Ce que j'ai envie d'hurler
Il y a tous ces regards : ceux pleins de pitié, ceux pleins de tristesse qui veulent dire « comment tu vas t’en sortir toute seule ? », il y a ceux médisants « qu’est ce que ...t’as bien pût faire pour qu’il se tue ? » il y a tous ceux qui ne me regardent pas et tourne la tête, une grande majorité, et là ça laisse la place à toutes sortes de raison : « c’est peut-être contagieux, comme la peste » « c’est surement sa faute » … il y a ceux qui attendent quelque chose de moi : « t’as des enfants, t’as pas le choix ! » « quand est ce que tu redeviens comme avant » « allez passe à autre chose, la vie continue ! », il y ceux que je dérange à parler de Guillaume, il y a ceux qui « osent » merci à eux, ils sont pas nombreux, il y a ceux qui trouvent que j’en fais pas assez, il y a ceux qui trouvent que j’en fais trop …. Et il y a moi, moi qui depuis ce matin du 22 Décembre vis une vie dont je ne veux pas, me lève chaque matin en me demandant Pourquoi ?, retarde tous les soirs le moment de me coucher dans ce grand lit froid, vide, il y a moi qui ai vu mon mari, mon amour, mon ami, mon compagnon de vie, le père de mes enfants, froid, mort, pendu à une corde tout seul dans les bois loin de chez nous, il y toutes ces nuits où je me réveilles à 1 heure du matin me demandant ce qui s’est passé dans sa tête; dans son cœur cette nuit là pour qu’il se fasse ça, qu’est ce qui a pût être plus fort que notre amour, plus fort que l’amour de ses enfants ? il y a tous ces jours où je refais l’histoire à l’envers me demandant si j’aurais pût voir quelque chose, si j’aurais pût l’en empêcher, il y a cette solitud intense, mes parents absents, ses parents destructeurs, il y a tous ces messages postés sur le forum pour vider ma tristesse, il y a les cris, les gémissements, les pleurs de nos enfants qui me déchirent le cœur quand ils réclament leur Papa
Il y a ceux qui m’ont dit « si t’as besoin appelle » et il y a moi qui n’y arrive pas : « on m'a tendu la main mais personne n'a compris que je n'avais pas la force de la saisir et qu'au lieu de me la tendre, on aurait du me la prendre ».
Il y ceux qui voudraient que je leur parles, et moi qui ne peux pas toujours, mes amis, mes vrais ont aussi perdu leur ami, la communion de douleur n’est pas toujours facile, avec certains ça va, d’autres ça bloque et d’autres m’ont tourné le dos, j’ai essayé d’aller vers des « nouveaux » pour que ça soit plus léger mais je suis consciente de ne pas pouvoir attirer l’amitié dans ma situation, j’ai gagné via le forum deux amies endeuillées très précieuses, mais me suis fait échauder auprès d’une personne précieuse à mes yeux,
Je ne sais pas si je retrouverai la paix au bout du chemin mais je sais d’avance qu’il sera long, éprouvant et périlleux, j’espère, pour mes enfants, avoir la force jour après jour de leur reconstruire un peu de douceur dans cette vie qui m’a brisée
Je n’ai pas la prétention d’avoir été ou d’être une femme parfaite sinon j’imagine qu’il serait encore là mais je l’ai aimé et l’aime encore de tout mon cœur, je lai soutenu et accompagné ces 12 années ; aujourd’hui je fais ce que je peux, je "déraille" même souvent, soyez indulgents, si vous voulez savoir ce que je ressens, imaginez la peine et l’impact sur votre vie si votre amour, votre ami, votre compagnon de vie, le père de vos enfants partait dans de telles circonstances et multipliez ça par mille , y'a de quoi perdre la raison, mais je vous souhaite de n’avoir jamais à savoir ce que je ressens ni ce que vous feriez à ma place, une douleur comme ça c’est inhumain alors la prochaine fois que vous me croiserez la tête baissée, le regard caché derrière mes lunettes noires, ne me jugez pas trop durement, je suis « juste » triste, pommée, dévastée, Guillaume était mon « étoile du berger », la nuit noire est tombée sur ma vie, je suis perdue
lapuce