"Accepter que ce soit moins pire"
ce n'est pas accepter...pas du tout.. je n'accepterai jamais ...
pour moi, c'est accepter de me tourner vers des choses de la vie, sans être rongée de désespoir de la laisser elle; dans le passé et le pays de la mort...
c'est consentir à vivre en équilibre entre Emmanuelle, sa mort, la peine infinie, l'absence terrible, le chagrin, les questions....et "la vie, le présent, les petites bonnes choses et les vivants", je le faisais déjà.. mais la détresse au coeur..là, je commence à savoir passer plus souplement d'une face de ma vie à l'autre...
Je ne suis pas de bon conseil, Romane, face à la peur de les oublier... elle me taraude encore...et au fond je pense qu'on nous ment en disant qu'on ne les oublie pas; bien sûr que si qu'on oublie un peu de eux-vivants...et c'est tout le drame et la douleur du travail de deuil que de réussir à les transformer en présence intérieure et en souvenirs apaisés.. je n'en suis pas là, je suis trop attachée à Elle-vivante...cette souffrance reste très vive.Je ne consens pas à la transformer en idée d'elle, en souvenir, en objet de mémoire...
Ça doit être pour ça que la couleur de mon deuil est encore si sombre...
J'ai juste consenti à accepter que ÇA soit arrivé...et je me débrouille avec ça...
Cette sensation de crever chaque heure...d’être détruite de l'intérieur, pulvérisée, explosée dans un univers dont elle avait été effacée... longtemps longtemps elle m'a épouvantée...Etonnée d’être debout , d’être sur-vivante et craignant l'effondrement .Lentement lentement les morceaux se sont recollés...la vie en moi a su me réparer un peu, même si je n'y croyais pas, même si je ne le voulais pas...