Don d'organes, don de soi ?
Malgré la souffrance qu'il induit, c'est un sujet qui mérite qu'on s'y intéresse, puisque malheureusement nous pouvons y être confrontés. Ce fut notre cas, et contrairement à beaucoup de personnes, enfin je crois, c'est une réflexion que nous avons provoquée, nous, sa famille, nos enfants et moi-même. L'équipe médicale présente ce jour semble avoir eu beaucoup de difficultés à répondre à nos questions... et désarmée face à une situation qu'elle n'avait pas initiée.
Je dois dire qu'à cet instant, au moment où notre monde s'écroulait, où les heures étaient comptées, que l'émotion était débordante, nous n'étions pas véritablement conscients des enjeux d'une telle demande, sauf un seul : faire perdurer ce que nous sentions inexorablement nous quitter, retenir d'une manière ou d'une autre celui qui nous quittait.
Cela semblait tellement correspondre à ce qu'il aurait souhaité, à cette volonté d'oubli de soi-même pour les autres …
Dans l'intensité de ce désespoir, de cette violence, ma volonté et celle de Nicolas & Pimprenelle n'ont pas été les mêmes, pas tout à fait. S'il y avait eu autrefois des discussions sur ce sujet, nous n'avions pas poussé la réflexion jusqu'au bout, ni dans les détails, comme la plupart d'entre nous qui balayions les sujets trop brûlants … Comment envisager l'innommable ?
Les circonstances et la pathologie ont décidé pour nous … cette première fois.
Nous évoquons rarement ce moment. Il reste gravé dans notre esprit, aussi crû et aussi glauque que l'était la lumière dans ce couloir d'hôpital.
Mais nous avons appris … quelques décisions, quelques désirs ont été émis depuis. Dans le chagrin, la douleur et dans la tristesse, mais « raisonnablement ».
Et c'est ce que permet cette disposition, sans jugement et en toute « connaissance » de cause. Ici nous savons que parler de la mort ne fait pas mourir …
Je pense à vous