Comme je vous comprends.
J'ai découvert le manque d'adéquation de plusieurs personnes, lors du décès de mon JUMEAU.
Il y a de tout, de la phrase gentille mais maladroite, à l'énoncé consternant de brutalité (et de stupidité).
Et heureusement, il y a aussi les phrases et les gestes qui font du bien. Et souvent, ce sont les personnes qui pensent être les moins à même de vous faire du bien, celles qui sont les plus humbles, qui vous font vraiment de bien.
Je vais vous faire un petit inventaire de ce que j'ai entendu ; je viens d'avoir un signe de mon JUMEAU et mon moral est donc correct ); je vais donc essayer de vous la faire pas trop dramatique
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1) Le jour du décès, dans les 30 minutes qui suivent : une personne qui n'est pas présente lors du décès (et j'ignore qui l'en a informée) envoie un texto à une autre personne qui elle, est présente lors du décès, pour lui annoncer la nouvelle... Déjà là, si la situation n'était pas dramatique, il y aurait un petit côté ironique.
Et la personne envoie pour tout message : "P.I. a cessé de souffrir".
Je suis effondrée parce que je viens d'assister au décès d'un être on ne peut plus aimé, mais là, je ressens en même temps une grande colère et je suis choquée: j'ai envie d'appeler la personne et de lui crier :"Espèce de tanche! P.I. s'est battu durant tous ces mois, il a été debout malgré le cancer durant tous ces mois, présent pour ses proches (et pour tant d'autres), ACTIF jusqu'à ses derniers jours, et tout ce que tu as à dire de lui, c'est qu'il a" cessé de souffrir"??!!"
Avec ce genre de personnes qui ne regardent plus les gens qu'au travers de la maladie une fois que le diagnostic est tombé, tu as envie de faire dans la provoc pour les secouer! J'aurais eu envie de lui dire : Mais nonoche! Avant de "cesser de souffrir", je peux te dire que P.I a PROFITE de la vie], et, tiens, je dirais même, ma chérie, qu'au delà de tes tristes préjugés, il en a profité dans TOUTES les positions!
Et toc!
Là, j'ai réagi très fortement car il s'agit de mon proche aimé, mais de façon plus générale, je trouve que cela pose la question de notre regard. J'ai regardé mon JUMEAU de la même manière jusqu'à son dernier souffle, avec tout mon amour. Et je continue de le regarder ainsi.
Mais qu'en est-il des autres personnes?
Nous ne sommes plus au temps de la peste noire, et je trouve aussi triste que déplorable que l'on puisse avoir sur des personnes ayant un diagnostic de cancer, de Parkinson, de sclérose en plaques, etc, un regard de pitié, de peur (genre : je ne veux pas le regarder parce qu'inconsciemment, j'ai la pétoche qu'il m'arrive la même chose), de fuite devant la souffrance, et d'incompréhension devant le fait que même avec une maladie, on peut avoir des moments de pur bonheur.
2) Le très classique : "Mais vous savez, la vie continue."
Ben, oui, la vie continue, mais avez-vous idée de l'état dans lequel je suis pour continuer ma vie? Je continue pour mes enfants, et pour eux, je vis normalement mais à l'intérieur de moi, je suis pulvérisée... Comment ma vie continue t-elle avec la conscience écorchante et à chaque réveil répétée de son irréversible absence?";
Cet énoncé : "La vie continue" ne devrait pas être prononcée en cas de deuil... Déjà, c'est faux dès la base puisque que justement, il est question de la vie de quelqu'un, qui ne continue pas (en tout cas, pas ici). A défaut d'être délicatE, on peut au moins avoir une once de logique...
3) "Comment, mais tu es allée voir une médium?! Je crois pas à ce genre de chose, et ensuite, je pense que là où il est, P.I. a juste envie qu'on lui foute la paix".
Là, j'ai eu envie de répondre:
Primo, si je fais ce genre de démarche, c'est que je suis dans une détresse telle que je ne sais pas quoi faire d'autre, et ce ne sont pas ce genre de propos qui vont me remonter le moral.
Deuxio, si tu n'y crois, ben fiche -moi la paix; en revanche, je me garderai bien de t'en parler s'il y a une prochaine fois.
Tercio, mon JUMEAU n'a jamais voulu "que je lui foute la paix", parce que nous étions infiniment bien ensemble, et je ne vois pas pourquoi cela changerait "juste" parce qu'il est passé de l'autre côté.
Et finalement, le jour où il voudra que je lui foute la paix, eh ben, il me le "dira"!
Ah lalala...
Attendez, c'est pas fini, je vous ai gardé le meilleur pour la fin, la palme d'or en quelque sorte : ):
4) Quand je raconte avec des sanglots dans la voix, le combat de mon JUMEAU contre la maladie et l'injustice immense que je ressens devant le fait qu'il est mort quand même, je m'entends répondre : "Mais est- ce qu'il a eu une vie vertueuse au moins?"
Je ne vois pas dans la liste un émoticone de baffe, à ajouter à ces lignes, c'est bien dommage...
Vous imaginerez un petit Obélix saluant un soldat romain...
Je n'ai jamais répondu à ces énoncés parce que cela m'aurait coûté une énergie que je n'ai pas. Bravo donc à tous ceux et celles qui parviennent à le faire de façon, disons, éducative, malgré la douleur.
Heureusement, il y a les phrases qui font du bien, les gens qui se fichent de vous voir pleurer devant eux, parce qu'il vous aiment et c'est tout, et les belles phrases que je garderai dans mon cœur toute ma vie:
- "C'était quelqu'un de très gentil" , que la personne accompagne d'un sourire ému et plein d'empathie.
- "On est là pour toi".
- "Je me sens tellement impuissante; mais si tu as besoin de parler ou pleurer, je suis là pour toi tout le temps"
Et surtout:
- " La seule chose qui compte pour nous, c'est TOUT LE BONHEUR que tu as pu lui apporter"
Je pense fort à tous ceux et celles qui liront ces lignes, qui ont tant à m'apporter et à m'apprendre, et qui vivent la même chose.