Bonsoir Marie,
Je partage de tout coeur ton désarroi, moi pour qui cela va faire 11 mois que mon mari adoré est décédé"Je n'ose pas imaginer ce que cela doit être quand, en plus d'un mari, on perd aussi un enfant... Tu sais, Marie, 7 mois, c'est encore tout frais...; c'était hier... Comment imaginer que tu puisses avoir surmonté un pareil choc en si peu de temps! Je suis sûre que , même ton entourage doit bien pouvoir imaginer ( même si c'est iimpossible à comprendre vraiment tant qu'on n'a pas vécu la perte d'un être cher) qu'il te faudra encore beaucoup de temps pour avoir de nouveau goût à la vie. Ils le savent, mais ça les arrangerait que tu aies l'air "bien"...ça leur donnerait bonne conscience Car, que veux-tu, eux, ils ont leur vie, leur chemin et ils vivent leur époque d"insouciance"! J'ai lu dans un très beau témoignage de Marie-Lise Labonté, intitulé " Le point de rupture" que quand on vit une tragédie telle que la perte d'un proche, on peut fractionner notre vie en trois étapes : la période d'avant le deuil, appelée aussi période d'insouciance; la période de "pendant le deuil", qui est bine sûr la plus terrible; c'est celle que tu vis actuellement avec ses hauts, ses bas, ses moments de colère, ses crises de larmes.ses moments où on a l'impression d'aller mieux, mais ça ne dure pas...; et la période d'"après le deuil", qui est aussi ce qu'elle appelle ce fameux point de rupture, c'est-à-dire le moment où l'on est prêt à accepter et à "renaître": Car l'on ne peut renaître que si l'on vient de la mort. Ce livre m'a énormément aidée; je ne puis que te le conseiller. L'auteur raconte comment elle a surmonté la perte de son époux , qui a été assassiné sous ses yeux...
Je pense que dans une situation telle que la nôtre, il ne faut pas trop attendre des autres. On doit faire notre chemin seul(e)...Moi, j'ai la chance d'être très entourée d'excellents amis; ils me téléphonent, m'invitent, mais malgré tout, je sais qu'ils ne peuvent pas comprendre ce que je vis...C'est juste irracontable...! Je crois qu'il faut continuer d'avancer un jour après l'autre en faisant ce qui te paraît le mieux pour toi. Si tu n'as 0pas envie de sortir, n'y vas pas; si ça te fait plaisir, ne te prive pas...Si tu as envie de pleurer, ne refoule pas ton chagrin; si, par contre, tu as un moment où tu as envie de rire, ne culpabilise pas et profite un maximum des petite "bulles" de mieux-être qui se présentent.Est-ce que tu te fais aider par un(e) thérapeuthe? Si non, je ne puis que te le conseiller...Moi, après mes presque 11 mois de deuil, je me rends compte que j'ai déjà pas mal avancé, mais il y a des jours où je me sens plus mal qu'il y a deux ou trois mois. Je sais que le chemin sera encore long, mais je sais aussi que c'est par ma façon de réagir que je vais parvenir à retrouver un sens à ma vie...Même si je sais que les choses ne seront plus jamais comme avant . J'espère que tu trouveras une force insoupçonnée en toi pour continuer...avec tes deux autres enfants...
Je pense très fort à toi et je t'embrasse
Suzy