« Bonjour », merci pour vos messages.
Je vous lis tous les jours mais je n’ai pas le courage de vous répondre à chaque fois...les larmes coulent moins mais la douleur ne diminue pas... tout le monde est parti de son côté ( les collègues) ... et les jours sont encore plus longs...je me sens de plus en plus seule malgré que je vois assez régulièrement ma fille... Aujourd’hui , je suis pour 4 jours chez mon fils dans une grande ville, et cette impression d’être isolée au milieu de la foule est aussi terrible que d’être à la campagne...seule au milieu des gens...horreur.
Les amies ? J’ai l’impression qu’elles ont peurs.. de quoi? Que je leur pique leur mari? Aucune invitation chez elles.. il va falloir faire face à notre nouvelle condition sociale...célibataire ? Veuve, ce mot fait peur mais il faut bien l’avouer , il me fait peur aussi...sommes nous condamnées d’avance?....
Depuis quelques temps, je cogite beaucoup...ou plutôt je rumine?... je spécule sur un avenir noir...oui, je pense que j’ai passé le cap de l’acceptation et j’ entrevois un avenir sans mon Luc mais qu’il est sombre et parfois l’idée me vient de renoncer ( j’ai toujours ces satanés médicaments à ma portée)... mes enfants ne cessent de me répéter que je ne suis pas seule, et c’est vrai dans un sens mais la réalité c’est que chez soi, on se sent tout de même bien seule! Luc était une personne extravertie, très bavarde et il me saoulait par moments...maintenant je donnerai tout pour entendre encore ses bavardages.... toute la famille, l’appelait «l’éléphant » tant il était exubérant mais que ça manque...
Encore deux jours de festivités ...on ne parle que d’ animations diverses, du feu d’artifice, du match de demain....et nous nous vivons comme des zombies... je fais semblant ...j’irai voir , avec mon fils , le feu, je regarderai le match demain..... mais j’ai mal... Luc n’est pas avec moi...Hier, seule, heureusement, je suis allée faire de petites courses et j’ai vu le petit bar ... je vois encore Luc assis avec moi , dégustant un petit pain et en me disant qu’il faisait des efforts pour manger un peu plus correctement... et les larmes ont coulé, là , en pleine rue...à chaque coin de rue, je me dis : il a vu, ça non... il est allé chez notre fils qu’ une seule fois...( nouveau logement) de la même façon, il a vu la maison terminée de notre fille juste avant son départ...et à chaque fois que j’y vais , j’y pense: au moins , il a vu! Et chaque changement, aussi minime qu’il soit fait mal..et je veux rien changer... ses affaires à la maison (4 mois et demi) n’ont pas bougé de place...je veux retenir le temps mais inexorablement il s’écoule et m’éloigne, chaque seconde, un peu plus de mon aimé...
Affectueusement . Bibou