Pucinette,
Les enfants, j'ai commencé à y penser au début de son traitement.
Je savais que j'allais morfler de devoir garder la tête hors de l'eau, que je n'aurais pas le droit de faillir, qu'après avoir perdu un père, il devait rester un repère, et qu'il n'y avait plus que moi, le "conjoint survivant" comme ils disent dans l'administration.
Il y a toujours un espoir, réel ou que l'on se crée, en se disant que non, ça ne peux pas nous arriver à nous.
Ce bonheur, on s'y accroche.
Notre famille c'est nous tous, il ne peux pas en manquer un, sinon tout est détruit, plus rien n'a de sens.
Puis l'année de chimio se finit avec le dernier souffle et le parent qui reste devient le seul lien avec le "vivant", le réel , la vie d'avant.
J'essayais de masquer ma souffrance, car l'enfant regarde, écoute, ressens, et attend.
Mais très vite, nous pleurions ensemble, j'ai laché prise, car je me faisais trop de mal.
Pour moi les enfants sont une grande force et une immense faiblesse à la fois..
c'est le petit dernier du haut de ses 27 mois, qui m'a le plus "aidé" car il n'avait pas de "peine" du décès , lui, il vivait juste l'absence, la disparition.
Il ne souffrait pas de cet avenir hypothèqué, car l'avenir pour lui n'existe pas.
Il ne veut que jouer, chanter, danser, dessiner, courir, découvrir le monde, découvrir la vie.
il était triste quand je lui répondais que non, papa ne mangera plus avec nous à table, que non il n'aura pas son papa pour jouer au ballon avec lui.
Et de cette tristesse, de ses larmes, il me répondait après s'être calmé : alors viens toi maman....
C'était juste ça, "alors viens toi", vivre cela avec moi.
À traduire par "vivons maintenant", car demain, peut être, ou un jour, ce bonheur peut s'arrêter.
J'ai essayé de le faire comprendre aux 2 grands car il y a ces dates et ces fêtes de familles éprouvantes.
Ne vous barrez pas d'avance votre avenir, car il recommence chaque matin.
Vivez, tout simplement, les garçons, hier existera toujours mais on n'y changera rien, il n'y a que demain que l'on peut changer.
Bonne nuit reposante à vous.