Fleur de Coton,
A tous et toutes.
Même si je n'écris pas, je viens régulièrement lire les témoignages que vous nous faites partager.
Comme toi, Fleur de Coton, je plie.... et je ne casse pas ! Même si je l'ai souvent souhaité ! comme souvent tout un chacun ici.
Le thérapeute que je rencontre me disait dernièrement : "la crise aiguë du deuil va se calmer".
Cette expression m'a fait du bien. Elle a reconnue encore une fois que j'étais en deuil, deuil de mon amour, deuil de ma vie. Mais surtout, elle m'a confirmé dans mon idée que je serai en deuil toute ma vie. C'est une reconnaissance que la société ne nous accorde pas souvent.
Oui. La douleur effroyable, insupportable et inimaginable, s'amenuise, se calme. s'intériorise. Pourtant le vide est toujours là, présent. C'est un paradoxe ! Mais cela est !
Le deuil nous change. Les priorités ne sont plus les mêmes. Il nous faut l'admettre et c'est sans doute ce qui ajoute à la difficulté.
Quoiqu'on en dise, nos "ainés" dans le tsunami n'ont pas arrêté de nous le proclamer, la vie reprend ses droits. Il en est ainsi. Nous n'avons pas le choix. ou plutôt si, nous avons eu le choix. dès la première minute. Or, nous voici ici. Nous avons donc choisi de vivre, de continuer et de rester dans le train de la vie, laissant derrière nous nos amours, tout en les emportant avec nous. Encore un paradoxe !
C'est peut-être cela, le deuil. Un tas de paradoxes ! Un tas de compromis ! Compromis de continuer, continuer de sourire au monde, continuer de penser à nos amours.
Bien entendu, je me souviens de mon arrivée sur le forum, le premier. Ma détresse, l'accueil reçu. Les petits pas que j'ai fait grâce à ceux et celles qui voulaient bien me lire.
Cela fait deux ans, et presque 6 mois, que mon Cœur a traversé le miroir. C'était hier. C'était déjà loin ! Cet éloignement me fait à la fois peur et me conforte dans l'idée qu'il sera toujours près de moi.
Deux ans, mais troisième été sans lui. troisième période de vacances estivales où tout se remet en question, voir les familles se réunir, préparer les valises, partir joyeusement pour partager de bons moments. Tout cela est difficile à vivre et remet toujours en question le fragile équilibre que l'on apprend à gérer petit à petit.
on apprend aussi à gérer sa vie, ses activités. On s’aperçoit qu'on arrive à vivre seul(e), à faire face aux difficultés du quotidien qu'on traversait à deux.
Cet hiver et ce printemps, ma vie a encore basculé. j'ai fait ce que l'on pourrait appeler un "burn out". Fatigue de vouloir tenir, toujours tenir. La maison, le travail, le quotidien, surtout le chagrin. Il a fallu choisir. C'est le travail qui a fait les frais. Je suis en arrêt depuis novembre dernier. Vraisemblablement, je ne reprendrai pas le chemin du bureau. Principale raison, mon âge qui fait que je m'approche de la retraite et que, de toutes les manières, le travail ne m'intéresse plus. Pourtant j'aimais mon travail, 40 ans dans une entreprise du secteur sanitaire et social, ce n'est pas rien. En y réfléchissant, j'ai autre chose à vivre !
Encore un paradoxe !
L'important n'est plus là. Il est devenu pour moi dans le but de la douceur avec moi-même. De ne plus perdre de temps. L'indispensable pour moi, n'est plus le travail, mais la chaleur que je peux offrir à mon fiston de cœur, à mes amies.
Oui, Fleur de Coton, Je plie, plierai encore, mais je sais, maintenant, que je ne casserai pas.
Cette année , j'ai pu prendre une semaine de vacances, changement d'air, grâce et avec des amies rencontrées ici. Contrairement à l'an dernier, ce fut une semaine de bouffée d'oxygène. Une bouffée de rires et de douceurs. Sans avoir eu une seconde l'impression d'abandonner mon cœur, bien au contraire.
L'automne s'avance. Je m'organise une "rentrée des classes" comme me disait une amie. Quelques activités pour sortir de la maison, m'obliger à rester dans la vie.... Faire ce qui me plait et que je n'ai jamais pu commencer ou faire parce qu'à deux, nous avions d'autres projets.
Donc, j'ai accepté, assimilé que je pouvais avoir des projets propres à moi, vivre pour moi, apprécier pour moi.
C'est cela la reconstruction ? c'est cela "refaire sa vie" ?
Pour moi, c'est surtout continuer à faire que les jours se succèdent avec un tant soit peu de douceur et de sérénité.
Dans l'attente, un jour, de prendre à mon tour, le chemin derrière le miroir.....
Dans la continuité de mon amour !
Bises à vous.