Sofi,
La mort est toujours injuste, qu'elle soit violente ou soudaine, ou après une longue et interminable dégradation du corps, peuplée de souffrances physiques et morales; qu'elle arrive alors qu'à peine nous avons eu le temps de nous rencontrer, de nous reconnaitre et de faire les premiers projets, ou bien après de longues et belles années ensemble, arrivés à un tel point d'osmose que l'on ne fait plus qu'un; que ce soit l'un de ses parents, l'un de ses amis, son conjoint ou, pire du pire, son enfant, elle est cruelle, inacceptable et injuste.
Elle nous vole l'espoir, la confiance, la sérénité, la joie, la douceur, l'amour, le bonheur et tant de choses inquantifiables.
Elle nous transforme en zombie, errant entre deux mondes, avec les pieds dans celui des vivants et la tête dans celui des disparus, envie de tout abandonner, envie de dormir... éternellement, envie insupportable de le (la) retrouver, de se serrer dans ses bras, envie de pactiser avec le diable pour le (la) revoir, à n'importe quel prix.
Mais là, dans le monde des vivants, il y a (presque) toujours quelqu'un pour nous tenir en vie, le temps que les larmes cessent de couler continuellement et que la vision se fasse un peu plus claire.
Toi, c'est ton petit garçon.
Il n'a plus son papa, il voit sa maman souffrir, il ressent très fort cela, et tu as doublement d'importance pour lui.
Alors pour lui, tu dois t'occuper de toi.
Ton Yoann, tu ne peux plus l'aider mais je veux croire que lui, peut t'aider.
Sans doute est-il en colère de ne pouvoir apaiser ton chagrin que son départ a provoqué, sans doute frappe t'il à toutes les portes pour dire : Ce n'est pas le moment, c'est une erreur, j'ai encore plein de choses à faire en bas.
Mais c'est comme toi, ce moment de colère va, et doit passer pour faire place à une prise de conscience, un fait que l'on ne peut changer.
Cela n'atténue pas la douleur, la solitude, le détresse, mais cela permet de ne pas se détruire à regretter, à vivre dans le passé.
Ton Yoann, il est là, comme tu le dis, à ta manière, selon tes convictions, quoiqu'il en soit il est en toi à jamais et surtout, ton petit garçon, c'est un petit Yoann aussi, avec sa personnalité à lui, et puis des expressions de son père et de sa mère et c'est un cadeau merveilleux dans ce tsunami que tu vis.
Nous, les "anciens", ne cessons de dire que le temps adoucit le chagrin. Ce n'est pas tout à fait vrai, le temps permet simplement de voir les choses avec plus de lucidité, le chagrin reste intense, mais le monde reprend ses couleurs peu à peu. La vie a changé, et on ne nous a pas demandé notre avis.
Nous pensons tous fort à toi et à tous ceux qui sont si mal en ce moment.
Et souviens toi que l'Amour est plus fort que la mort.
Je t'embrasse.
Marina