https://www.lebelage.ca/sante-et-mieux-etre/psycho/la-vie-sans-lautre?page=all La solitude du conjoint en deuil.
Un jour la maladie est venue, par surprise. Et tout d’un coup le temps s’est accéléré, avec ce lieu qui devient une seconde demeure : l’hôpital. La douleur vient laminer les temps d’intimité. La technique des soins se focalise sur une partie de ce corps défaillant, oubliant l’unité de l’être de celui qui souffre. Au retour des visites, la maison est vide, ou bien encore, les enfants nous attendent. Impossible de rétablir ce qui se vit en couple : parler le soir de ce qui a été important dans notre journée.
Un jour le temps s’arrête. Torpeur après le dernier souffle. On savait s’être engagé pour le meilleur et pour le pire au temps de l’amour aveugle, mais l’a priori était que c’était pour la vie. On connaît les séparations de couple par la discorde, on n’avait pas pensé à celle qui vient par le décès de l’un des deux.
Solitude soudaine. Imprévue, implacable.
L’être disparu est celui qui connaissait le plus l’intimité de l’autre.
La solitude du conjoint est d’abord vécue comme une solitude d’abandon. L’accord tacite du « pour toujours » est rompu. C’est un fragment de son identité qui meurt. Identité d’un être à deux qui n’avait plus besoin de mots pour se dire.
L’aujourd’hui se fait dans l’ancrage d’un passé qui ne sera jamais reconstructible avec un autre. Et il paraît impossible, inimaginable de pouvoir reconstruire une telle intimité avec quiconque.
Le deuil du conjoint inclut la dimension corporelle, affective, sexuelle, psychologique. Un corps peut mourir de ne plus être touché. Le conjoint qui reste a perdu son confident, celui avec qui tout se disait, avec qui les trop d’émotions se régulaient. La mort du conjoint apporte sur ces plans une solitude où justement l’existence risque d’être submergée par les émotions. La rupture crée un manque psychologique radical.
Le deuil du conjoint oblige à se retourner vers le passé pour savoir tout ce que l’on perd. Retournement vécu dans une solitude qui fait mal. Les échecs, les accidents de route, reviennent à la mémoire comme les « loupés » de la vie que l’on regrette tant après coup. Les moments de joie, comme les ombres de la vie passée, viennent comme une brûlure dans la mémoire de celui qui reste. Le deuil est possible lorsque l’on sait ce que l’on perd. Cette visite de la mémoire est une condition de l’émergence d’un futur. « Il faut du souvenir pour permettre le survenir dans l’histoire à venir » (E. LEVINAS)
Le deuil du présent impose le deuil de tout ce qui est passé et impose aussi le renoncement à ce qui aurait pu être et que nous avons toujours cru comme sûr.
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