Je suis tout à fait d'accord avec toi, même si je garde espoir que le provisoire n'est pas qu'une illusion, qu'un jour si l'énergie et la motivation reviennent, il sera temps d'aller vers de nouveaux horizons.
La deuxième partie de ton message me rappelle une conversation que j'ai eue avec mon compagnon, peu avant son départ. Il a passé sa vie à lutter contre la maladie, mais pas seulement. Quand on côtoie pendant si longtemps l'univers hospitalier, on se rend compte de tout un tas de petites choses qui ne vont pas dans l'accompagnement des patients. Des petites choses qui se cumulent et qui au fur et à mesure deviennent de plus en plus pesantes. Son dernier grand projet était de passer la formation après la greffe pour devenir "patient référent", afin de pouvoir porter ses revendications et celles des autres patients devant les administrations. Il n'avait plus une once d'énergie mais il pensait déjà à la façon de la redistribuer... Il a hésité à m'en parler parce qu'il avait peur de ne pas en être capable, de se sentir inutile et ridicule, que s'il n'était pas en mesure de porter ce projet pour qu'il change les choses, ce serait dramatique.
Bref, je suis désolée pour la parenthèse, mais si je te raconte tout ça, c'est pour te redire ce que je lui ai dit. Je pense qu'avoir des convictions n'est pas donné à tout le monde, c'est un bien précieux, une raison d'être. Ce que nous (sur)vivons actuellement, d'autres le vivront après nous, et les structures dont tu parles ne verront pas le jour d'elles-mêmes si personne ne se bat pour aborder le sujet. L'énergie n'y est pas pour le moment, mais si on jour elle revient, j'espère que quelqu'un aura la force de porter un beau projet autour de l'accompagnement du deuil, de convertir toute cette souffrance en solidarité, à l'image de ce forum.