rester avec lui coûte que coûte, mais j'y laissais ma peau, et ma fille aussi. » OUI !
OUI tu y laissais ta peau et ta fille aussi….
J’ai fort maigri, tu sais, à la suite de ces nombreuses querelles sans résolutions « en adulte » dirais-je et je m’épuisais à arriver à « OK je me suis planté(e), « suis désolé(e) » « Mes excuses » « j’ai mal compris ce que tu voulais dire » …etc. Cela était impossible pour mon mari… Je blessais un « enfant en lui » qui avait eu des blessures X ou Y enfouies dont il était inconscient et boum. Donc j’ai voulu divorcer, il était anéanti. OK je restais et rebelotte. Une séparation temporaire ? Pas question !
Est-ce que tu te rends compte que nous sommes restées « pour eux » en fait. Donc, comme tu dis « tu y laissais ta peau et ta fille aussi »….pour…lui et moi pour mon mari..alors que rien ne changeait dans leur comportement voire même cela s’aggravait et on continuait « d’encaisser ».
Un jour j’ai bien regardé une photo, prise il n’y a pas longtemps, nous étions quelque part et on nous a pris en photo. Nos têtes…d’une tristesse tous les 2…cela devait à la « sortie » d’une des nombreuses disputes ( ??).. j’ai eu peur de nous voir ..
Entretemps, j'ai eu des moments "magiques" avec cet homme...donc évidemment que je ne pensais plus du tout à la séparation.. il faut rester "juste"..il était très difficile et puis merveilleux… Très difficile à vivre, ma santé s'en est ressentie très fort..
Je te cite «
Ma fille (23 ans) a assisté à certaines disputes et TS. Elle ne veut parler de rien, mais j'ai peur qu'elle m'en veuille en silence (elle m'a entendue crier beaucoup.) Elle a vécu l'enfer, elle aussi. Encore un fardeau à porter ».
Qui sait, peut-être que non, elle ne t’en veut pas mais elle ne sait peut-être pas te « parler » et son silence n’est pas une accusation, elle est peut-être démunie devant ce drame qu’elle ne s’explique pas … ( ?)… Je pense qu’il faut « vivre » dans un couple pour comprendre, alors, réellement, que c’est trèèèèèèèèèèèès compliqué et source de conflits venant de part et d’autre… Elle n’est peut-être pas encore en couple et ne sait pas encore les énormes difficultés psychologiques que cela engendre
Ce qui est insupportable, me répète, c’est qu’ils avaient des moments formidables .. Peut-être peut-on comparer cela à Dr. Jekyll et Mr. Hyde…Ce Docteur paisible, le jour, devenait un monstre, la nuit.
Et alors plus question pour moi de partir évidemment ! Et ces moments-là, on les idéalise lors du deuil. La psychologue (dont parle le Webmaster et que j’ai repris dans mon copier/coller de mon post) l’explique bien.. avec le temps ne restent que les bons moments alors
BONJOUR la culpabilité !!!!!!
Quand il était à l’hôpital puis plus tard dans une Maison de Repos et de Soins, il pouvait encore me parler très méchamment alors que j’étais sur la route tous les jours, crevée, affolée de le voir dépérir, pleurer en rentrant, faire les courses, avaler mon souper avec un lance-pierres tant j’étais KO… Je le massais ses pieds, mollets, jambes, bras (car la kiné était absolument incompétente), je le rasais, le coiffais, coupais ses cheveux, champoing (personne ne lui lavait les cheveux), coupais ses ongles, je le chouchoutais. J’ai même dû pallier aux « défaillances » du personnel hospitalier et de la Maison de Soins … !!! Mettre l’urinal, l’enlever, essuyer mon mari, idem la panne, la placer (dur dur ! sans lui faire mal, je n'y connaissais rien moi au métier d'infirmière !!!), l’enlever et laver mon mari, mettre l’aérosol (il avait chopé une maladie nosocomiale évidemment ( !), l’aider à manger (les infirmières déposaient le plateau et s’en allaient..merci).
J'ai perdu 8 kgs en 7 mois..
Je lui répétais tous les jours « je t’aime, je suis là près de toi, je ne te quitterai jamais. Tu m’entends bien ? » et il disait « oui » et souriait. Jusqu’au bout il a « su » que je l’aimais et il a senti ma présence et mon amour, mes « soins soins »…ça me fait pleurer…pfffff
Mon mari ne s’est pas suicidé mais cette longue maladie …( ?)..ce n’est pas anodin….
Pas si longue que ça, en 7 mois il s’est dégradé….une torture..
Je vais citer Mircea, ça m’aide ce qu’elle dit : MERCI Mercia
C'est moi qui ai souligné car cela adoucit ma culpabilité
"
J'aurais aimé faire plus, faire mieux mais je sais aussi que j'ai fait tout ce que je pouvais faire, avec ce que je suis : mes capacités, mon amour et mes limites. Et même si j'avais réussi à faire mieux, plus ....ça n'aurait pas suffit : je ne pouvais pas être et faire à sa place : il était abîmé par tout ce qu'il avait vécu, il était plein de souffrance, de culpabilité »
J'ajoute "et d'angoisses ..dont ils étaient incapables d'en parler tant cela était "enfoui" très...profondément en eux…."
On appelle ça "l'occultation" que seule l'hypnose peut mettre au jour.
Je termine en répétant les mots « baumes » de Mircea :
je ne pouvais pas être et faire à sa place : il était abîmé par tout ce qu'il avait vécu
Des bisous à profusion Bmylove et à toi Myrcia