J'avais cessé de travailler pour être présente en permanence à ses côtés, j'avais épuisé mes forces à le veiller, j'avais prié tant et tant que mes doigts en étaient douloureux... Je savais que mon chéri, où il était, était reconnaissant de mon amour.
Pourtant, quelques mois plus tard, cette culpabilité est apparue, de plus en plus forte. Je n'avais pas fait suffisamment. Et les lectures sur l'art de mourir, sur l'accompagnement des mourants n'ont fait qu'ajouter à ce sentiment...
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J'ai l'impression de revivre ce que j'ai vécu avec ton témoignage, ces derniers temps j'ai fait des cauchemars de culpabilité...
Avant qu'il ne m'échappe , je ne voulais pas croire que nous vivions nos dernières semaines, ses métastases méningées l'empêchaient d'être lui, je le soignais, je le nursais mais finalement je ne voulais pas croire et accepter ce que je faisais et ce que je voyais.
Ce n'était juste pas possible. Parfois je le grondais doucement de ne pas manger quelques cuillères de yaourt ou de compote, j'avais si peur qu'il soit squelettique, en hospitalisation à domicile il avait été décidé qu'il ne serait pas nourri artificiellement et je ne pouvais supporter cela. Je me suis beaucoup disputé avec les neurologues et j'ai une profonde rancune envers eux. Ils ont été odieux et ont fait en sorte de me dire la vérité crue, celle que je ne voulais pas entendre.
Et, comme toi, à la fin , je me suis dis "ai-je été à la hauteur ?"