Bonjour,

Je parcours ce forum depuis un moment. Je n’ai pas encore osé poster, ou répondre à certaines personnes. Je lis aussi des encouragements à se confier alors je me lance.

Mon Nico chéri venait d'avoir 40 ans. Il était en pleine forme, sportif, super papa, super mari.
Nous avons 2 loulous de 10 et 13 ans.
Les 11 et 12 novembre 2022, nous avons passé un we de rêve à Disneyland.
Le 13 novembre, je ne suis pas parvenue à le réveiller. Il était dans le coma. Samu, la grue des pompiers sur notre maison (pour le garder à l’horizontale), les urgences – soins intensifs – déchocage chirurgical. Ces termes dont je ne connaissais pas l’existence.

Je le vois passer dans le couloir, il rentre du scanner. Je raccroche le téléphone avec mon papa : je pense qu’on ne pourra pas venir cet après-midi pour fêter mon anniversaire.
Je suis seule dans la salle « entretien famille ». Le médecin me dit simplement : « On ne pourra rien faire. Il a fait une hémorragie cérébrale massive. C’est une malformation de naissance non détectée. Une partie du cerveau fonctionne encore mais il va s’arrêter. Il faut appeler la famille et les amis pour dire au revoir ».
J’ai répondu « OK ». Je n’ai rien trouvé d’autre. Le mode robot est activé.

Mes enfants arrivent dans le service. Mon fils ainé demande si on ne peut pas pomper le sang en trop dans son cerveau. Et la réponse du médecin : « Non, on ne peut rien faire ». Ils sont effrayés par toutes ces machines sur leur papa qui faisait encore le fou avec eux la veille. Sa sœur arrive en hurlant. Toute la famille et les amis sont en larmes. J’assiste à tout ça en ayant l’impression d’être en dehors.

J’ai passé la nuit à ses côtés. Je ne pouvais être ailleurs. J’espère qu’il m’a entendue lui parler, malgré les machines qui sonnent sans arrêt. Le lendemain, j’ai dû prendre la décision pour le don d’organes. Je savais que ça allait arriver. J’ai donné mon autorisation pour 2 organes car nous avons 2 loulous. J’espère qu’il a pu sauver 2 vies – peut être 2 papas… j’espère qu’il ne m’en veut pas de cette décision.

Dans 3 jours, cela fera 8 mois que j’ai appelé le Samu. Nos loulous sont admirables. Ils ont grandi d’un coup. Ils sont tristes mais ils font ce qu’ils peuvent pour adoucir ma peine. Je voudrais tellement pouvoir prendre la leur.
Je suis très en colère de tout ça. Il parait que c’est normal (j’ai lu le livre de C. Fauré).

Notre 1er baiser a eu lieu il y a 14 ans, dans l’attraction Buzz l’éclair à Disneyland. Depuis ce jour, notre devise était « A l’infini et au-delà ». Elle a pris tout son sens. Mais c’est trop tôt. Comment continuer sans lui ? Cela fait presque 8 mois que je survis 1h à la fois. Il me manque tellement, il nous manque, et on l’aime.

Plein, plein de courage pour ce drame que tu vis.
N'hésite pas à nous parler de lui, de ce que tu ressens, des mieux et des "pas top" car souvent les proches n'ont pas le même rythme que nous dans le long  processus de deuil.
Je suis plus âgée que toi  mais c'était une mort brutale, difficile à accepter, avec un cerveau qui se questionne en permanence, ce qui épuise.
As-tu des proches  ou des amis de longue date à qui te confier ?
Calin virtuel.
Sophie.

Bonjour Qiguan, Sophie et Alice,

Je vous remercie du fond du coeur d'avoir pris le temps de me répondre. Vos mots justes réconfortent en une seconde.
J'imagine que ce n'est pas chose aisée pour vous d'accueillir une nouvelle endeuillée. Cela doit remuer beaucoup de choses pour vous.

Ce forum est une vraie mine d'or où on trouve beaucoup de témoignages. Je me rends compte que je ne suis pas seule à vivre cette situation. Qiguan, je vais continuer à farfouiller car je n'ai pas fini de visiter tout ce site. Merci bcp pour les liens.

Sophie, oui en effet, j'ai beaucoup de chance car je suis très entourée de mes parents, mes frères et mes amies. Je m'entends bien avec ma belle famille et je pense que c'est très important. Ils ne savent pas quoi faire pour m'aider, mais malheureusement, personne ne peut me ramener mon Nico. Je vais intégrer un groupe de parole à la rentrée via l'asso "Vivre son deuil".

Au fur et à mesure des lectures sur ce forum, j'avais l'impression qu'on me comprenait, alors que je nous avais même pas encore écrit...

Alice, oui j'ai vu que ta petite fille n'avait que 4 mois... J'ai eu l'occasion de te lire, ainsi que Meije et Thérèse. je me reconnais dans vos récits.

Cette brutalité, cette violence, ce coup de massue qu'on s'est pris dans la figure (pour rester polie), c'est très dur. J'ai mal pour mes enfants. Je m'inquiète, ils s'inquiètent de me perdre aussi.
Certains mots me sont insupportables : conjoint survivant, orphelin, succession, acte de décès, VEUVE. Les sirènes de pompiers ou d'ambulance me crispent et me font monter les larmes.
Ecrire en utilisant l'imparfait est compliqué. Je dois m'y reprendre à plusieurs fois car j'ai tendance à utiliser le présent.

Nico était (est) mon amour, ma moitié. Souvent je lui disais : quelle chance on a de s'être trouvés.
Il avait un sourire de dingue, un rire communicatif, il faisait souvent des blagues. Il était aussi un gros bosseur, déterminé. Il était droit dans ses bottes. J'étais très fière de l'avoir pour mari. Dès qu'il avait un peu de temps libre, il allait courir, ou il passait du temps avec nous. On était toujours à 4. Il nous trainait pour aller faire du vélo ou une longue balade à pied.

Encore merci à vous de m'avoir répondu. Comment vous sentez-vous aujourd'hui, plusieurs années après ?
Vu la violence du choc, je me sens à la fois dans l'urgence de vivre, car je sais que tout peut s'arrêter demain, mais à la fois, je suis submergée de chagrin. Je ne veux pas d'une vie triste et juste renvoyer l'image de la pauvre fille qui a perdu son mari. Je veux qu'on se batte pour être heureux avec mes enfants, pour qu'il soit fier et heureux pour nous. Mais quelle énergie déployée...

Bonjour Choupette,
Tu trouveras un certain réconfort et de l'aide sur ce forum. Tout comme toi j'avais commencé à lire les post avant de me lancer à raconter mon vécu, ce qui m'a permis déja de comprendre bien des choses, notamment de savoir qu'on passe tous par les mêmes étapes et qu'on est confrontés aux mêmes situations.
Pour moi aussi ce fut un départ brutal, embolie pulmonaire suivie d'une crise cardiaque foudroyante, en 2 mn ma vie a basculé. Cela fait 10 mois, je commence juste à refaire un peu surface, comment dire, à penser différemment, moins de colère, je crois arriver peu à peu à devenir résiliente. mais c'est fragile, il suffit que je le dise et patatra ... un petit rien me replonge dans le passé de notre vie commune de 27 belles années.
J'ai intégré aussi l'association Vivre son Deuil, pour moi à Bayonne, c'est bien que tu aies fait cette démarche, ils t'apporteront un réel soutien.
Prends soin de toi et de tes 2 loulous, ils ont plus que jamais besoin de toi.
Amitiés

Bonjour,

Je viens de prendre connaissance de vos messages. C’est fou cette bienveillance et cette chaleur qui réconfortent le cœur et l’esprit.

Malome, cette brutalité, cette violence, je n’en reviens toujours pas quasi 8 mois après. Je me refais le film de ces 2 jours d’horreur tout le temps. Comme je comprends le coup de la sonnette supprimée…

C’est ça, un jour à la fois, une heure à la fois. Comme je disais récemment à une personne qui ne comprend pas, déjà se lever le matin, s’occuper des enfants et aller travailler, c’est AVANCER.
Réussir à mettre la table avec seulement 3 fourchettes, c’est AVANCER.
Ranger et trier les affaires de mon Nico chéri (parce que je n’en peux plus de passer tous les jours devant notre dessing et de voir ses affaires prendre la poussière), c’est AVANCER.
Même quand je pleure ou que je crie ma colère, J’AVANCE !
C’est épuisant de devoir expliquer. On devrait avoir des cours de deuil à l’école…
Mes loulous l’ont compris je pense. Ils ont le droit de pleurer. Ils ne paniquent plus quand ils me voient pleurer. Le petit me dit souvent : Un petit coup de mou maman ? Et hop, un câlin collectif et on est reparti.
Les larmes font partie de notre vie, elles nous permettent d’AVANCER, pour retrouver plus tard davantage de bonheur et de joie d’être ensemble (j’espère !). Et oui, le fil n’est pas coupé. De toutes façons, il n’a pas le choix. Il doit rester près de nous, sinon il va m’entendre ! Déjà que je dois le souler tellement je lui parle…

Loma6061, c’est vrai, j’ai l’impression d’avoir des moments + apaisés parfois. Même si un petit rien peut vite me refaire basculer dans une immense tristesse.
Vivre son Deuil ce sera pour moi à Roubaix dans le Nord (ça fait moins rêver que Bayonne !).

Alice, « Il doit être fier de toi et tes enfants » m’est allé droit au cœur.
C’est important qu’il soit fier de nous. J’ai dit à mes loulous qu’ils étaient aussi battants que leur papa. Car vivre ça, c’est extrêmement dur. Même si on pleure, on s’en sort. Donc je suis persuadée qu’il est fier de nous 3.

Je vous remercie de m'avoir répondu et vous souhaite une belle fin d'après-midi.
Anne (Choupette, vous l'avez deviné, est le surnom que Nico me donnait. Je n'en étais pas vraiment fan, mais bon... Choupette forever  )

Bonjour Anne,

Bonjour Pscar

Je suis nouvelle sur ce forum. J'ai beaucoup lu avant d'oser poster.

Je voulais juste vous dire que je pense à vous et Katia pour vos noces de flanelle. J'ai dû regarder sur internet combien ça fait... 43 ans a priori... Je suis sûre qu'elle est à vos côtés, avec un joli plaid prêt à être installé, même en robe de mariée.

Anne

Merci d'être passée à ma fenêtre pour y déposer ces quelques mots.
Oui, ça ferait bien 43 ans, Katia avait 18 ans, une vraie princesse.

J'ai retenu ce mot que tu écris en majuscule "AVANCER", ça m'a rappelé ce que disait toujours Katia à chacune des épreuves "On Avance!".

Tu as beaucoup de force et le courage d'AVANCER, ton Nico doit certainement être fier de vous.

Prends bien soin de toi, et vos enfants.

notre amitié t'accompagne aussi
ai confiance !

Bonjour Choupette j'ai lu tes différents messages et je te trouves très courageuse, j'espère avoir la même force que toi pour surmonter ce qui m'est brutalement aussi tombé sur la tête.
Les enfants, je pense que c'est ça notre moteur et qui nous fera tenir et avancer.