Avant-hier j'ai croisé un ami que je n'avais pas vu depuis longtemps. Il y avait eu quelques malentendus entre lui et moi, ce qui me perturbais beaucoup; nous avons bien discuté et tout s'est arrangé, ce qui a été mon rayon de soleil de la journée, c'est toujours bon à prendre. En revanche, il ne m'a pas comprise comme je l'aurais souhaité vis-à-vis de mon deuil, de ma manière de le vivre. Ce genre d'incompréhension est fréquente mais n'en est pas moins désagréable sur le moment.
A un moment donné, il m'a dit: "Peut-être que tu penses encore un peu à Pierre. " Il ne pensait pas à mal, mais une telle confusion m'a heurtée, je ne pouvais pas laisser passer ça. Je lui ai dis que je ne pense pas "un peu" à Pierre, que je pense à lui constament, c'est omniprésent. A chaque instant de ma vie, son image est là, en arrière-plan, et pas uniquement son image, j'en suis convaincue
c'est même très doux depuis quelque temps. Il n'a pas compris et m'a dit: "Tu te gâche la vie." Pas du tout.
Je m'explique-et je pense que plusieurs personnes ici peuvent me comprendre
-je ne suis pas dans une sorte de déni puisque j'ètais déjà profondément croyante, à ma manière déiste, bien avant ce drame. Ma certitude n'a ni augmenté ni diminué, je suis ce que je suis, point. Personne d'ailleurs ne peux me prouver que j'ai tort^^et contrairement à ce que pense peut-être cet ami, cette foi ne m'empêche pas de vivre normalement, bien au contraire. Je profite autant que possible des petits plaisirs de la vie, et le fait que je pense continuellement-je ne sais même pas si on peux appeler ça penser, c'est en moi, quoi que je fasse ou pense par ailleurs-à mon compagnon ne me gâche pas la vie, c'est une consolation douce, paisible la plupart du temps. Et je profite aussi de cette vie parce-que c'est ce qu'il aurait voulu, que c'est ce qu'il veut, j'en suis convaincue. Ce n'est pas me gâcher la vie, m'empêcher de vivre que de sourire en accomplissant tel ou tel acte qui me fait penser à lui, de murmurer le soir avant de m'endormir: "Bonne nuit Pierre; veille sur mon sommeil, s'il-te-plaît. " etc etc etc je peux prendre plaisir au quotidien, voiure des amis, préparer un plat que j'aime, lire, ècrire, visiter des expositions, faire de longues marches dans les bois derrière chez moi...je ne me prive de rien, je peux goûter une véritable paix-bien sûr ça dépend des fois, mais ça ne vas faire que 7 mois, c'est normal-et me receuillir, èvoquer nos merveilleux souvenirs, me sentir en communion avec lui ne me coupe pas du monde et de ses joies potentielles.
C'est ça que ne comprennent pas les gens à qui j'en parlent; ils doivent me croire bloquée à un certain èpisode de ma vie, fermée à la vie et à ses possibilités-que j'explore!! J'ai essayé de l'expliqué à ce copain, mais je l'ai sentis très sceptique, ce qui m'a désolée. Je devrais peut-être lui ècrire la vérité, je m'exprime mieux par écrit qu'en paroles. ON verra...
Lui est athée, et ne peux donc pas croire ce que je crois lol même s'il respecte, et je crains qu'il pense que mes croyances qui sont plutôt certitudes m'empêchent d'avancer, alors que c'est tout le contraire.
Quoiqu'il en soit je sais que ma manière de vivre mon deuil est celle qui me convient-ne pas bloquer mes pensées concernant mon compagnon, les acceuillir, vivre avec-j'ai tellement plus de courage ainsi!
C'est même un petit miracle que je puisse, de mieux en mieux, être en paix, avec cette douce nostalgie qui m'accompagne, avec moins de pics de souffrance. Il me manque toujours autant, mais cette mélancolie naturelle est non seulement supportable mais paisible, ce qui me permet d'exister, de continuer et non pas de restée bloquée, contrairement à ce que pensent beaucoup...
J'avais besoin de mettre tout ça noir sur blanc sur ce forum, parce-que je sais qu'ici je ne suis pas jugée et qu'on me comprend.