Merci Marie pour tes encouragements et tes conseils.
Je suis fonctionnaire, alors j'ai le luxe de pouvoir changer de poste assez facilement, sans changer d'employeur, c'est pour cela que je me pose la question.
Et si Paris facilite certainement les contacts avec des associations, en revanche, comme toute grande ville, la vie quotidienne est anonyme.
Lorsque j'étais proche-aidant, dans le village de ma Maman, je connaissais tout le monde personnellement et tout le monde nous connaissait. La pharmacienne, la kiné, le Docteur, les commerçants, les voisins évidemment. On vivait dans une réelle proximité et bienveillance. J'ai du quitter tout cet environnement en même temps que j'ai rendu la location de Maman qui y était depuis 18 ans. Et du coup, je me sens assez isolé, et encore plus même si je vis à Paris.
Je comprends que tu redoutes d'être seule, mais je me rends compte à quel point le deuil est une affaire personnelle. Si c'est important d'être entouré, c'est aussi indispensable de pouvoir prendre ses distances et être seul. je le vois avec mon frère et ma soeur, il n'ont pas du tout le même attachement à Maman que moi. Ils ont fait leur vie, ne la voyait qu'une fois tous les 3 ou 4 ans, alors que mois c'était quotidien. Par conséquent, leur deuil est très rapide. Ils sont déjà dans la reconstruction, dans l'après, retour à leur projet de vie.
Ce qui est compliqué, c'est qu'ils ne respectent pas mon temps, mon deuil à moi. J'ai besoin d'aller au fond des choses. J'appelle ça un temps de sédimentation, après les chocs ressentis au décès. J'ai besoin de tout laisser redescendre, j'ai besoin de pleurer, de souffrir, d'éprouver ce manque, ces souvenirs. J'ai besoin d'écrire, de parler, de dessiner. De rendre hommage à Maman et à notre relation si fusionnelle. Je ne sais pas où cela me mènera. Soit à l'impossible consolation et à la mort, soit à une nouvelle vie. Mais je ne peux pas faire l'économie de ce chemin.
Mais tout de suite, ce sont les grands mots de mes proches : il ne faut pas te laisser aller, on a peur que tu plonges, Maman n'aurait pas voulu ça.
Oui mais Maman était la seule à me comprendre et à respecter mes chagrins, mes douleurs. C'est bien pour cela qu'elle me manque autant.
Alors le constat est que je dois m'éloigner de mon frère et de ma soeur, pour ne pas avoir l'impression d'être un poids et pouvoir vivre mon deuil comme je l'entends. C'est peut-être mieux ainsi, le cordon qui s'est rompu par la force des choses avec Maman n'a pas de raison d'être recrée avec un autre proche. Je dois devenir adulte, mais c'est si dur.
Tu vois j'en suis amené à écrire sur le forum des conjoints, alors qu'il s'agissait de ma mère. C'est sûrement pas très sain, mais quand tu t'impliques dans une relation, que tu y consacres tout ton temps, toute ton attention, c'est forcément en plus d'un proche, un couple qui disparaît.
Je m'en fiche de passer pour un vieux-garçon. J'ai toujours été fier et riche de cette relation avec maman, même si je continue aujourd'hui, à subit l'incompréhension des autres.
J'espère que ces jours fériés ne sont pas trop difficiles pour toi. C'est la plus belle des périodes pour jardiner et j'imagine que jardiner doit devenir particulièrement difficile compte tenu des circonstances de la disparition de ton Amour. Et en meme temps, c'est certainement ce qu'il y a de plus apaisant. S'occuper de la Vie, la contempler et la chérir. Je m'occupai du jardin de Maman aussi, et aujourd'hui je n'en ai plus. C'était un merveilleux réceptacle de notre relation, un sujet de discussion banal mais inépuisable, notamment avec la présence des oiseaux et du retour des fleurs.
Bon courage à toi, et je ne te demande pas de profiter du beau temps, c'est impossible, mais au moins de capter le moment présent sans rien penser.
Pat