Merci pour ce joli témoignage Bmylove
J'espère que tu as gardé des crêpes bien chaudes, tartinées de confiture et de sirop d'érable.
C'est une beau moment de recettes que tu prends plaisir à faire, c'est bien! Même si bien évidemment cela te convoque à des souvenirs avec Bruno. Tu remarqueras qu'il y a peut être un petit pincement au coeur (avec en toile de fond un soupçon de regret et une pincée de culpabilité, on ne se refait pas ;-)) mais que ce souvenir d'un moment partagé est positif.
Très compliqué ces derniers instants qu'on ne cesse d'imaginer. On évite de trop s'en approcher aussi, par peur de rencontrer quelque chose de terrifiant. Car c'est aboslument terrifant, on ne parvient même pas à se mettre à leur place.
J'ai une amie psy, mais cela ne fonctionne pas dans le cas de Bruno, qui me disait que lorsque la personne a intégré la décision de mourir, elle peut même être joyeuse ou en tout cas sereine, car elle a enfin accès à la solution à son mal qui la ronge. Cela peut complètement désarçonner les proches.
Je pense que Ludovic a agit avec une grande détermination, avec peu d'angoisse, beaucoup de maîtrise. ("j'en ai assez, plus rien de me raccroche à la vie, je m'en vais... mais pas seulement car le mode opératoire et la détermination me font penser quand même à une immense souffrance).
C'est effrayant la notion d'automate : le fait de se dire qu'ils ont méticuleusement tout préparé.
La question à laquelle tu auras peut être du mal à avoir une réponse, c'est : est ce que Bruno voulait te faire du mal, t'atteindre, en t'appelant. Je pense qu'il y a un peu de cela. En tous les cas, il te voulait un peu sous sa coupe, en mettant en place un appel ultime (ou un chantage?) assez terrifiant.
Mais peu importe : se rappeler de ce qu'il t'a apporté et essayer de penser aux beaux souvenirs.
Encore une fois, si tu avais réussi à le sauver cette fois-ci, comme les fois dernières, interroges toi vraiment de savoir si cela aurait tout arrangé. Il n'est pas forcément sain de se projeter dans un futur qui n'aura jamais lieu, mais il semble que la souffrance de Bruno et la tienne aussi, n'aurait pas été réglée.
L'essentiel est de déguster (avec ta fille?) ces très bonnes crêpes pour vous remonter un peu le moral, vous en avez bien besoin!
Et vous avez même le droit d'en manger jusqu'à plus faim!
De mon coté, j'ai réussi à monter mon lit qui trainait en carton depuis presque trois semaines. Je m'approprie doucement les lieux. J'étais un peu apeuré quand le lit était terminé, car la position et la dimension de la chambre m'a rappelé celle ce Ludovic. Bon... je vais essayer de m'approprier doucement les lieux et de ne pas me rajouter encore des blocages...
Un petit peu de reppassage et ensuite peut être un DVD pour me distraire un peu.
Comme tu le vois, on reprend doucement goût à la vie et on parvient à se réintégrer dans un quotidien.