Une blessure du passé attisant la mélancolie, un problème au travail (un coup de stress : à force de pressuriser les gens, ils peuvent disjoncter, le stress tue d'une manière ou d'une autre !), aboutissant à une souffrance intense, il y a beaucoup de facteurs explicatifs...
Si vous ne voyez pas la cause de cette souffrance concernant votre conjoint, qui l'a conduit à quitter cette vie, cette notion de souffrance on peut la comprendre peut-être, car on la vit nous, les veuves et les veufs, pour une raison qui est évidente (la mort de l'être aimé), et je pense que nous sommes beaucoup à nous être dit parfois, voire souvent, qu'on ferait mieux d'y passer tellement on a l'impression de vivre dans la désolation.
La souffrance est continue, larvée, s'apparentant à un désespoir constant, ou elle apparaît par crises aiguës pouvant faire passer à l'acte (je suppose que dans ce cas l'entourage s'en rend moins compte car la personne a l'air d'aller à peu près bien en général mais souffre intensément par moment).
Je crois qu'une situation très violente (ou qui semble insupportable pour un individu) même au travail (un énorme clash avec ses collègues et une remise en cause de ce qu'on est, un licenciement, je ne sais pas, quelque chose qui provoque un malaise très profond) peut faire apparaître une de ces montées intense de souffrance, on disjoncte en fait, on se sent très très mal, et on peut faire n'importe quoi.
Alors oui, que ce soit épisodique ou continue, je crois qu'on peut dire qu'on peut comprendre pourquoi on peut décider de quitter ce monde, de façon très réfléchie ou sur un coup de tête mais dans tous les cas pour mettre un terme à une souffrance qu'on ne supporte plus. Cela semble sur le moment une solution, voire la seule solution, pour stopper le malaise et la souffrance.
Pour prendre mon exemple personnel, j'ai toujours dit et je continue à dire qu'il est préférable de mourir que de vivre ce que j'ai vécu (le décès soudain et violent de ma femme devant moi mais aussi toute la période de désespoir d'après son décès), sans aucune hésitation.
Je ne pouvais pas me suicider à l'époque, c'est tout.
Pour une raison pragmatique : ne pas transférer cette souffrance à mes pauvres vieux parents, et pour une raison spirituelle que l'on partage ou pas (que mon esprit ne continue pas à souffrir dans un univers de désolation après ma mort).
Peu importe, sans évoquer le spirituel, la seule raison pragmatique de ne pas détruire son entourage est largement suffisante pour ne pas passer à l'acte, mais c'est de la théorie tout ça.
En pratique, je vous jure que ce n'était pas l'envie qui me manquait de crever face à une souffrance continue, il m'aurait suffit de boire 5 verres pour déraper je pense, et je crois que lors de crises de souffrance aiguë (si l'on peut appeler ça comme ça), le cerveau peut-être plongé dans un tel désespoir qu'une personne peut tout simplement oublier les conséquences de l'acte de se donner la mort, partir en vrille, ne plus voir d'autres solutions que d'en finir, plonger dans une forme de folie l'empêchant de raisonner autrement que de se dire "il faut que ça s'arrête par tous les moyens", et ce moyen c'est la mort.
C'est un peu si nous subissions une torture physique, même en ayant des enfants et tout un tas de bonnes raisons pour essayer de survivre, la douleur peut s'avérer tellement intense qu'on peut mettre fin à ses jours si une occasion se présente.
La souffrance, je crois qu'on peut comprendre qu'elle puisse conduire à se donner la mort, ce qui est dans certains cas plus difficile à appréhender c'est peut-être d'où vient cette souffrance ou ce qui a provoqué un malaise, une crise. Encore une fois, ça n'est pas forcément une blessure terrible du passé, peut-être un stress intense et de la fatigue cumulée, un peu d'alcool ou de drogue au mauvais moment, quelque chose qui fait déraper l'esprit.
Une psychiatre m'avait dit une fois que nous avions comme un capital de souffrance, que nous cumulions et qu'une fois que notre limite était atteinte, nous nous effondrions (ou nous repoussions les limites). Alors peut-être que quelqu'un qui a souffert beaucoup dans le passé ou dans son enfance peut s'effondrer pour une chose qui semble largement surmontable aux yeux des autres, l'histoire de la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Mais peut-être aussi que quelqu'un qui accumule le stress, la fatigue, des petits problèmes (mais à force de les cumuler ils deviennent une grave blessure) peut en arriver à la même situation et s'effondrer tout autant que l'homme ou la femme qui a connu un grave traumatisme.
Ce qui est plus difficile à comprendre c'est peut-être ce qui a provoqué cette souffrance, ce grand malaise... certaines choses du passé peuvent nous échapper comme les choses du quotidien, au travail et ailleurs, ou tout simplement une intense fatigue. Cela paraît idiot mais la fatigue au travail et dans les déplacements, le stress, ce peut être suffisant pour anéantir quelqu'un. Certaines personnes meurent tout simplement de fatigue, ou sont tellement fragilisées que la moindre petite chose peut leur faire perdre l'esprit ou les tuer physiquement.
Je ne sais pas s'il faut chercher à savoir ou pas ce qui s'est passé, ça ne changera pas ce qui est arrivé, mais nous on reste en vie, et surtout votre petit bout sans doute génial qui va s’éveiller sur le monde, croquer la vie, tirer la queue du chat ou du chien et faire plein de grosses conneries. Alors justement il faut supporter et surmonter cette souffrance, la combattre, l'étouffer, et je crois qu'on peut prendre le dessus sur la souffrance avec du temps et parfois en se faisant violence si nécessaire, en se faisant aider ou en travaillant à la combattre cette souffrance. Même si l'on ne gagne peut-être jamais complètement le combat, et même si parfois il y aura de la tristesse car les blessures sont bien là et qu'on ne sort pas d'un drame indemne, on peut revivre un peu, faire des choses, faire de ses blessures des qualités humaines, et dans votre cas vivre aussi plein de moments de joie (surtout avec un petit bonhomme ou une petite bonne femme) même si cela doit paraître encore difficile à concevoir lorsque la souffrance, l'incompréhension, sont encore là, et qu'on a l'impression de vivre quelque chose de complètement irréel.