Bonjour Dom,

Cela me rassure de te poser ce genre de questions, car il m'arrive de penser et d avoir envie également que les gens sachent,
je pense que par ce biais nous cherchons à faire vivre nos amours, que les gens sachent que nos tendres ont existés et l'importance qu'ils représentent pour nous, peut être que nous voulons inconscienment nous excuser de notre mal être, ce besoin que les gens comprennent notre sale tête (du moins pour ma part, 46 jours que mon amour s'est envolé et n'ai plus la volonté d'être "jolie" (pour qui ? )), et être compris par la même occasion.

Je crois que les gens malgrès tout ne savent pas à quel point nous pouvons souffrir de ce manque, de cette solitude interminable, il faut le vivre pour le comprendre.
Vis le comme tu le ressent, c'est ce que nous conseille (les plus ancien(ne)s ) sur le forum, et ils/elles sont d'un grand soutient
Bon courage à toi, j'espère t avoir donné un peu de lumière

Myriam

Bonsoir,

1) J'ai toujours envie de dire que j'avais perdu mon mari aux personnes qui me connaissent. Par contre, pour les "inconnus", j'ai eu besoin au début puis, plus maintenant. Je ne veux plus qu'on me voit comme une veuve, quelle horreur ! Je vois qu'on me voit comme une femme de 30 ans.

2) Les autres peuvent avoir une petite idée de ce que l'on ressent. Mais je pense que seules les presonnes ayant vécu le deuil peuvent imaginer à quel point cela est un tsunami. Et nous ? Avons nous compris tout de suite quelles allaient être les conséquences, l'abîme qui nous attendait ? Je me souviendrais toujours du moment où on m'a dit que c'était fini. Si j'avais pu imaginer ce qui m'attendait....

Bisous à tous.

Bonsoir,
Moi j'ai perdu mon mari en juin dernier, il avait 52 ans, après 2 mois et 1/2 d'un cancer du poumon fulgurant, lui qui n'avait jamais fumé
Les "1er" symptômes, étaient en fait des métastases mais ça on l'a su après des radios, après les soins intensifs pour une péricardite, bref. On venait de fêter nos 25 ans de mariage, en 2010, des projets pour la retraite, pour "plus tard", toujours "plus tard". Ma façon de voir la vie a évidemment, comme pour nous tous, complètement changé. J'ai encore une fille (17 ans) à la maison, c'est un plus, c'est aussi un gros souci permanent car elle a tout pris en direct et à un âge où elle était en révolte contre son père...Elle a en fait "renoué" les liens les 2 derniers jours, ce qui la fait souffrir. Pour elle, pour lui montrer que l'on peut rebondir, je fais des projets, je les réalise sans tarder, on vit, car la vie est un cadeau et je le pense encore plus maintenant et Il n'aimerait pas que l'on gâche tout ça. Pour lui, par respect pour lui, et parce que cela fait partie de ma vie, je reste coquette, je fais des activités, je rencontre des gens, avec ma fille ou non. Notre chien est arrivé très vite (encore un projet pour "plus tard" quand nous serons...quand nous aurons...) parce que c'est maintenant et qu'il nous apporte beaucoup. On ne sait pas pour combien de temps nous sommes sur terre, alors si nous avons surmonté l'envie de suivre celui ou celle que nous aimions, le choix est fait et on doit essayer de trouver du bonheur un peu tous les jours. J'ai arrêté de me dire "on ne fera jamais ceci ou cela", cela mine et n'apporte rien. Mais essayer de transcender cette souffrance en aidant les autres par ex, en se rendant utile

Bonjour Dom,

je te rassure et ça me rassure, moi aussi j'ai envie de le crier a tout le monde...

pas juste pour qu'ils comprennent pourquoi j'ai cette tete de "deterrée", que ,non, je ne suis pas en train de faire la gueule...mais bien parce que j'aimerai un peu de compassion, j'aimerai effectivement avoir encore une occasion de parler encore de mon amour, une facon de le garder encore avec moi .
Yoann est parti de maniere subite et inexpliquée à 36 ans, et ça aurait pu arriver a n'importe qui d'autre, alors ça aussi je voudrai le "cracher" a la face des autres.
Nous n'etions pas mariés et pour l'administration je ne suis rien, juste l'uterus qui a porté l'enfant heritier. ça m'enerve mais je vais faire avec. Par contre, je suis blessée de voir certains de nos proches adresser leur condoleances à mes beaux-parents, alors que moi je deviens totalement transparente...là aussi j'ai envie de crier que je souffre autant qu'eux, et qu'a ce titre j'ai le droit d'etre reconnue....

sofi

Et bien moi, je suis comme Bénédicte, je vais même plus loin, avec ceux qui ne connaissent pas ma vie, les étrangers, je mens et continue à parler de Pierre comme s'il était toujours avec moi.
Mon mari par ci, mon mari par là.
Non, Yohann, ce n'est pas un déni, 18 mois, j'ai passé ce cap maintenant, c'est plus l'envie de continuer avec lui. Mon petit "joke" à moi.

C'est aussi pour cela que nous parlons très souvent de lui en famille. J'ai toujours voulu qu'il reste "présent", même si cela nous tire les larmes (pas plus tard qu'à midi, mon amour de beau-frère a eu un gros sanglot en évoquant un joli souvenir).
On dit : Comme dit Pierre, comme aurait fait Pierre, ah! si Pierre était là...

Je disais l'autre jour à ma soeur que j'avais honte de ma voiture, tellement elle était "cradouille". Pierre aimait les voitures propres, pas un maniaque, mais propres. Elle m'a répondu : Ben il a qu'à descendre la laver lui même et en plus on aura des choses à lui raconter! C'était si naturel, si spontané que j'ai éclaté de rire!

  à vous tous.

Marina

D'ailleurs, il m'arrive souvent en parlant de continuer à dire "nous", même si je me reprends quand je m'en aperçois !
Par gêne sans doute !

Oui Yohann, par gêne sans doute.
Car les autres ne peuvent pas comprendre qu'ils vivront en nous pour toujours.
Je me force aussi un peu pour moi-même en me disant qu'il faut absolument que j'investisse ma nouvelle vie seule.

Bises.

Oui Marina, moi-aussi, je ne peux m'empêcher de parler à la première personne du pluriel...Nous, on a l'habitude de faire comme-ci ou comme ça, il va falloir songer de faire ceci ou cela dans NOTRE maison....Justement là, c'est tellement difficile...C'est toujours NOTRE maison, mais je suis seule  à devoir TOUT gérer. J'ai fait refaire l'été dernier une nouvelle chaudière. Maintenant, les grands froids annuels sont là ( -20 degrés!!) et ma chaudière ne fonctionne pas correctement. Il y a une température de 14 degrés dans ma maison! Et bien sûr, j'ai toutes les peines du monde à faire admettre à l'entreprise qui a fait les travaux qu'il y a eu une erreur de leur part, qu'ils doivent corriger leur erreur...Ca traîne, ça traîne...Personne ne veut prendre le problème en main. Et moi, pendant ce temps, j'ai froid...Le froid glacial de ma maison accentue encore le froid qui est en moi d'avoir perdu mon amour...Il n'est plus là pour minimiser le problème, il n'est plus là pour m'aider à trouver une solution...S'il était là, nous nous ferions un bon feu de cheminée et nous nous blottirions l'un contre l'autre...ou bien, nous irions nous réfugier sous la couette pour une sieste coquine...Et, au lieu de ça, je suis seule...J'ai beau me faire un feu de cheminée, cela ne me réchauffe pas...Je vais rappeler le chauffagiste demain matin, mais il va sans doute me dire qu'il va passer et il se passera  encore plusieurs jours avant que quelqu'un ne vienne J'ai le sentiment désagréable qu'ils se disent que, comme je suis une femme seule, ce n'est pas important...Je me sens tellement lasse de cette triste vie solitaire où il faut mettre tellement d'énergie à résoudre tous les soucis de la vie quotidienne...
Alors voilà, je la vends NOTRE maison...Et, comme tu le sais, je vais recommencer une vie totalement nouvelle...Une vie que je me serai construite toute seule : Vente de la maison ( y compris le mobilier), départ en Afrique au moins pour un an; travail dans un orphelinat au Tchad les 6 premiers mois...Tout commence à se préciser, mais quand je pense à tous les problèmes que je dois régler jusqu'en juillet ( administration, finances, recherche d'un endroit pour stocker ma voiture et mon matériel pendant mon absence...), ça me donne des étours...Quand je pense à tout ce que je dois trier, jeter, donner, vendre...toute seule, ça me donne envie de pleurer...même si je sais que je dois passer par là pour être mieux après...Et je pense qu'après, je pourrai parler à la première personne du singulier. Je serai dans une vie,MA vie, dans un contexte totalement différent où je ne serai pas assaillie continuellement par les souvenirs...Les souvenirs, ils seront toujours bien enfouis au fond de mon coeur, mais ils ne me rappelleront pas en permanence ce que j'ai perdu et que je ne retrouverai PLUS JAMAIS... Mes souvenirs, ils m'aideront à avancer; je pourrai, je l'espère, penser à mon amour et à tous nos beaux moments vécus ensemble avec sérénité...Et l'amour que je donnerai autour de moi va redonner un sens à ma vie....Mais jusqu'à ce que tout soit réglé, qu'est-ce que j'en ai encore des choses à faire dans NOTRE maison...