"Quand l'absurde de la mort survient, l'esprit cherche des réponses et le manque de réponse est une des causes de notre souffrance . Pourrions nous dépasser cette douleur? Ne plus la subir ? Lui faire face et au final la dépasser et grandir sans s'enfermer dans un dogmatisme quelconque, et rester libres, ou le devenir?"
dis-tu Willy,
J'ai le sentiment que, comme moi, beaucoup de personnes viennent sur ce fil pour suivre ce chemin.
Personnellement cela m'apporte des respirations véritables au milieu de mon chagrin, l’espérance de pouvoir peut-être, peu à peu, dégager tout ce qui aujourd'hui encombre, terriblement, ce chemin sur lequel je m'étais déjà aventurée. dis tu Dédale.
La mort, la disparition de nos chers nous poserait il un problème si nous ne souffrions pas ?
est ce la disparition dans la mort, ou la souffrance qui en résulte qui nous arrête ...
cette souffrance, énorme douleur dans laquelle nous nous noyons, celle même qui nous submerge, nous fait boire la tasse, nous asphyxie, nous oblige un revirement sur nous même.
cette souffrance à bien une source dans laquelle elle prend vie.
Je vais développer d'un point de vue perso, par rapport à mon propre cheminement :
ce qui a nourrit ma souffrance c'est, ne plus avoir l'autre à mes côtés, ne plus le compter dans ma vie, alors je me suis retrouvée effectivement face à moi même et surtout mes démons intérieurs.
la culpabilité de ne pas avoir pu ou su la sauver. Ici il m'a fallu admettre de ne pas avoir les pleins pouvoirs sur la vie des autres, ce qui est revenue à avoir une attitude plus humble. Mais aussi à prendre du recul sur un côté exigeant de ma personnalité.
entre ce que je pense être (qui n'est qu'une construction mentale) et le ce que je suis, il y a un océan.
cette culpabilité m'a obligé à voir cette facette, et il a bien fallu que je me pardonne pour guérir de cette culpabilité, sinon elle reste nourrie et nous ressassons sans arrêt, comme un cercle vicieux.
être en paix avec soi même est un bon remède à la souffrance.
celle aussi de survivre à mon enfant (ce qui n'est pas une pensée rationnelle dans notre société).
cette pensée nourrissait aussi la culpabilité.
Je me suis mise alors beaucoup d'interdit :
Celle de ne plus vivre mais survivre, ne plus être heureuse, ne pas trouver d'épanouissement ni personnelle ni professionnelle.
Car tout cela serait anormal, anti compréhensif, anti productif pour les autres.
lors de l'enterrement même sans les mots, les regards de pitié des autres en disaient long...
prenez un papier et un crayon et notez en toute franchise tous les interdits que vous vous mettez.
Mais qui me dit que survivre à son enfant ne fait pas partie de la vie aussi ?
la pensée de la société, la société refuse la mort, surtout celle de nos enfants.
il m'a fallu me dégager de cette pensée collective et trouver une pensée alors écologique pour moi.
Pour cela j'ai du me tourner aussi vers toutes ces expériences de NDE, puis mes propres expériences mes ressentis, puis ces recherches religieuses spirituelles, j'ai rééquilibré ma notion de la vie à travers la mort.
intrinsèquement, vie et mort sont liées.
ainsi, en comprenant la mort, j'ai eu une autre conception de la vie.
la peur, aussi, grande cause de souffrance :
de ne pas être capable, de vieillir seule.
et mes peurs n'étaient pas encore et toujours un manque de confiance en moi, un manque d'estime, la peur de manquer d'amour d'argent...
celle de faire l'erreur de se projeter dans un avenir en gardant toujours de vieilles valeurs (qui sont mortes et ne sont plus validées par l'expérience de la mort)
j'ai aimé ma fille d'un amour avec un grand A inconditionnel et aussi avec un amour dépendant, j'ai fait mes projections sur elle comme tout parents. Nos enfants deviennent alors le reflet de ce que nous n'avons pas pu être ou faire....
Erreur de ma part.
Et si le rôle de ma fille avait été de me mettre face à mes croyances pour justement les travailler et les annuler

peut être était ce un contrat d'âme à âme...
puis son parcours ainsi que le mien, obligent les mémoires familiales à se réveiller.
il est bien connu qu'un dc réveille de vieilles histoires souvent enterrées bien profondément par les membres de cette même famille...
J'ai donc appris à penser par moi même et non plus selon l'éducation que j'avais reçu.
alors il a bien fallu me dégager de toutes ces croyances erronées, cela a créé de grosses vagues qui a ébranlées tout le monde autour de moi et notamment mes frères et sœurs.
je me suis libérée d'une emprise, d'une façon de se comporter, d'une façon de pensée, d'une façon d'agir...
je suis devenue l'électron libre qui n'a alors plus les mêmes attachements que ma famille.
j'ai été aidé par une émotion, la colère, mais une colère saine qui m'a permis de dire stop a ce qui ne me convenait pas.
tout part alors de moi, de mes réflexions, mes déductions et non plus des autres.
je laisse les autres lorsqu'ils ont un mode de pensée différente des miennes, c'est leur droit, mais mon droit à moi est aussi d'avoir les miennes.
en s'aimant suffisamment, nous n'avons plus besoin de nous remplir de l'amour des autres, nous pouvons alors accueillir leur amour librement.
en ayant confiance en soi, nous n'avons plus besoin du support de l'autre, de sa béquille, pour nous réaliser.
ce qui a l'avantage aussi, c'est qu'ils ne sont plus responsable de notre bonheur, de nos échecs.... c'est aussi une libération pour eux.
Nous acceptons que l'autre n'était pas là uniquement pour remplir notre petite vie, c'est impossible de demander à l'autre de nous aimer, de nous aider, de subvenir à nos manques, c'est à nous de le faire.
et c'est en comprenant tout cela que la culpabilité, la tristesse a disparue, ainsi que le manque.
ma fille comme tout nos êtres disparus prennent alors une autre place, plus véritables, plus efficaces pour nous.
Ils étaient libre de leur vie, de leur choix, avaient aussi leur vérité à comprendre, ils nous ont choisis alors pour les aider à faire des prises de conscience comme support, et non comme agisseurs de leur choix de vie.
c'est ma conception, ma compréhension de vivre la mort de l'autre.
Il y a de l'amour là dedans, et c'est un amour qui laissent libre tout le monde.