LA MENACE SUICIDAIRE DANS LE PASSE
L'exploration du passé ramène immanquablement des souvenirs spécifiques, en lien direct avec le suicide. C'est le cas de tentatives de suicide d'autrefois et ces souvenirs deviennent d'autant plus douloureux qu'ils sont compris aujourd'hui comme les prémices du drame à venir.
Combien de fois le suicide n'est-il pas l'aboutissement d'années et d'années de souffrances au sein de la famille ? On ne compte plus les hospitalisations, les visites chez les psys, les moments de crise. Il a fallu trouver l'énergie d'accompagner du mieux possible la dépression, la schizophrénie, l'alcoolisme, la dépendance à tous types de drogues. La famille elle-même peut voir son équilibre menacé par les difficultés de la personne malade ou par les conséquences de son comportement. Le stress de vivre auprès de quelqu'un d'ouvertement suicidaire pendant des mois ou des années "use" physiquement et psychologiquement.
Faut-il alors s'étonner que, parfois, au détours d'une pensée, s'élève en soi un étrange et inconfortable sentiment de ... "soulagement" ? Dès le mot prononcé, on s'en sent coupable car il parait inconcevable d'éprouver un quelconque soulagement face à la mort de quelqu'un qu'on aime ! Et pourtant ...
... De fait, le suicide peut être le point culminant (et le point d'arrêt) d'une escalade d'évènements éprouvants pour l'entourage. Il signe la fin du mal-être de la personne disparue, mais il signifie également la fin de la toxicomanie et de la souffrance collective qu'elle génère, la fin des conflits, des chantages, des querelles amères et stériles ..., la fin de l'angoisse du lendemain quand on ne savait pas, le matin, si une nouvelle catastrophe ou une nouvelle tentative de suicide n'allait pas survenir le soir même.
... On comprend dès lors combien peut être forte la culpabilité des proches à renouer avec une harmonie familiale après le suicide de l'un des leurs. Il faut bien comprendre qu'on n'est pas soulagé d'être débarrassé de cette personne en tant qu'individu, on est soulagé de ne plus être happé par le tourbillon destructeur qui l'emportait elle-même et qui a finalement eu raison de son existence. Conscient de cela, on peut plus facilement s'autoriser le soulagement, sans avoir l'impression de trahir sa mémoire.
D'après le livre de Christophe FAURE "Après le suicide d'un proche - Vivre le deuil et se reconstruire"
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