Marie Lise Labonté (extrait article INREES
mon mari s’est fait tuer sous mes yeux [il a été assassiné en République dominicaine, lors d’un cambriolage, NDLR]. J’ai tout perdu, pour tout retrouver par la suite... Ce fut un grand test de foi. Tout ce que j’ai canalisé m’a aidée à saisir le sens d’un départ aussi violent. Si cela ne m’appartenait pas à un niveau, j’étais quand même cocréatrice ; cela s’est passé dans un quotidien que je vis.
Vous aviez eu des prémonitions, écrivez- vous dans Derrière le rideau (livre) ?
Oui, c’est incroyable ! Je n’en ai plus eu après. Durant le mois qui a précédé l’assassinat, j’ai eu des flashes, des maux de tête. C’était très fort. J’avais averti mon mari que quelque chose de grave allait arriver. Le soir où il a été tué, j’avais très mal à la tête. Il m’a fait du reiki, mais ça ne passait pas. J’ai pris un médicament qui m’a assommée. C’est pour cela que je ne me suis pas levée pour ouvrir à l’assaillant.
Vous étiez cachée derrière un rideau quand vous avez entendu une voix qui vous disait : « N’y va pas, c’est trop tard, il est mort »...
Et cette voix a ajouté : « Occupe-toi de la vie ! » Là, j’ai compris les prémonitions. Tout est devenu clair ; mon mari allait mourir et je devais rester cachée pour survivre.
Vous nous aviez confié, dans un entretien réalisé avant cet événement tragique, que l’enseignement phare de votre parcours est que la vie est mouvement et la mort aussi. Est-ce toujours le cas ?
Oui, plus que jamais, je pense que cela procède du même mouvement. La vie, la mort, c’est la même chose. Avant ce drame, mes amis d’en haut l’enseignaient, les gens m’en parlaient, cependant, je n’arrivais pas à saisir ce que cela signifiait. Là, je l’ai bien compris. Mais pas intellectuellement, je l’ai vraiment saisi dans mes cellules.
Ce don de médiumnité qui vous est « tombé dessus », comme vous l’écrivez, vous a-t-il aidée à établir un contact avec votre mari défunt ?
Non. Ce qui m’a aidée, ce sont les rêves. J’ai fait vingt et un rêves où j’étais Isis et je recollais les morceaux de mon mari, qui était Osiris. Jusqu’à le rendre « correct ». C’est un nombre symbolique pour moi : à 21 ans, je suis tombée malade. Ça a donc été vingt et un rêves de guérison. Mais au réveil, c’était dur... Par contre, j’ai significativement diminué la médiumnité pendant deux ans pour ne pas mourir, car j’ai des transes profondes où je quitte mon corps, et ma corde d’argent s’étire, s’étire... Je sais comment je pourrais la couper, mais je ne veux pas être tentée d’aller le rejoindre. Mon job, c’est de continuer, ici !
Que pensez-vous de la vie après la mort ?
Je suis prête à la vivre, cette autre vie (elle rit). J’ai tellement aidé de gens dans le passage. Je donne d’ailleurs des cours de psychoénergétique de l’accompagnement aux mourants. En transe, je connais ce passage, mais je reviens. Je n’ai donc aucun doute sur la vie après la mort. J’ai traversé le Royaume des Morts, je suis allée de l’autre côté de la rive... Mais j’ai été accueillie par les cerbères qui, eux, ne m’ont pas laissée entrer, car je ne suis pas morte.
Dans Derrière le rideau, vous écrivez qu’après l’assassinat de votre mari, tout a changé, la transformation a été cellulaire...
C’est comme si « qui » j’étais avant n’était plus. J’ai réhabité ma vie de façon complètement différente, dans l’attitude, dans le regard. C’est difficile de mettre des mots dessus... Après deux ans de deuil très difficiles, je suis peu à peu rentrée à nouveau dans la vie. C’est là que j’ai pris conscience que je n’étais plus la même personne. Encore une fois ! J’en ai vécu, des vies... Mon premier réflexe à présent est de dédramatiser ce qui nous arrive dans la vie, même si c’est douloureux. L’important est de trouver la clé pour libérer les souffrances. Et revenir à l’essentiel.
Quel est cet essentiel ?
Vivre et aimer. L’amour est ce qu’il y a de plus fondamental, de plus guérisseur. Je le pratique consciemment tous les jours.