J'ai toujours et encore du mal à rester concentrée au travail en fin d'après-midi et il me faut aller lire un petit quelque chose qui parle de deuil pour calmer mon anxiété naissante de fin de journée et mes interrogations...
Je suis retombée sur cet extrait de "Phares dans la tempête du deuil" et j'ai repensé à cette histoire de lâcher prise évoquée hier ....
Je partage avec vous amis et amies du forum qui vivez le tsunami de la perte d'un conjoint
Phares dans la tempête du deuil : se reconstruire après la perte de son conjoint
Le jour où vous apprenez la mort de celui ou celle que vous aimez, c’est comme si vous étiez précipité d’une falaise dans la mer. Une haute falaise, avec une petite plage inaccessible à ses pieds. La mer est violente même par beau temps. La mer de vos émotions.
Votre premier réflexe, un geste de survie, est de nager tant que vous pouvez vers le rivage, à contre-courant, malgré la force des vagues, jour et nuit… pour ne pas sombrer, ne pas être emporté au large.
Voici plusieurs mois maintenant que vous nagez, espérant toujours pouvoir rejoindre la plage, la falaise de votre passé. Une petite voix en vous commence à perdre l’espoir. Vous êtes fatigué de lutter contre ces courants violents. Vous êtes seul au milieu de la tempête. Et le rivage s’éloigne petit-à-petit. Vous êtes impuissant devant la force de la vie. Malgré vous, elle vous emporte. Vous devez quitter des yeux l’image de votre bonheur passé, de votre vie « d’avant ».
Il n’y a rien à faire, vous êtes emporté, épuisé par cette lutte.
Vous lâchez prise contraint et forcé. Obligé malgré vous de laisser s’éloigner le territoire du passé. Pour aller où ? Vers quelle nouvelle terre invisible et peut-être inexistante ? Les jours semblent des semaines, les semaines des mois et les mois des années. Pourtant, c’était hier. Le jour où vous êtes tombé dans la mer. Votre continent vous manque tant. Il a disparu à l’horizon. Vous en rêvez parfois encore.
Un jour, un rocher émerge devant vous. Un tout petit rocher. Vous y grimpez. Il n’y a pas encore beaucoup de vie mais vous pouvez vous y poser quelques instants. Les vagues vous obligent à quitter votre point de repos. Jusqu’au prochain rocher, un peu plus grand. La mer vous emporte chaque fois un peu plus loin de votre passé. Un matin, debout sur le dernier rocher, il vous semble apercevoir un îlot.
C’est bien un petit bout d’île, c’est le début d’un archipel, c’est la pointe d’un nouveau continent.
Un continent inconnu, qui accueille un naufragé, un inconnu. En chemin vous avez perdu des certitudes, de la confiance, des amis. Vous avez trouvé une certaine philosophie, un autre ordre du monde, fragiles.
Enfin, vous arrivez sur une plage et vous recommencez à vivre.
> Extrait de Phares dans la tempête du deuil
Affectueusement
BEBE