Bonsoir tout le monde et merci d'être là.
J'écris car je m'interroge beaucoup et j'aimerais l'avis de ceux qui comme moi, ont été confrontés à la mort, brutale, qui vous enlève juste la foi dans la vie.
Ma famille a toujours été un peu bancale, parce que ma mère était très dépressive, mais j'avais la chance d'être entourée petite de ma marraine, qui n'avait pas d'enfant et me chérissait tout en passant beaucoup de temps à discuter avec moi de la vie. J'avais également mes grands-parents qui étaient vraiment géniaux, et puis ma mère, qui faisait partie du paysage, même si elle ne causait que souffrance autour d'elle.
En 1995, j'avais 14 ans, ma marraine qui était pleine de joie de vivre, a commencé elle-aussi une dépression et est devenue une autre personne, internée en hopital psychiatre. Je ne suis pas allée la voir là-bas et je n'avais que très peu de nouvelles. Puis je suis partie en voyage pendant deux semaines au Canada, et le soir de mon retour, mon père est venu me chercher en m'annoncant que ma marraine avait fait une rupture d'anévrisme, et qu'elle était entre la vie et la mort à l'hopital. Je me souviens avoir pleuré toute la nuit, et prié pour qu'elle s'en sorte, mais en réalité j'avais mal compris, car elle est déja en état de mort cérébrale, et son corps était juste maintenu en vie pour le don d'organe. Voilà comment est partie, en une nuit, la personne la plus importante de mon existence.
Et je me souviens à peine de l'avoir pleurée. J'ai repris le chemin de l'école une fois la crémation passée, et on n'en a plus jamais reparlé.
Je ne comprends pas de ne rien ressentir, encore 15 ans après.C'est comme si elle n'avait jamais existé, alors qu'elle était comme ma mère, je n'y pense jamais, je ne ressens rien. Comme si tout le temps que l'on avait passé ensemble n'était qu'une illusion et qu'elle n'avait jamais été réelle.
Je ne comprends pas qu'elle ne me manque pas et je m'interroge énormément sur mon absence de réaction.
D'autant plus que ma mère est morte également, en 2005, très brutalement, d'une crise cardiaque, et que j'ai eu une réaction à peu près similaire.
Pendant 1 an je n'ai ressenti que du soulagement, et depuis je vivote, mais sans presque jamais penser à elle.
Est-ce que je suis un robot sans coeur? Est-ce que ça peut être un deuil très rapide ? Ou au contraire un mécanisme de défense ? Est-ce que je refuse de faire le deuil ? Je voudrais juste ressentir quelque chose et je ne sais pas atteindre cette partie de moi qui a vécu tous ces évènements
Si vous avez des idées, des commentaires, je vous en remercie très chaleureusement, car je n'ose jamais en parler à personne puisque personne ne comprend ce que j'ai vécu.
Courage à tout le monde.,
Dorothée