Stana j'ai lu ton histoire. Oui effectivement beaucoup de points communs... tu me redonnes beaucoup d'espoir en ce week-end pluvieux, difficile pour moi (pas de plongée, pas de rando, et la crêperie où je m'étais enfin décidée à retourner... fermée! Parfois un détail tout bête fait que le chagrin me submerge à nouveau).
J'ai fait la connaissance de Christian (c'est son nom) quand je préparais mon monitorat de plongée. Nous avons passé de nombreux mardis soir, de 19h à 23h, à préparer cet examen, avec un autre apprenti-moniteur. Au début, des rapports houleux. j'osais le critiquer, le contredire, il me trouvait "chiante", je le trouvais imbu de lui-même, laid, buvant trop... mais son soutien sans faille m'a touchée. Et puis une fois l'examen passé et réussi, ces soirées m'ont manqué. On a trouvé d'autres prétextes pour se voir et puis malgré la différence d'âge (il avait 18 ans de plus que moi), nos caractères très affirmés tous les deux, on a craqué! Les premiers mois, on s'est souvent engueulés, mais on a tout de suite eu le sentiment que nous deux, c'était fort, sérieux, "pour la vie", "enfin le véritable amour". Il était pressé, me répétant régulièrement qu'à son âge il n'avait pas le temps d'attendre, me proposant le mariage car "s'il m'arrivait quelque chose tu serais à l'abri", avait-il dit. J'avais refusé car cela me faisait peur et je n'avais pas besoin de ça pour être sure de rester avec lui. Mais sa proposition m'avait touchée... et c'est la seule chose que je regrette, ne pas lui avoir donné ce plaisir. Il n'avait pas une très bonne santé, et je crois qu'il avait peur de ne plus pouvoir plonger ou même de mourir bientôt. Il prenait scrupuleusement ses médocs, avait réussi à perdre 5kg ....
Enfin les six derniers mois, on avait trouvé comment vivre sereinement tous les deux: "c'est pas drôle, on ne se fâche même plus!" J'étais heureuse, et lui aussi. et c'était aussi une entente sexuelle complète, pour la première fois. c'est important aussi. On arrêtait pas de dire "Il a fallu qu'on atteigne cet âge pour connaître ce bonheur!"
Il avait raison, son coeur fatigué par la canicule de juillet lui a joué un mauvais tour et les bulles dangereuses de la plongée ont rendu sa guérison impossible. Je ne crois pas qu'il ait compris qu'il allait mourir car il m'aurait dit quelque chose pendant qu'il était encore conscient. Et moi non plus je ne lui ai rien dit d'intime. Juste "on se retrouve à l'hôpital", parce qu'il partait dans la camionnette du SAMU et moi dans l'ambulance. Il savait qu'il faisait un accident de plongée, que nos vacances aux Maldives étaient fichues, mais il pensait certainement comme moi qu'il irait mieux après un passage au caisson (là où l'on soigne les accidents de plongée. il n'a pas pu y entrer, état trop instable) .Puis ils l'ont endormi. Heureusement la veille au soir, on s'était serrés dans les bras, et embrassés, en se félicitant de cette température enfin plus fraîche qui permettait les câlins sans rester collés par la transpiration...
Voilà, des souvenirs heureux, des instants difficiles... s'il avait été encore là on aurait passé ce week-end pluvieux sans mes enfants (garde alternée....) à faire la cuisine et des galipettes!!