bientôt un an que tu es parti en nous disant salut le soir pour aller faire du roller ... et tu n'es jamais revenu... on s'est quittés sur des banalités .... je m'en voudrais toute ma vie de ne pas t'avoir dit au revoir , quand le CHU a téléphoné, ils ont été très directs c'était choquant, je n'ai pas voulu le croire .. tu étais décédé quand je suis arrivée au CHU, je t'ai secoué , un réflexe idiot, je ne pouvais pas le croire, la nuit au CHU m'a paru irréaliste, insoutenable....
mon fils de 14 ans vient juste un an après de comprendre que tu ne reviendras pas ... c'est le vide, l'absence ...
mon fils ainé est révolté contre tout, les médecins, les familles heureuses, les hommes de l'âge de son père et leurs enfants, les autres ne peuvent pas comprendre me dit il
le manque et la douleur de l'absence c'est terrible pour soi mais le pire pour moi c'est l'impuissance que je ressens devant la douleur de mes enfants qui étaient très complices avec leur père ,
tu nous manques terriblement à tous les 3
la famille, les amis tout le monde croit que nous avons fait le plus dur ... j'ai l'impression que c'est pire qu'il y a un an ... si d'autres personnes peuvent me dire comment elles ont réussi à surmonter ce cap des 1 an merci d'avance

Bonjour Hulotte, je ne sais pas d'où tu viens, mais je te conseillerais aussi de rencontrer un groupe de soutien au deuil, ou une personne qui s'y connaît. Les conséquences d'un deuil d'une telle violence sont particulières et bien peu de personnes (même les médecins) savent y faire.

Le temps n'aide pas toujours, si on ne fait pas un deuil avec des étapes assez connues. Quoique ce fameux temps adoucisse, il reste que ce que tu vis est terrible et personne autour pour comprendre ce qui se passe dans ton coeur, dans ton esprit.

Je pense à toi, ce soir, bon courage

Caroline xx

Hulotte,

Je ne peux que comprendre ta souffrance et celle de tes enfants, puisque mon mari nous a quitté brutalement aussi et comme tu le dis, sur des banalités, une journée qui commençait comme les autres ...

J'ai moins de recul puisque cela ne fait que 5 mois mais en lisant ton message, je suis inquiète ; j'ai aussi l'impression que mes enfants (9 et 10 ans) ne réalisent pas encore aujourd'hui l'intensité du drame que nous vivons et que leur souffrance risque de surgir plus tard. Car comme tout comme tes enfants avec leur papa, elles avaient une grande complicité avec leur papa et l'adoraient. 

Et puis comme tu le dis si justement, les personnes de notre entourage oublient vite et pensent qu'il en est de même pour nous. On a alors tendance à leur en vouloir, à en vouloir au monde entier, il en est de même pour tes enfants ... Mais comme le disait Marina sur un autre fil,  serait-il agréable de vivre dans un monde tout gris, brumeux, des gens tristes, malheureux autour de nous, à l'image de notre souffrance ? Non, je crois que la vie reprend malgré tout le dessus ....

Tu as bien fait de venir nous rejoindre car tu trouveras ici toujours quelqu'un à ton écoute, une oreille attentive qui ne portera aucun jugement à tes émotions ...

Prends soin de toi et de tes enfants
Karine

merci à tous pour vos témoignages
je ne suis pas habituée des forums mais je veux tous et toutes vous remercier de répondre
j'ai lu le livre de C Fauré"vivre le deuil au jour le jour" et c'est vraiment ça je trouve qu'il restitue complètement les états d'âme que j'ai depuis le début
chaque jour passé je me dis que c'est un jour de plus sur le chemin pour réapprendre à vivre .... sauf que je me demande comment je vais trouver l'énergie de tenir le coup sur le long terme ... pourtant je sais qu'il ne faut pas anticiper,
du jour au lendemain les projets de vie avec mon mari se trouvent anéantis et j'ai du mal à accepter sa mort pour le moment, voire je lui en voudrais de m'avoir abandonnée alors que je sais qu'il n'aurait pas voulu que ça arrive ... d'ailleurs on avait parlé de la mort ensemble et nous avions échangé sur ce qui se passerait ... juste quelques semaines avant, c'est terrible et en même temps je pense que le hasard n'existe pas ...
y'a des creux énormes comme le dit Yohann (comme un tsunami qui arrive ou tu n'estimes pas l'ampleur de la douleur tellement même physiquement elle fait mal... tu restes observer le tsunami qui arrive, jamais je n'avais vécu de douleurs physiques aussi intenses) et des périodes ou j'ai l'impression d'être dans une autre vie ... en dehors de ma vie et de l'observer sans rien ressentir ...avoir l'impression que les autres même les amis et la famille sont sur d'autres planètes, bienveillants et attentifs mais loin de ce que je ressens ...
pour les enfants, chacun vit le deuil de sa façon, mon fils de 14 ans a énormément grandi depuis le décès et apparemment il était dans l'urgence de mettre le deuil de côté pour pouvoir grandir, tout ne peut pas se faire en même temps ... chacun vit son deuil et partager nous aide mutuellement à surmonter tout en essayant d'être dans la vie car les enfants obligent
pour le punching ball effectivement mon fils ainé lui réagit non par la tristesse et les pleurs mais par la violence, il s'est mis à faire du vélo et il me dit que ça lui fait du bien de prendre son vélo et de rouler vite longtemps pour se vider la tête ... je comprends complètement
je ne sais pas si je peux aider les autres personnes avec mon témoignage comme je sens que je peux être soutenue par le témoignage des autres ... j'espère en tout cas
par rapport à la durée, je ne pense pas que d'autres mamans qui ont perdu leur mari il y a quelques mois doivent s'inquiéter qu'un an après ce soit difficile pour mes enfants car je pense que chaque situation est différente, chacun chemine à sa façon donc surtout ne pensez pas que ce sera pareil pour vous

Bonjour, bonsoir Mamisa,

Bienvenue sur le site, quoique, comme on le sait, on ne vient pas ici en conquérant...

Ça fait bientôt un an pour toi, et tu as fait le geste de venir écrire ici. Pour te raconter, pour recevoir un peu de soutien, afin de traverser cette autre épreuve avec courage. Tu en recevras, n'ai crainte

Ce fameux "1 an", c'est une étape importante: on se remémore avec un peu plus de précision, on accorde un temps spécial pour cette journée, on se dit: "Un an, si proche, si loin...!", et on pense à cette heure-là, à ce moment si particulier, si souffrant en même temps où il est mort... Et ton mari est mort après de longs mois de souffrance... en même temps, votre petit-fils est né : le bonheur, la joie de la nouvelle vie et la fin d'une autre qui a souffert durant ses derniers mois.

Tout cela en même temps!

Je te souhaite du réconfort, tout autour de toi, de l'amour, des activités qui te rejoignent, qui adoucissent le difficile souvenir d'un décès d'un conjoint.

Tu recevras des réponses sincères ici, remplies de compassion et de douceur. Des humains qui ont vécu cette mort si difficile à accepter, peut-être parce que la solitude est si difficile à vivre.

Amitiés,

Caroline

Bonjour "mamisa",

Cela est très certainement important pour toi, mais cela l'est également pour nous tou(te)s, que tu sois venue nous rejoindre.

Puisque tu as pu participer à un groupe de parole, je t'indique que "Mamm'j" a ouvert un fil "Groupes de parole" (en rubrique "Discussions générales") où les témoignages sont attendus.


A très bientôt, et cordialement.    Daniel

C'est vrai que ça reste, ces dernières images, elles me suivent encore très souvent.

il a le regard éteint, c'est terrible

oui, c'est exactement ça, il n'avait plus cette flamme, cette magnifique arrogance du temps où tout était possible.

Manquer physiquement, évidement, on ira pas dans les détails, mais c'est aussi beaucoup "ça" qui manque.

Bon courage Betty

Caroline

Cela fait quand même du bien de voir qu'on n'est pas "bizarre" et que d'autres pensent comme nous
effectivement un an bientôt et des manques présents et à venir : j'ai réalisé l'autre jour que mes filles n'auront pas leur père pour les amener à l'église si elles se marient ! et bien sûr il ne connaîtra pas se petits enfants s'il y en a
Déjà ma fille aînée a déménagé et je me suis dit : il connaissait le 1er appartement, il ne connaîtra jamais leur petite maison...ça fait mal de réaliser ça
Ma mère, bientôt 87 ans, me disait "mais pourquoi moi je suis encore là ?". me basant sur toutes mes lectures, je lui ai répondu : "peut être pour m'aider " car nous sommes très proches et elle est veuve depuis ses 64 ans
j'ai aussi réalisé que ma mère, ma grand-mère et mon arrière gd mère (au moins) ont enterré leur mari, elles ont vieilli seules (je ne suis pas allée voir plus haut car je ne veux pas attirer l'attention de ma fille aînée sur ça mais j'irai un jour  voir le bel arbre généalogique qu'elle a réalisé
Ma plus jeune fille qui vit avec moi (17 ans) souffre beaucoup car elle était en pleine crise adolescente : elle a passé de bons moments avec son père ..les 3 derniers jours et elle s'en veut de tout ce temps perdu. Dans sa classe elle a plusieurs amies qui ont perdu leur père dans la cinquantaine ou un peu plus tôt. Elles gèrent toutes différemment mais c'st quand même inquiétant  de savoir ça
en ce qui concerne les groupes de paroles, j'ai peur de perdre l'élan que j'essaie de garder, selon que les personnes peuvent être positives ou non. Par moment, je vais voir la psy du service pneumo que j'avais rencontrée alors. je peux continuer à la voir tant que je veux donc je fais la démarche même si retourner dans le service est une épreuve. Au moins, elle a connu cette période et a discuté avec Dominique. Je n'ai rien à lui expliquer