Bonjour,
J'aimerais aborder ici une métaphore et avoir votre ressenti.
Au fils des années d'accompagnement ma vision sur le deuil et sur ce que je pouvais apporter à personne qui a perdu un être cher a évoluée.
Pendant longtemps, je me suis heurté à beaucoup d’incompréhensions de la part des personnes qui n'avaient jamais vécu de perte et qui me demandaient de leurs expliquer ma démarche et/ou ce qu'est le deuil.
Cela m’a forcé à essayer de mettre les choses au clair, tout d’abord pour moi (c'est mieux me direz-vous
) et puis pour mieux expliquer ce long processus.
Je me suis rendu compte que j’avais naturellement recourt à une image assez parlante et qui revenait aussi très souvent de la part de spécialistes qui accompagnent le deuil : celle du chemin.
J’ai d'ailleurs essayé d'en résumer l'essence dans ce petit article :
http://deuil.comemo.org/deuil-chemin-viePour récapituler la pensée que j'ai voulu partager à travers cet article, je dirais que je conçois le deuil comme « un chemin de retour vers la vie » que l'on est obligé d'emprunter, souvent à marche forcée.
Un chemin long, fatiguant, durant lequel on est balloté par les vagues, l’impression d’avancer puis de reculer, parfois même d'être complétement perdu en pleine mer.
Un chemin qui soulève beaucoup de questions, que l'on ne s’était parfois jamais posées et d'autres pour lesquelles on pensait avoir des réponses claires et structurantes qui sont finalement remise en cause.
Sur ce chemin on est amené à revoir certains fondamentaux de la vie pour réapprendre à vivre mais cette fois avec l’absence et le manque en toile de fond.
Dans ces circonstances, j'ai pris conscience qu'accompagner une personne en deuil, ce n'est pas ramer avec elle, ce serait faux et présomptueux de dire ça, car quand on est dans « sa barque », on est seul. On est seul à ramer, on est seul durant les tempêtes les plus terribles. La souffrance isole et durant le deuil on se sent seul.
Ça prend du temps d'accepter cette impuissance à ne pas pouvoir "ramer" avec l'autre.
Pourtant, accompagner reste essentiel, je conçois désormais mon rôle, celui des accompagnants et celui de chaque membre du forum, plus comme celui d'un marin ou d'un garde côte qui habite un phare au loin pour éclairer la rive de la vie. Même si bien sûr j'aimerais faire plus, c'est tout ce que l'on peut faire et c'est finalement déjà pas si mal.
Être une présence dans un phare, une lumière à l'horizon, rassurante, qui donne une direction, des repères. Voilà ce que chaque témoignage sur le forum peut offrir à celles et ceux qui ont perdu de vue la rive de la vie. Il n’y a bien sûr, pas un seul chemin de deuil mais cette rive est étendue et je suis persuadé que nous avons tous les ressources en nous pour un jour ou l'autre réussir à l’accoster de nouveau, chacun à manière.
Voilà, c'était un peu ma perception de ce processus aujourd'hui, j'imagine que cela va encore évoluer. Tout cela pour dire que j'aimerais avoir votre ressenti sur cette image du chemin et surtout connaitre les images que vous utilisez pour parler de votre vécu, celles qui font le plus écho en vous.
Encore merci pour la présence et le soutien de chacun.
Chaleureusement,
Yacine