1er Juillet.
Où sont passé avril, mai et juin ?
3 mois dans 3 jours que le monde s'est écroulé, 3 mois dans 3 jours que nous avons disparu de la planète, toi et moi.
C'est de l'angoisse à haute dose que je ressens aujourd'hui, mais c'est de ma colère que j'ai envie de parler.
Une colère brûlante et persistante, qui a débuté... sûrement dans mon enfance.
Cette colère a explosé début février, détruisant sur son passage mon peu d'estime de moi.
Elle a foncé droit sur toi, mon amour, et ne t'a plus lâché.
Elle a changé brutalement de cap le jour de l'apocalypse.
Elle s'est dirigé droit sur moi, focalisée, condensée, transformée en une menace permanente. Un vrai cyclone.
Je me persécute moi-même. Ce serait drôle si ce n'était pas si dévastateur sur le plan psychique.
Je me pose des milliards de questions auxquelles je ne peux pas répondre, et je me regarde souffrir sans rien faire.
Je ne sais pas me consoler, et encore moins me pardonner de ne pas avoir été à la hauteur de mes propres exigences.
Je m'inflige ce que je t'ai infligé, je me punis sans doute.
Mes activités quotidiennes ?
Ressasser, chercher des indices qui pourraient m'alléger du poids que tu m'as laissé.
C'est épuisant, mais parfois j'arrive à me souvenir du mal que tu m'as fait, et je me dis que ma colère contre toi était légitime.
Elle se détourne alors un peu de moi, elle te cherche, mais elle ne te trouve pas et revient vers moi.
Un vrai chien de chasse, un chien pas très obéissant, qui ne lâche pas sa proie quand on le rappelle.
La proie a beau être à bout, montrer qu'elle est blessée mortellement, il continue à la poursuivre.
Il va falloir lui apprendre à obéir, à cette colère, à rester au pied de son maître, à n'attaquer que quand on le lui demande.
Mêlée au chagrin, la colère devient féroce, elle devient culpabilité. Je voudrais tant n'avoir que du chagrin.
La colère s'est invitée sans rien demander, elle s'est imposée, et ne veut pas me lâcher.
Elle me prend toute mon énergie, me paralyse, et en même temps elle me maintient en vie.
Si elle disparaît, il ne me reste qu'un chagrin immense, vertigineux.
La colère est la barrière qui m'empêche de regarder au fond du gouffre.
Elle est la preuve que je suis en vie.