Merci à toutes pour vos réponses.
La période des fêtes étant très difficile, je me suis tenue un peu à distance du forum...Mais j'ai lu chacune de vous et je suis touchée par votre volonté de continuer a m'aider, que ce soit en échangeant de simples mots de soutien ou votre propre expérience face au deuil.
Je sens que mes sentiments et mon appréhension par rapport à la disparition de mon bébé sont en train de ...changer.
Le temps qui fait son œuvre j'imagine.
Au début, je freinais des quatre fers pour ne pas vivre cette évolution. Je ne voulais pas que mon corps oublie ce que cela faisait de porter Milo, de sentir ses coups, d'être enceinte de lui. C'était comme le perdre une deuxième fois, le voir s'éloigner... Et pourtant je n'ai pas pu empêcher ces sensations de glisser lentement vers l'oubli...
J'ai fini par oublier son odeur, oublier le contact de sa peau de bébé, de son duvet brun, oublier son poids dans mes bras ou dans mon ventre... J'ai vécu, impuissante et malheureuse, ce "passage à autre chose" malgré moi.
Après ce "deuil sensoriel" , j'ai vécu cette période des fêtes comme "déconnectée" , en dehors de moi-même, me levant chaque matin avec l'impression que tout ce drame était arrivé à une autre Magali, dans une autre dimension. Cela m'arrive encore quelques matins...Depuis, je ne lutte plus contre ces changements, je me laisse porter.
J'ai compris que ne plus penser à la mort de mon fils, ce n'est pas ne plus penser à lui. Après avoir craint de perdre son souvenir, de le voir ternir avec les années...j'ai réalisé qu'il n'en serait rien, que Milo restera pour toujours mon premier né, mon premier bébé mais que - comme le disait si justement une autre mamange - il va peu à peu cesser de prendre "toute la place" dans ma vie pour trouver "sa place", dans mon coeur, dans mon esprit , dans mon histoire.
Milou
Tu as raison quand tu dis que tout cela me renvoie au deuil de ma mère.
Je ne sais pas encore sous quelle forme et avec quels symptômes (c'est un "vieux" deuil même s'il reste douloureux ) mais j'ai décidé de prendre un psy "pour moi" en plus de la psychothérapie de couple afin de mettre le doigt dessus, car j'ai besoin de comprendre comment cela influence sur ma façon de vivre la disparition de mon fils.
Avec mon conjoint nous avons passé le Nouvel An chacun de notre côté, nous en avions besoin.
Après le décès de notre enfant, il s'est mis en arrêt maladie jusqu'au 8 janvier pour rester près de moi. Je ne le remercierai jamais assez pour cela, car jusqu'à peu, j'avais un besoin viscéral de ses bras, de sa présence. Je me suis laissée porter , voire materner par lui.
Puis j'ai ressenti le besoin d'un deuil plus "intime" , de rester seule avec le souvenir de mon fils un moment. Après s'être disputés à plusieurs reprises à grands renforts de crises de larmes et d'incompréhension, nous avons creusé un peu plus loin et avons compris que l'heure n'était plus à être l'un sur l'autre. Nous restons soudés, nous restons parents de notre Milo chéri, nous nous aimons toujours bien sûr...mais nous avons l'envie de nous recentrer sur nos besoins et vivre ce deuil de façon un peu plus "personnelle".
Mon conjoint à donc fait le Nouvel An avec des amis dans son Sud natal et je suis rentrée chez nous pour le passer seule...enfin, jusqu'à ce que ma petite sœur s'invite, ce qui finalement était une bonne idée.
Merci pour tes mots Milou, je pense à toi et ton mari...Et je ne peux que reprendre tes mots "Il faut beaucoup d'amour". C'est ce qu'il me reste de plus précieux de mon petit Milo, l'amour d'une mère à son fils.... Je ne doute pas une seconde que vous vous aimiez ton mari et toi, puisses le temps rendre ta peine plus douce et faire honneur à ce que vous as unis toutes ces années.
Je t'embrasse également.
Adeline
Merci pour tes mots de mamange. J'ai lu l'histoire de Gabriel et de ton petit espoir sur l'ancien forum, ainsi que ton post plus récent sur celui-ci. Tu sais, cela m'émeut de voir que même après trois ans, il est important pour toi que son fils aie "sa place" dans votre histoire de famille et combien il peut être douloureux de constater que les gens passent à autre chose (surtout avec l'arrivée d'un nouvel enfant...Comme si cela éclipsait ce qui s'est passé, ce que nous avons ressenti, vécu et vivons toujours ! ). Avant ce Noël en famille , j'avais glissé discrètement à ma grand mère que j'amènerais une bougie pour Milo, afin qu'il nous accompagne, et que j’espérais sans trop l'avouer que le reste de ma famille aurait un petit geste en souvenir de mon fils.
Quand nous sommes arrivés chez ma tante et mon oncle pour le réveillon, le sapin était tout auréolé de bougies pour lui. C'était magnifique...et douloureux... Son nom n'est pas venu dans les conversations mais on m'a dit que j'avais le droit d'être triste ( je n'ai de toutes façons pas pu retenir mes larmes durant la soirée, surtout avec le petit garçon de mon cousin qui crapahutait entre les cadeaux du haut de ses huit mois) , ca a beaucoup compté pour moi. Je garde donc précieusement le souvenir de ce Noël, car je sais que malheureusement, des attentions comme celles-ci vont s'estomper avec le temps. Je comprends donc tout a fait ton ressentiment lors de l'anniversaire de ton espoir.
Je me permets une question... Comment as tu "su" que tu étais prête à revivre une nouvelle grossesse ? Au delà de mon envie bien réelle d'être mère à nouveau, je suis constamment en train de louvoyer entre deux état d'esprit radicalement opposés à ce sujet : La motivation inébranlable mûe par l'Espoir et la terreur sans nom alimentée par la perte de mon fils.
Qu'est-ce qui t'a fait franchir le pas ? Comment as-tu vécu cette nouvelle grossesse (9 mois c'est tellement long quand on a vécu le deuil périnatal...) ? Et l'arrivée de ta fille ?
Flavie
Oui l'image de "vague" et de "courant" n'a jamais été aussi vraie pour moi en ce moment. J'ai passé les fêtes dans le creux de la vague puis passé de longues journées à la remonter lentement...Et là, je me sens fatiguée...Mon esprit est comme ankylosé de ressasser sans cesse les mêmes souvenirs, les mêmes images...
Je vais suivre ton conseil et tester l'EMDR, je pense que cela pourrait m'aider à honorer les moments précieux que j'ai passé avec mon fils qui sont souvent supplantés par ces "flashs" des instants les plus douloureux.
Pour l'autopsie...Eh bien j'ai réussi à obtenir un rdv avant le 22 avril depuis. On m'avait dit que mes résultats d'analyse placentaire tomberaient sous un mois après l'accouchement et j'ai téléphoné au secrétariat pour expliquer que si Chef de Service réa néonat avait ces résultats en sa possession, je préférerais qu'il nous reçoive maintenant plutôt que tout nous balancer "en bloc" dans 4 mois. Trois jours plus tard, je recevais un courrier pour un rdv préliminaire aux résultats d'autopsie au 12 janvier.
Comme le dit si justement Adeline/EGA, il ne faut pas trop en attendre, ne pas se crisper sur cette date car souvent on arrive pas à pointer une raison précise à ces drames...Depuis que j'ai été entendue par le Chef de Service sur mon besoin de "savoir" je me sens soulagée, plus sereine. Bien sûr , je suis parfois saisie d'une peur panique quant à ce qu'on va nous annoncer (Et si ? Et si ?...) J'ai peur qu'on pointe une cause génétique, de basculer dans un parcours PMA...Enfin, tu dois bien connaître tout cela.
Je t'admire tu sais. A priori mon conjoint et moi n'avons aucun problème majeur pour concevoir un enfant en bonne santé (la tachycardie de Milo n'a pas de causes précises, c'est un dysfonctionnement peu courant mais bien réel qui ne s'explique pas bien médicalement) mais je n'arrive pas à écarter l'hypothèse que tout cela n'aie pas été qu'un "accident de la vie".
Comment as-tu trouvé le courage et l'espoir de continuer ? Et ton mari, comment le vit-il ? Des fois j'essaie d'imaginer la réaction de mon conjoint si on lui annonce que le "problème" vient de lui...Je ne sais pas comment j'arriverai à le soutenir suffisamment, à l'empêcher d'être consumé par la culpabilité...(déjà que j'ignore comment j'arriverai à survivre à l'annonce inverse : Et si ca venait de moi ? ) J'admire toutes ces mamanges qui doivent subir ces obstacles malgré l'épreuve infiniment douloureuse que leur a déjà infligé la vie avec la perte de leurs anges...
Comment fais-tu Flavie ? Ton mari et toi êtes tellement courageux !... J'imagine qu'il faut de la confiance, beaucoup d'amour...Je ne m'imagine pas une vie sans enfants, mes enfants...Comment trouverais-je la force de lutter si on m'annonce que "ca va être compliqué ?" (On me l'avait déjà dit avant Milo à cause de mes ovaires polykistiques et d'un petit dérèglement hormonal mais ce n'est rien comparé à un souci nécessitant un parcours PMA...D'ailleurs, il a suffit que je calcule ma date d'ovulation a l'arrachée pour que Milo apparaisse dans nos vies, au bout de seulement 5 mois d'essai "en roue libre" )
Pyrrha
Merci pour tes mots de soutien, Pyrrha
Je lis que la vie n'a pas été clémente avec toi non plus, j'en suis sincèrement désolée...Des fois , je suis révoltée de voir que la foudre frappe plusieurs au même endroit, comme si on s'acharnait à nous briser ! Tu as beaucoup de courage et je te remercie, malgré ta peine et ton malheur, de prendre le temps de venir me conseiller.
Je ne sais que peu de choses de la sophrologie, mais cela fait partie des domaines que beaucoup de mamanges pratiquent
après la perte de leurs petits voire même pour la grossesse suivante. On me parle aussi des magnétiseurs, de l'acuponcture, de domaines un peu plus obscurs pour moi comme le Yumeiho (sorte d'ostéopathie asiatique) ...J'ai un peu du mal à m'y retrouver.
C'est vrai que pour l'heure j'ai surtout soigné ma tête (mon esprit) avec le suivi psy mais je ressens également le besoin de soigner mon corps (que j'apprends peu à peu à aimer de nouveau car j'ai toujours la sensation qu'il m'a trahi a cause de mon accouchement prématuré...) Peux-tu m'en dire plus sur ces séances de sophrologie ? En quoi cela consiste-t-il ? Comment cette pratique t'a-t-elle aidé dans le deuil de ta maman ?