Traversée du deuil...est-ce si long ?
J’ai perdu mon fils, il y a maintenant 6 ans et je continue à vivre au quotidien des déchirures de l’âme qui me rendent vulnérable.
Mon fils s’est suicidé, il allait avoir 20 ans.Il était probablement de personnalité limite car je dois avouer qu’il m'a fait vivre toute une gamme d’émotions (amour et trahison) avant de mettre fin à ses jours. Il n’a jamais annoncé qu’il allait mettre fin à ses jours.
Son suicide a été une immense surprise et aussi une forme de fin de mes inquiétudes.
Dans la première année du deuil, j’ai vu un psychologue. Il m’a fallu tout autant de temps avant d’accepter de mettre mon nez dans quelques livres sur le deuil et le suicide. J’ai tellement été vos livres monsieur Fauré. Ils m’ont permis une certaine forme de paix.
Quelque part, je sais qu’il n’a pas fait ce geste contre moi mais contre lui pour taire sa souffrance, son mal intérieur que je ne devinais pas. Il a laissé une lettre. C’était un garçon toujours très entouré, qui passait d’une activité à une autre, d’un party à un autre qui dépensait sans compter même l’argent des autres.
Aujourd’hui, quotidiennement je pense à lui dans le regard que je porte aux autres, dans les gestes d’un petit enfant, en regardant un vêtement de mode qu’il aurait aimé, un tatouage sur un étranger, dans le sourire d’un autre. Quotidiennement, je ressens quelque chose qui se déchire en moi. J’aimerais ne plus avoir ces souvenirs qui remontent en moi. J’aimerais ne plus rechercher mon fils dans ces foules anonymes.
Est-ce un deuil que l’on pourrait définir comme normal?
Est-ce qu’il y a un lien ou non entre ce deuil qui n’en fini pas et le non intérêt de me rechercher un compagnon de vie? Je me dis : ça ne marchera pas, trop compliqué, je suis mieux seule.
Merci