Bonsoir, pour la première fois, je me décide à demander votre aide : comment font, ou ont fait ceux qui ont vécu le même drame... pour aider leur enfant ?
Ma moitié (je sais maintenant ce que signifie être "sa moitié" car depuis je suis à moitié là et toujours avec lui) m'a quittée brutalement d'un infarctus le 7 février 2012... je ne cesse de revoir ces moments là. Je suis arrivée un peu plus tard que d'habitude vers 18h15 car il neigeait (je suis à 1km à pieds de mon travail) Il a accouru pour m'accueillir comme d'habitude et tout de suite proposé "un petit chaud". J'ai refusé pour aller chercher le chaton dans le jardin car il ne connaissait pas encore très bien la maison. Comme je regrette...
Timilou d'Amour était à la fenêtre et me demandait si je voulais qu'il vienne. Non surtout pas ! il fait très froid. Je remonte. Quand je suis arrivée à l'étage, il avait déposé mes chaussons sur le pallier et là j'ai entendu un grand boum dans la cuisine... et un grand râle. J'ai compris de suite que c'était grave. Il était coincé entre la chaise et le mur. J'ai esayé de le dégager. Il est tombé face contre terre, inerte, ne répondant pas à mes appels...Mont petit garçon qui était dans la pièce à côté est arrivé. "Vite va appeler les secours"... Il était affolé, ne savait plus le n° du samu. J'ai pris le combiné. Une personne me demandait de le retourner pour commencer un massage cardiaque le temps que le samu arrive. je n'arrivai pas à le retourner. je suis sortie dans la rue pour trouver de l'aide et ai attrapé un passant... le pauvre, je ne sais même pas qui il est. Il l'a retourné et a commencé le massage ... j'en était incapable ! Mon petit est allé pendant ce temps chercher le voisin d'en face qui a pris le relais pour le massage cardiaque. Il a ensuite pris mon garçon à part pour tenter de le rassurer et le distraire avec la télé. Le samu est arrivé. Timilou n'était toujours pas revenu à lui. Ils sont arrivés à 18h35 et ont fait plusieurs électro-chocs lui injectant un produit plusieurs fois. Ils voulaient que je sorte, mais je ne pouvais pas le laisser... Ils n'ont plus insisté. Son regard devenait un peu trouble.J'aurais voulu lui prendre la main à ce moment là mais les soignants autour de lui et le matériel m'empêchaient de l'approcher. je n'ai pas osé intervenir. J'espérai mais je savais déjà que c'était fini avant qu'ils me le disent.
Je me suis agenouillée, la tête sur sa poitrine, il respirait encore... J'ai regardé la doctoresse avec un petit espoir ! il respire encore ... oui c'est normal, c'est l'effet des médicaments qu'on lui a injectés. "Je suis désolée" m'a-t-elle dit plusieurs fois...il était 19h07. Je suis alors allée dans le salon où se trouvait mon garçon... je ne sais plus comment je lui ai dit... je crois avoir simplement dit "ils n'ont rien pu faire. Il est venu dans mes bras. On a pleuré.Il m'a dit "Pourtant j'ai été sage ce soir" Je lui ai dit que justement cela prouvait bien qu'il n'y était pour rien. Absolument pour rien. Puis ils sont venus me chercher pour les formalités. Sans me laisser de temps, ils m'ont demandé à quel organisme funéraire il devait faire appel... Une 1/2 heure après le service funéraire était là. Il voulait l'emmener de suite. J'ai refusé ... "je n'ai pas eu le temps de lui dire au revoir. j'ai encore plein de choses à lui dire". Il ne voulait pas car avec la neige, il était seul d'astreinte et ne pouvait ramener une table froide... Finalement devant mon insistance, il a accepté à condition que je laisse la fenêtre ouverte pour frigorifier la pièce. Je suis vraiment reconnaissante de ce qu'a fait cet homme. C'est un cadeau énorme. Il m'a dit qu'il passerait le lendemain matin à 9h00 et de ne rien dire au responsable qui passerait à 10h00 pour les formalités d'usage. Voilà pour les circonstances.
De son côté, mon petit homme avait appelé toutes ses connaissances pour annoncer la terrible nouvelle. Il voulait le dire à tout le monde.
Son parrain est venu pour le prendre chez lui. Il a refusé. Je lui ai expliqué que son papa allait rester toute la nuit à la maison. Il était allongé sur un matelas dans la cuisine où tout s'est passé. Que peut-être cela serait un peu impressionnat pour lui. Que j'avais des choses à lui dire. Il a tenu à rester à la maison . Il s'est allongé dans le canapé du salon situé à côté de la cuisine. Je suis restée à ses côtés et dès qu'il s'est endormi, j'ai pu aller près de mon cher aimé. Je suis restée la tête sur sa poitrine encore chaude. le chaton est venu se coucher à ses pieds... Je lui en veux parfois au chat... Sans lui je ne serai pas descendu au jardin ! et si j'avais accepté le petit "chaud" de Timilou, il n'aurait pas couru pour m'ouvrir la porte... Que de regrets, de remords ! mon Dieu... " j'ai pu rester coeur à coeur avec lui, toute la nuit. Comme j'étais bien avec lui. J'aurais voulu rester ainsi tout le temps. Puis il est devenu froid. Je lui tenais la main.
Le matin, quand mon petit s'est réveillé, il est venu dans la cuisine. Il n'a pas paru trop impressionné. je lui ai dit qu'il pouvait faire un câlin à son papa ou un bisou car son parrain allait venir le chercher et son papa serait emmené. Il lui a fait un câlin "il est froid" puis il a voulu lui couper une mèche de sa barbe (il aimait à lui tirer la barbe quand ils jouaient ensemble) il m'en a donné une mèche. Nous les avons enroulées avec du scotch à un bout et les avons rangées précieusement dans la boîte à trésors de papa.
C'est arrivé juste avant les vacances scolaires, un mardi soir. Je ne suis pas allée travailler le mercredi et dès le jeudi, je suis retournée au travail et mon garçon à l'école. J'ai parlé à la maîtresse de ce qui était arrivé. Mon garçon a demandé à ce que ses petits camarades ne soient pas avertis car il ne voulait pas de pitié. Il avait 8ans et 9mois. A cause du grand froid et de la neige, l'enterrement a eu lieu que 7 jours après : le 14 février... Quel signe d'Amour ! le bon Dieu a vraiment de l'humour... IL ME LE DISAIT SOUVENT ! et je l'entends rire d'ici ! Mon petit garçon n'a pas voulu aller à l'enterrement. Il savait que j'allais voir son papa tous les jours au funérarium. Je l'avais emmené avec moi voir le prêtre pour la cérémonie. Il avait pris une BD... mais je sais qu'il a écouté ce qui se passerait le lendemain. Au retour je lui ai dit qu'il fallait que j'aille au funérarium pour les derniers préparatifs. Il s'est assis dans le hall et puis m'a demandé à voir son papa. Il m'a avoué plus tard avoir regretté de ne pas lui avoir fait câlin plus longtemps. Heureusement que je l'ai amené avec moi !
L'enterrement a eu lieu le matin - de 8h45 (mise en bière. j'étais seule mais cela me convenait parfaitement) à 12h au cimetière où nous étions 4. Beaucoup de personnes étaient en vacances quand c'est arrivé. De plus, nous étions dans la région depuis 5 ans et n'avions pas fait de connaissance exepté le parrain de mon garçon. Le soir, le 14 février, mon petit m'a demandé d'aller au restaurant pour fêter la fête des amoureux... j'ai accepté lui disant que dorénavant ce serait pour nous la fête des gens heureux !
Nous avons passé les vacances de février à essayer de nous divertir en dehors de la maison car c'était très dur de nous retrouver seuls à la maison, et encore plus de manger car c'est mon Timilou qui faisait la cuisine et nous servait le repas ... (il était père au foyer et tenait absoluement à préparer la table et le repas !)
A l'école, tout va bien. Ils n'ont remarqué aucun changement sinon un peu plus de distraction de sa part et même ils le trouvent très enjoué et rayonnant, épanouî. Cela me fait plaisir car à la maison, il devient parfois insupportable...
Depuis la mort de son papa, mon garçon - de 9ans1/2 maintenant- reporte sa colère et sa révolte sur moi. Il devient provocateur, agressif voire violent, irrespectueux et me dit des choses terribles du style : je ne t'ai jamais aimé. J'ai toujours préféré papa. J'aurai préféré que ce soit toi qui meure. Je ne veux pas de toi. ll dit que je râte tout, ne suis capable de rien, oublie tout... Que je suis vieille... moche...
A côté de cela il a peur dès que j'ai du retard, ne veut pas se séparer de moi. J'essaie de relativiser mais par moment ses paroles très dures à entendre pour une maman et son manque de respect, ses provocations deviennent intolérables. J'en arrive à avoir des colères que je ne contrôle plus... Cela me fait peur car ce n'est pas "moi", Une fois je l'ai attrapé par le col pour le monter dans sa chambre. Hier je l'ai collé sur son lit après une bonne fessée (la 1ère depuis des années) lui disant tant que tu seras à la maison tu me respecteras. Je ne te demande pas de m'aimer, je ne peux pas te forcer mais plus jamais tu ne me manquera de respect ! J'ai senti une telle violence monter en moi. Cela m'a fait peur...
Après cela, il est venu se lover dans mes bras pour demander pardon... et la tension s'est apaisée. Il serait même plus gentil et attentionné depuis .. ? Je ne sais plus comment réagir. D'un côté j'ai la peine de le voir ainsi car il est, je pense, aussi mal que moi. Il voit un psychologue depuis ses premiers accès de violence en juillet 2012... Mais je ne vois pas de solution...Le psy me dit qu'il n'y a pas de logique et que lui demander de trouver une solution le culpabilise et me culpabilise !
Que faire alors ? Il cherche la tempête et ensuite se calme et à nouveau quand tout va bien, sans raison il me cherche jusqu'à l'explosion.
De mon côté, les forces me manquent maintenant, je me sens épuisée. Je l'aime tellement et il me fait tant de mal.
Je pensais que le temps aidant, j'accepterai davantage l'absence de mon Timilou d'amour ... mais c'est le contraire. C'est encore plus dur.
Si quelqu'un pouvait me dire comment il a fait dans cette situation pour s'en sortir et retrouver la paix et l'amour à la maison avec son enfant ?
Je suis désespérée car je ne vois pas d'issue.
Merci par avance, si déjà vous me lisez .
Tititou