Bonjour Martine et Eva Luna,
Désolée pour le délai...j'étais à la campagne, seule avec les chevreuils , la neige et sans accès Internet. Pour la première fois depuis 4 mois, je suis sortie de ma "torpeur" et j'ai affronté l'extérieur. Je crois que ça m'a fait du bien, ce contact avec la nature et ce silence. Sauf les moments où j'écoutais la musique de Florence...
@ Martine, tu parles de ta fille Mathilde, c'est le nom de ma troisième fille. Quand tu racontes les traitements, les rechutes, les espoirs perdus, j'imagine la douleur aussi pour toi de vivre cette impuissance à soulager ta fille....Florence, elle, est partie, comme ça, sans prévenir, alors qu'elle attendait dans une salle d'examen à l'hôpital. J'étais allée la rejoindre et nous nous textions des blagues quand elle a " codé"... Elle a fait une embolie pulmonaire massive, sans symptôme annonciateur. C'etait et c'est encore irréel...Comme c'était une grande voyageuse, je m'imagine qu'elle est partie et qu'elle reviendra bientôt... Je passe et repasse les photos d'elle et je ne peux imaginer que ces photos serons les denières " à vie".
L'idée de retourner au travail m'angoisse au plus haut point , je ne veux pas reprendre ma "vie d'avant" car il n'y a plus pour moi que la vie 'd'après"... celle où j'ai perdu une partie de moi-même en même temps que la légèreté de vivre... J'ai 3 autres merveilleux enfants et je suis devenue inquiète pour tout, car, plus que jamais, je sais que la mort peut frapper à tout moment, même quand on attend pour des tests banals à l'hôpital...
@ Eva Luna .Tu as raison de dire qu'on est à fleur de peau et que tout conseil venant d'une personne qui n'a pas vécu cette douleur est perçu comme une "arrogance" ....comme si on pouvait connaître cette douleur sans l'avoir vécue... Moi-même, qui ai accompagné des patients aux soins palliatifs , je répétais aux familles ce qu'il est écrit dans les livres...et je crois n'avoir pas apporté beaucoup de réconfort, au final... Car en fait, il n'y a rien à dire d'autre que ce que l'on a vécu soi-même, dans ses tripes. Il n''y a que ça de crédible. On n'en a rien à foutre des belles phrases du genre : " un jour tu seras reconnaissante de l'avoir cotoyée...bla...bla...bla..." Holà, c'est de MA FILLE qu'on parle et je ne veux par avoir à me sentir un jour reconnaissante de l'avoir cotoyée, elle n'est plus là ! Alors, Eva Luna, toi tu parles avec ton expérience de maman endeuillée, et c'est ce qui rend tes mots réconfortants. Tu es d'une grande générosité et tes mots ne sont pas futiles, bien au contraire.
Bonne soirée, je pars regarder les étoiles, qui sais... ?