Bonjour,
Je m'adresse à vous afin d'exprimer un peu ici de ma tristesse et des questions qui m'habitent depuis que la chose que je craignais le plus m'est arrivée. Peut-être y trouverais-je le soutien dont j'ai besoin pour accepter la perte de mon bébé et peut-être aussi arriverais -je à envisager plus sereinement la suite...
Pour faire court, mon mari a la maladie de Steinert. C'est une maladie génétique neuromusculaire dégénérative de type myopathie, mon mari est asymptomatique pour le moment mais peut avoir de légers désagréments en vieillissant (cataracte, calvitie ...). En revanche, il a une chance sur deux de transmettre la maladie à nos enfants, et ce avec amplification. Nos enfants peuvent donc avoir des atteintes plus sévères et plus précoces, à des degrés divers et avec des symptômes variés. Bref une vraie plaie, et c'est quasi impossible de prévoir comment une personne sera atteinte en se basant seulement sur la génétique (la corrélation n'est pas stricte qu'ils disent).
Notre premier bonhomme est atteint, plus sévèrement que son père mais à priori on va vers une forme tardive(symptômes vers 50 ans) et pas forcément très grave. On a pris le risque et avons décidé de le garder. Il a 15 mois et illumine nos vies.
Or, nous avons envie d'un deuxième bébé. On s'est lancé cet été mais verdict : le DPN est revenu plutôt mauvais, notre petite louloute était encore plus atteinte et on risquait une forme classique de la maladie (dès 20-30 ans). J'ai eu une IMG vendredi 23 octobre. On l'a appelée Sasha, j'étais à presque 4 mois de grossesse mais je l'ai vue et portée et trouvée si belle, si petite et fragile ...
Je suis encore très triste, mon mari aussi. Chacun à sa façon on essaie de faire face. Cette décision fût la pire de notre vie, avec toujours la crainte de s'être trompés (et si elle avait eu une forme légère...)et les questions que pose l'IMG (comment décider que sa vie ne devait pas être vécue?) ... J'ai finalement choisi de dire à mon mari mon ressenti: S'il le voulait aussi, on garderait notre bébé car il me semblait qu'on en retirerait beaucoup de belles choses, alors que la perdre... Mais mon mari ne le sentait pas, trop de peur et de culpabilité, ce que je respecte et comprends. D'où l'IMG.
Aujourd'hui je suis triste, mon bébé me manque, j'en veux à mon corps de ne pas avoir "trié" tout seul et de m'avoir laissée y croire. L'IMG s'est bien passée mais c'était contre nature pour moi, qui ressentait un instinct de protection très fort pour cette petite que j'ai pourtant forcée à partir trop tôt. C'est dur d'être celle qui réalise les actes mettant fin à la vie qu'on porte quand c'est malgré nous, comme si on n'a pas le choix alors que c'est justement notre choix... Beaucoup de choses très contradictoires se bousculent encore dans ma tête...
Mon mari en parle moins mais est là pour moi, nous sommes bien ensemble, notre couple est solide et notre fils si précieux nous aide beaucoup. Nous espérons qu'il ne sera pas trop perturbé par tout ça, nous lui avons tout expliqué, on verra bien...
Je me questionne beaucoup pour la suite aussi : on nous propose le DPI, on a décidé d'accepter. Se pose malgré tout la question de réessayer naturellement ou pas. J'ai envie d'être mère de plusieurs enfants, mon mari aussi. Le DPI nous fait peur, l'attente me paraît impossible... Mais la peur de revivre tout ça est là. 50% de chances d'avoir un bébé en bonne santé, c'est beaucoup et peu à la fois. Comment savoir si on est assez fort pour risquer de revivre tout ça?
Voilà pour moi pour le moment, merci d'avance à ceux qui me liront.